novembre 14, 2025

Control Freak – Avoir une Fourmi au Plafond

De : Shal Ngo

Avec Kelly Marie Tran, Miles Robbins, Callie Johnson, Kieu Chinh

Année : 2025

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Une conférencière motivatrice est tourmentée par une démangeaison incessante à l’arrière de sa tête.

Avis :

S’il y a bien une chose qui est assez redondante avec les films d’horreur estampillés Hulu et donc disponible sur Disney+, c’est qu’ils sont tous relativement mauvais. Parmi les nouveautés que l’on a pu se mettre sous la dent, il n’y a que Fresh qui a su sortir du lot, et pour le reste, c’était au mieux oubliable. De ce fait, à chaque fois qu’une nouvelle proposition est faite sur la plateforme de streaming, les fans de films d’horreur qui ne peuvent rien louper tremblent de peur non pas à cause du film, mais en prévision de l’histoire qu’ils vont découvrir, et du mauvais film qu’ils vont devoir se taper, par souci de complétude. Bref, dernier arrivé, Control Freak met en scène Kelly Marie Tran (que l’on a pu voir dans Star Wars Les Derniers Jedi en tant que Rose) qui a le crâne qui gratte.

Oui, le synopsis est assez léger, et on peut se demander comment le film va bien pouvoir tenir plus d’une heure quarante autour de cette simple idée. On va donc suivre Val, une conférencière en développement personnel qui a beaucoup de succès, et qui a des démangeaisons à l’arrière du crâne. A force de se gratter, elle se fait une plaie, mais sa vie bien remplie l’empêche de consulter. Jusqu’à ce qu’elle reçoive un courrier qui lui demande d’honorer sa mère. Dès lors, elle va voir sa tante, puis son père, vétéran de la guerre du Vietnam qui a sombré dans la drogue avant de devenir un moine bouddhiste. Elle découvre que sa famille cache un lourd tribut, comme si chaque membre était possédé par un parasite qui pousse à faire de mauvaises choses. Mais personne ne voit ledit monstre qui la perturbe.

« on fait face à un personnage détestable. »

Faire une transposition entre maladie mentale et une entité maléfique qui prend possession du corps, l’idée n’est pas nouvelle, mais on peut faire un nombre incalculable d’itération avec cela. Le problème quand on fait ce genre d’exercice, c’est qu’il faut peaufiner son personnage principal, qui va faire partie de tous les plans. Et c’est ce que ne parvient pas à faire Control Freak. Ici, on nous présente rapidement une jeune femme carriériste, sûre d’elle, mais qui ment à son amoureux. Lorsqu’il évoque son désir de paternité, elle pense qu’il lui parle de sa prochaine tournée de conférences. Quand il essaye de procréer, elle prend la pilule en cachette. Pire, plutôt que de dire qu’elle ne va pas bien, son égoïsme l’étouffe et elle refuse de se faire aider, par principe que personne ne peut l’aider, hormis elle-même. Bref, on fait face à un personnage détestable.

En plus de cela, les personnages secondaires sont totalement inexistants, ou alors ils rentrent dans des clichés qui sont vraiment dérangeants. On pense à cette tante marâtre qui fait les ongles, ou encore à ce père qui a décidé de vivre reclus en tant que moine bouddhiste depuis la mort de sa femme. On va découvrir que c’est un ancien de la guerre du Vietnam, ce qui l’a traumatisé, le faisant sombrer dans la drogue. Et on n’évoquera même pas le petit ami, celui qui va être lésé de longue, et qui va mettre un temps fou pour se rendre compte qu’il se fait prendre pour un con. Bref, tout ce petit monde végète autour de notre « héroïne » qui souffre en silence, jusqu’à ce qu’elle donne vie à sa maladie sous la forme d’une fourmi géante. Pourquoi ? On n’en saura jamais rien.

« rien n’est vraiment fait pour nous plonger dans une horreur viscérale »

Le film joue alors sur une sorte de malédiction familiale. Histoire de tenter de donner du poids à l’intrigue, on se retrouve avec des cachotteries au sein de la famille, notamment à ce qui concerne la mort de la mère. Le personnage principal va faire des recherches, tomber sur des documents compromettants, mais cela n’apportera pas plus d’eau au moulin. A la rigueur, ça joue un peu sur le folklore asiatique, avec notamment un esprit maléfique, mais on reste très en surface, n’allant jamais au bout du délire. On peut cependant découvrir quelques effets gores qui sont assez plaisants, voire même surprenant pour une diffusion sur une plateforme telle que Disney+. Le final se veut dantesque, et on aura même un passage assez grinçant, lorsque le personnage principal se met un doigt dans le trou qu’elle a dans la tête. C’est vraiment sale.

Mais c’est une bien maigre consolation. Certaines zones d’ombre sont vraiment trop grosses, à l’instar de ce passage où l’héroïne se bricole en une nuit une caisse en bois avec des ficelles pour se maintenir les bras écartés lorsqu’elle dort la nuit. On sera aussi très déçu par la mise en scène. Si on sent un petit budget, avec quelques décors plutôt avenants, la réalisation est très fade. On est vraiment sur quelque chose de très calibré, qui ne dépasse jamais du cadre, avec des jeux de lumière inexistants. Même la créature est dégueulasse, avec des effets numériques dépassés. De plus, on lui accorde une voix qui ne correspond pas forcément à son physique, ce qui tend à la rendre intangible. Bref, rien n’est vraiment fait pour nous plonger dans une horreur viscérale, ou graphique. Le problème, c’est que même d’un point de vue psychologique, on reste sur du tout-venant.

Au final, Control Freak est un film qui aurait pu être intéressant s’il avait eu une ambiance digne de ce nom, et certainement un réalisateur avec un peu plus de bouteille. C’est le genre de scénario que l’on peut laisser entre les mains d’un Stuart Gordon (ce qui est difficile, étant donné qu’il est décédé) ou de n’importe quel metteur (ou metteuse) en scène avec une envie de faire grincer des dents, de poser une atmosphère pesante, délétère et dérangeante. Ici, on a une histoire intéressante, mais elle baigne dans un tout-venant grisâtre, qui ne trouve son originalité que dans le maigre pont qu’elle tisse avec un autre film de la plateforme, Mr. Crocket, dont on aperçoit rapidement le dessin-animé au détour d’une scène. Bref, c’est décevant, et sans grand intérêt…

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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