avril 25, 2024

Billie Holiday – Une Affaire d’État

Titre Original : The United States Vs. Billie Holiday

De : Lee Daniels

Avec Andra Day, Trevante Rhodes, Garrett Hedlund, Leslie Jordan

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Biopic

Résumé :

Billie Holiday est sans conteste l’une des plus fascinantes icônes du jazz, mais derrière sa voix légendaire, se cache une femme dont le combat acharné pour la justice a fait d’elle la cible du plus puissant des pouvoirs…

En 1939, Billie Holiday est déjà une vedette du jazz new-yorkais quand elle entonne « Strange Fruit », un vibrant réquisitoire contre le racisme qui se démarque de son répertoire habituel. La chanson déchaîne aussitôt la controverse, et le gouvernement lui intime de cesser de la chanter. Billie refuse. Elle devient dès lors une cible à abattre.

Billie Holiday a tout fait pour atténuer ses souffrances et oublier son enfance difficile, ses choix malheureux en matière d’hommes, et la difficulté de vivre en étant une femme de couleur en Amérique. La drogue fut l’une de ses échappatoires. Le gouvernement va retourner cette faiblesse contre elle et utiliser sa dépendance aux stupéfiants pour la faire tomber. Prêt à tout, Harry Anslinger, le chef du Bureau Fédéral des Narcotiques, charge Jimmy Fletcher, un agent de couleur, d’infiltrer les cercles dans lesquels évolue la chanteuse. Mais leur plan va rencontrer un obstacle majeur : Jimmy tombe amoureux de Billie…

Avis :

Réalisateur américain, Lee Daniels a été révélé avec son deuxième film, le très joli « Precious« , film qui par la même révélait Gabourey Sidibe, excellente actrice encore trop rare. Depuis « Precious« , la carrière de Lee Daniels est en dents de scie, le cinéaste osant certaines choses, s’aventurant dans le thriller avec l’inégal et très dérangeant « Paperboy« . Le film fut un échec, ce qui ne sera pas le cas de son suivant, le très classique « Le majordome« . Alors que le film trouve son public, et qu’il ira même jusqu’aux Oscar, Lee Daniels va prendre du temps avant de revenir dans les salles, préférant le petit écran, notamment dans la production.

Après huit ans d’absence, Lee Daniels revient dans les salles pour cette fois-ci s’occuper d’une très grande figure de l’histoire de la musique, la chanteuse Billie Holiday. Deuxième biopic pour le metteur en scène américain, avec « Billie Holiday, une affaire d’état » Lee Daniels va s’intéresser plus particulièrement à l’aspect de la vie de la chanteuse, ses déboires avec le gouvernement américain. Instructif et intéressant, le nouveau Lee Daniels se pose comme un petit biopic qui fait ce qu’on lui demande, et c’est peut-être là le petit souci qu’on peut avoir avec « Billie Holiday … », car si le film demeure bien fait et intéressant, son ton bien trop classique fait qu’il n’offre aucune surprise, qu’il ne prend pas vraiment de risque et que plus largement, habille un après-midi ou une soirée, et cela s’arrête-là, ce qui est dommage, au vu de son sujet, de son personnage et de son histoire.

1939, Billie Holiday est l’une des voix montantes du jazz. À New York, elle est de celle qu’on appelle des vedettes, enfin jusqu’au moment où un soir, elle chantera « Strange fruit« , une nouvelle chanson qui se pose comme un puissant réquisitoire contre le racisme américain. La chanson qui n’a rien à voir avec le répertoire de la chanteuse, déchaîne les passions et bientôt, Billie Holiday est sommée par le gouvernement américain de cesser sur-le-champ de chanter cette chanson, ce qu’elle refuse. Cette chanson, conjuguée à ce refus, va propulser alors la chanteuse comme l’une des cibles à faire taire au plus vite. Persécutée, sous surveillance sans relâche, Billie Holiday, elle qui apparaît comme une femme forte, l’est bien moins une fois les portes fermées. Ainsi, elle se réfugie là où elle peut et notamment dans la drogue, ce qui sera une aubaine pour le FBI.

Une voix incroyable, un style sublime, un répertoire génial, un ton merveilleux, et un parcours presque glaçant, Billie Holiday est l’une des icônes inoubliables du jazz.

La vie de Billie Holiday est assurément un parcours de cinéma et pourtant peu de réalisateurs s’y sont arrêtés, hormis le bon documentaire « Billie » de James Erskine sorti en Septembre 2020, et qui abordait déjà cet aspect-là de la vie de la chanteuse. Le film de Lee Daniels a tout l’air de se poser comme le pionnier en la matière.

Lee Daniels est un réalisateur engagé qui depuis le début de sa carrière a décidé de parler de la communauté afro-américaine et au vu de la vie de la chanteuse, il était presque logique finalement que Lee Daniels s’arrête sur Billie Holiday, d’autant plus à une époque où les biopics sur des figures de la musique naissent de partout.

Très intéressant dans le portait qu’il fait de son personnage, qui est bien moins fort qu’elle ne le laisse paraître, « Billie Holiday, une affaire d’état » est un film qui nous offre ce que l’on est venu chercher. Bien tenu et joliment écrit, Lee Daniels sait de quoi il veut parler et surtout quel aspect de la vie de la chanteuse il veut mettre en avant. Le scénario que le metteur en scène tient entre ses mains est riche en détails, et il démontre bien sans jamais trop en faire comme l’horrible condition de la vie de la chanteuse, adorée et propulsée en héroïne pour certains, et haïe et cible à faire pour les autres. Abordant bien des sujets, éminemment politique, dénonçant la condition du peuple noir américain dans ces années-là, tout en faisant à la fin un parallèle avec aujourd’hui, Lee Daniels nous tient en intérêt avec le portrait de son personnage et celui de l’Amérique des années 40/50. Puis, derrière le portrait, les affaires de justice, derrière la drogue, les déboires, et toute la fragilité qui fait de Billie Holiday un personnage touchant, le réalisateur décrit aussi une belle histoire d’amour/amitié, qui donne un joli relief à son film.

Si le portrait est touchant, c’est aussi grâce à son actrice principale dont c’est le premier rôle et quel rôle ! Belle, superbe, magnétique, puissante, touchante, Andra Day compose une Billie Holiday parfaite et elle se pose comme une très belle découverte, ce qui nous fait dire que Lee Daniels est décidément un excellent découvreur de talents.

Face à elle, on pourrait citer Garrett Hedlund en agent du FBI détestable et intéressant, mais c’est bien Trevante Rhodes qui tient tout notre intérêt, avec un rôle complexe, qui saura lui aussi nous toucher.

Du côté de la mise en scène, Lee Daniels offre un film qui esthétiquement est superbe. Photographie, bande son, plans, cadrage, reconstitution, acting… Bref, le réalisateur livre un beau film et pourtant, « Billie Holiday, une affaire d’état« , un peu comme on le reprochait déjà à son « … majordome« , demeure un film qui manque de caractère. « Billie Holiday … » est un film qui raconte sa triste histoire sans grande surprise. Certes, c’est bien fait, bien raconté (quoi que plus de deux heures, c’est un poil trop long), mais jamais, finalement, on est transcendé par l’histoire, le personnage et le film en lui-même. Tout est là, tous les ingrédients sont réunis, et pourtant, il manque résolument quelque chose au film de Lee Daniels pour le faire s’envoler et se poser dans les biopics inoubliables.

Bien écrit, bien réalisé et tenu par une actrice terrible, ce cinquième film de Lee Daniels, qui marque son retour au cinéma, est un joli petit bout de cinéma. Un petit bout de cinéma très classique, et parfaitement comme on se l’imaginait. Lee Daniels ne prend aucun risque, et réalise le biopic type, mais pourtant malgré cela, ça n’empêchera pas son film d’être intéressant et instructif, plaisant à regarder. Ainsi donc, « Billie Holiday, une affaire d’état« , sans être essentiel ou immanquable, demeure un petit film intéressant, qui mérite qu’on s’y arrête, ne serait-ce que pour être bluffé par Andra Day, qui est vraiment la découverte de cette réouverture des salles.

Note : 13,5/20

Par Cinéted

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