
De : Julian Higgins
Avec Kevin Anthony Brooks, Ryan Caldwell, Cathy Deobler, D.C. Douglas
Année : 2008
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Deux avocats décident de pimenter un peu leurs vies. Après s’être acheté deux Harley Davidson, ils sympathisent avec deux motards. Mais ces derniers s’avèrent être très dangereux. Les deux avocats se retrouvent dans une course contre la mort en plein désert…
Avis :
On le dit souvent, mais il ne faut pas se fier aux jaquettes des DVD, car on peut tomber sur des pépites avec des pochettes dégueulasses (et cela est valable dans tous les domaines artistiques). Cependant, dans le domaine de l’horreur, on se doute bien que l’on ne va pas tomber sur des chefs-d’œuvre du septième art, notamment parce que le genre le plus produit recèle aussi des daubes intersidérales. Mais qu’on se le dise, il est parfois bon de voir de mauvais films pour vraiment apprécier les meilleurs. Rien ne prédestinait donc Poker Run à devenir un immanquable de l’horreur, ni même un petit film sympathique. Avec un tel titre et une absence totale de bouche-à-oreille depuis sa sortie en 2009, on se doutait bien que le premier film de Julian Higgins allait être très moyen, pour ne pas dire mauvais.

Pourtant, le film débute assez bien. Le réalisateur profite d’un budget riquiqui pour offrir une image crasseuse, avec du grain, et dans un environnement craspec. On y voit deux bikers complètement rétamés à la drogue, l’un rigolant devant un vieux dessin-animé avec un type à moitié mort à ses côtés, et l’autre violant une femme en la menaçant avec un gros couteau. D’entrée de jeu, le cinéaste présente ses antagonistes, qui ne dépareilleraient pas dans une famille de consanguins à la Détour Mortel ou La Colline à des Yeux. Et histoire de conclure cette introduction, l’un des deux types découpe à la tronçonneuse le pauvre bougre qui était déjà à moitié cané. On reste sur une mise en scène minimaliste, qui n’en montre pas trop, mais qui fait le choix judicieux d’être sale pour mieux peaufiner une ambiance poisseuse et dégoutante.
« tente d’apporter sa pierre à l’édifice à l’immense liste des Saw-like »
Une fois cela fait, le film se vautre alors dans une présentation anodine des quatre pauvres hères qui vont croiser la route des deux bikers pas gentils. On a deux couples, l’un plutôt stable, mais avec une femme un peu réservée, voire BCBG, et l’autre qui semble brûler la vie par les deux bouts, et dont la bougresse s’avèrera plus tard une vraie salope. Bref, les deux types achètent des Harley et décide de participer à une course qui s’appelle le Poker Run. Manque de bol, ils s’acoquinent avec les mauvaises personnes, leurs femmes se font kidnapper, et un jeu de piste est alors proposé aux deux types pour retrouver leur nana. On tombe alors dans un thriller horrifique sans âme, qui tente d’apporter sa pierre à l’édifice à l’immense liste des Saw-like, avec des épreuves sanglantes pour aboutir au lieu où se trouvent les nanas.
Et là, le film ronronne gentiment. Le schéma narratif est ultra répétitif, avec des épreuves qui consistent simplement à buter un type gênant, ou encore à couper les mains d’un trafiquant de drogues un peu trop bavard. D’un point de vue écriture, c’est très fainéant, et le film ne joue pas assez la carte horrifique. Si on alterne entre les épreuves des types et les sévices des méchants sur les filles, on reste tout de même sur une répétition jusqu’à la lie qui ne raconte pas grand-chose. Il n’y a pas de fond à ce film. Il ne critique rien, il ne se fonde sur aucun thème précis, et finalement, on se rend compte qu’on fait face à un pseudo torture-porn avec des personnages méphitiques. Que dire des filles qui sont toutes insupportables, entre la nana infidèle et l’autre qui est coincée.
« quelques effets gores pas trop mal emballés »
Ou encore les garçons qui se révèlent être plus courageux que prévu mais qui n’ont aucun background intéressant, sinon d’en présenter un qui veut bien abandonner sa femme pour arrêter cette route sanglante. Et il en va de même avec les méchants, qui sont juste des marginaux qui souhaitent se venger sur des personnes qui leur ont fait du tort. Tout est finalement assez lisse, sinon quelques effets gores pas trop mal emballés, avec une shaky cam tolérable, qui permet de donner plus de poids à certaines actions, comme ce final un peu sale. Mais là encore, on est dans le déjà-vu, et rien ne viendra nous secouer un peu, pas même le dernier plan qui est ridicule au possible, confinant le film à une comédie absurde, qui ne tient pas la route avec tout ce que l’on a vu précédemment.

Au final, Poker Run reste un mauvais film, qui peut avoir quelques fulgurances étonnantes, mais qui demeure un moment assez désagréable. Si le début semble offrir un film malade et craspec, rapidement on tombe dans un téléfilm un peu bis, qui n’arrive jamais à tenir son suspens à cause de méchants totalement abrutis et d’une écriture pataude sans âme ni relief. Bref, Poker Run reste une vilaine farce qui peut faire illusion, mais qui sombre dans les affres du film vide de sens, avec un jeune réalisateur qui tente de se faire connaître en allant vers des effets gores pas forcément adaptés.
Note : 06/20
Par AqME
