
Titre Original : DarkGame
De : Howard J. Ford
Avec Ed Westwick, Natalya Tsvetkova, Lola Ogunyemi, Rory Alexander
Année : 2024
Pays : Angleterre
Genre : Thriller, Horreur
Résumé :
Un détective se lance dans une course contre la montre pour arrêter un jeu télévisé sur le dark web, où les captifs sont forcés de s’affronter pour rester en vie.
Avis :
Au début des années 2000, James Wan va émerger de l’anonymat en proposant Saw, un thriller horrifique qui va lancer une nouvelle mode, cette des Torture-Porn. Il s’agit de films qui ont pour but de montrer des scènes de torture sans pour autant avoir un scénario probant. En règle générale, on a toujours un flic désabusé qui mène une enquête sur des disparitions, ou sur des découvertes macabres, avec des mises en scène cradingues. L’autre mode lancée par ce film concerne des thrillers, où l’accent n’est pas forcément mis sur les séquences de torture, mais plutôt sur l’enquête, et sur un voyeurisme dérangeant. Intraçable est par exemple un exemple assez probant de cette vague. Nouvel arrivé dans le genre, Dark Game va essayer de tirer son épingle du jeu en misant sur le Dark Web et la fascination des gens envers la violence gratuite.

La première chose qui frappe avec ce film, c’est la mise en scène. Derrière la caméra, on retrouve Howard J. Ford, l’un des deux frères Ford qui avait mis en boîte The Dead et The Dead 2, des films de zombies qui, à défaut d’être originaux dans leur fond, avait tout de même un enrobage assez exotique. Ici, en plongeant dans le thriller horrifique, on sent que le cinéaste n’a pas le budget escompté pour faire son long-métrage, et il va bidouiller pour rendre l’ensemble moins cheapos. Malheureusement, malgré tous les efforts déployés, on va bien voir qu’il manque de l’argent dans ce projet. Les plans sont pépères, les jeux de lumières sont minimalistes, et surtout, les incrustations sur ordinateur pour faire croire à une vidéo internet sont terriblement mauvaises. Le film n’arrive pas à insuffler une ambiance un peu délétère et morbide.
« on va aussi se retrouve avec un scénario relativement convenu. »
Outre les aspects techniques, on va aussi se retrouve avec un scénario relativement convenu. Ici, un type masqué, avec quelques acolytes, propose des jeux mortels qu’il diffuse sur le Dark Web et demande aux gens de voter la façon dont doit mourir le pauvre hère. Alerté par des disparitions étranges, un flic va mener l’enquête et prendre cela bien trop à cœur, quitte à délaisser sa femme enceinte. L’histoire, on la connait par cœur. Le flic va trop s’investir, on va apprendre qu’il a un passé violent, et il va trop se donner pour cette enquête, jusqu’à un final qui, on s’en doute, va finir en twist pour tenter de nous surprendre. Et c’est exactement ce qui va se passer. Dark Game ne recèle d’aucune surprise, et roule sur un tapis roulant sans accroc. De ce fait, il sera difficile d’accrocher son spectateur.
De plus, les personnages sont des clichés sur pattes. Le super-flic à la mine renfrogné cache un lourd secret autour de sa sœur et de sa mère, passé qui sera dévoilé au fur et à mesure de l’intrigue, histoire de lui donner un peu d’épaisseur. Mais le type tire tellement la tronche, il se la pète tellement, qu’au bout d’un moment, il prête plus à rigoler qu’autre chose. Ajoutons à cela que le rôle incombe à Ed Westwick, qui fut viré d’une série télé à cause d’un comportement d’harceleur, et la boucle est bouclée. Autour de ça, on aura les seconds rôles attendus, avec une femme flic assez forte et qui ne se laisse pas faire, un chef de la police très nerveux, ou encore un méchant masqué qui joue les psychopathes avec une joie à peine contenue. Sans oublier la victime qui s’en sortira grâce à son sang-froid.
« Dark Game essaye de pointer du doigt le voyeurisme morbide »
Et d’un point de vue graphique, le film se plante là aussi lamentablement. Le début est pourtant prometteur, avec une première mise en mort gore et qui va jusqu’au bout de son concept, tranchant la tête d’une nana à la tronçonneuse. Le manque de moyen ne permet pas forcément de faire ça en face caméra, mais on aura un résultat assez probant. Mais par la suite, le film sombre dans un ennui poli. La roulette russe, le type qui boit de la javel, ou encore le ballon prisonnier avec des barbelés, ce n’est jamais très intéressant à voir, et la tension demeure nulle, à cause de protagonistes dont on se fout royalement. Le film se fourvoie dans une direction qui se veut sadique, mais qui reste bien sage en comparaison de ce que l’on a déjà eu par le passé.
Néanmoins, on peut laisser au scénario la volonté de montrer une réalité de plus en plus visible, celle de l’impunité des réseaux sociaux, et de ces gens qui regardent des contenus violents sans se rendre de leur véracité, ou encore ceux qui jouent avec la vie des autres. Dark Game essaye de pointer du doigt le voyeurisme morbide d’une partie de la population, mais aussi le fait que des malades mentaux peuvent miser de l’argent pour voir la mort de parfaits inconnus. Il est juste triste que le film ne tire pas partie de ce fond relativement intelligent, et préfère jouer avec la mentalité de son flic, devenant un imbécile bourrin incapable de réfléchir un peu. En fait, on ne peut voir que le gâchis d’un tel film, qui avait sans doute un scénario prometteur, mais qui n’en a rien fait pour autant.

Au final, Dark Game est un film qui loupe complètement sa cible, et sombre dans un thriller sans âme et sans passion. Howard J. Ford ne semble pas convaincu de son film, au point de le rendre lisse et sans aucune identité. Les personnages ne sont pas attachants, la mise en scène est ultra lisse, les séquences de jeux pervers ne le sont qu’à moitié, et à la toute fin, on s’ennuie ferme face à un film qui aurait pu être bien mieux. Bref, un jeu peu subtil et sans grand intérêt.
Note : 07/20
Par AqME