
Avis :
Il y a des noms de groupes qui nous évoquent des souvenirs, ou tout du moins qui nous rappellent quelque chose. Cela peut venir d’une réminiscence inconnue, d’un quiproquo avec un autre nom de groupe, ou encore d’un passé lointain dont on ne se souvient plus. Et ce qui a de bien avec ça, c’est que parfois, on croit connaître un groupe, alors qu’en fait, on le découvre. C’est le cas avec les américains de Sacred Oath. Le nom semble connu, alors qu’il s’agit d’un groupe qui a été fondé en 1985, qui a sorti un album en 1987, puis qui a fait silence radio jusqu’en 2007. Mais qu’a fait Sacred Oath pendant près de vingt ans, alors même que la formation ne s’est jamais séparée, et n’a jamais annoncé le moindre hiatus ? Les réponses se trouvent peut-être dans des projets parallèles.
Si on fait rapidement quelques recherches dans les méandres du net, on découvre que le chanteur et guitariste Rob Thorne fonde en 1997 Soundscape, un groupe de Métal progressif, toujours actif, mais qui n’a fait, pour l’instant, que deux albums, un en 1997 et un autre en 2009. Là encore, le temps de latence est très long. Les raisons d’un tel écart entre deux albums peuvent aussi s’expliquer avec un line-up qui n’a fait que bouger, notamment entre bassiste et guitariste, le batteur étant présent depuis les débuts de Sacred Oath. Le groupe aura vu passer pas moins de trois bassistes et trois guitaristes, rendant alors, peut-être, la production d’albums plus compliqué. Bref, quoi qu’il en soit, les américains ne sont pas vraiment des stakhanovistes, mais depuis 2007, les albums s’enchaînent avec une moyenne de trois ans d’écart environ. Return of the Dragon est le neuvième album du groupe.
Estampillé Heavy avec des tendances Power et Thrash, Sacred Oath ne trompe pas vraiment sur sa marchandise. L’album est bon, même s’il manque clairement d’une identité propre, et on y retrouve une grande variété dans les titres. Le premier morceau, Cthulhu Wakes, reste dans une veine assez classique qui peut faire écho avec les années 80. Ce n’est pas mauvais, il y a une introduction qui pose une ambiance intéressante, et même si ça manque d’originalité, ça reste plutôt plaisant à l’écoute. Last Ride of the Wicked Dead ira chercher vers un Heavy plus léger dans ses riffs, mais avec une rythmique plus prononcée et plus rapide. Le chanteur pousse aussi un peu plus sur sa voix, donnant un bel élan énergique à l’ensemble. Quant à Return of the Dragon, on vire en plein Heavy/Power, avec un piano en guise d’introduction, et un rythme plus langoureux.

Sur ces trois premiers titres, on sent une volonté de surprendre à chaque fois, et d’user de certains artifices pour surprendre. At the Gates, par exemple, viendra frapper très fort dès l’entame, avec un rythme qui pourrait presque évoquer le Nu-Métal. Il est même dommage que le groupe s’assagisse par la suite, car le démarrage est bien lourd. Empires Fall sera plus Heavy dans la tonalité, mais on notera une petite scorie, la voix du chanteur ne colle pas vraiment avec l’agressivité des riffs durant les couplets. Cela nous sort un peu du délire, et c’est bien dommage. Heureusement, on redeviendra nostalgique avec Hammer of an Angry God qui est un pur produit des années 80. Ici, on plonge en plein Heavy old school, et si c’est maîtrisé, on reste sur notre faim d’un point de vue vocal. Ça chante juste, mais ça manque de tessitures et de puissance.
En abordant The Next Pharaoh, on pourrait croire à une ambiance égyptienne qui va se mettre en place, mais elle ne tiendra pas longtemps, pour aller ensuite vers quelque chose de plus classique et qui manque d’originalité. Tout comme Primeval, qui veut être un morceau tribal, mais qui n’embrasse cela que sur sa conclusion, avec des tambours et des chants aborigènes. Le titre n’est pas désagréable, mais on a le sentiment qu’il n’ose pas aller plus loin de peur de sortir de sa zone de confort. Into the Drink sera un titre plus faible que les autres. La rythmique est véloce, les riffs sont lourds, mais les solos sont trop aigus, et globalement, le titre manque de mélodie. Enfin, Root of All Evil sera un morceau plus complet et puissant, qui donnera bien envie de retourner faire un tour de manège.
Au final, Return of the Dragon, le dernier album en date de Sacred Oath (qui date tout de même de 2021), est un effort agréable à l’écoute, et permet de découvrir un groupe qui se sert de l’ancien pour faire du neuf. Certes, ce n’est pas non plus la panacée, mais c’est fait avec panache et envie, on sent tout l’amour du groupe dans ce projet, qui pêche néanmoins par une production qui manque d’envergure. Bref, les amoureux de Heavy seront ravis, et c’est déjà pas mal !
- Cthulhu Wakes
- Last Ride of the Wicked Dead
- Return of the Dragon
- At the Gates
- Empires Fall
- Hammer of an Angry God
- The Next Pharaoh
- Primeval
- Into the Drink
- Root of All Evil
Note : 14/20
Par AqME