juillet 20, 2025

Heaven Shall Burn – Heimat

Avis :

Dans l’opinion public, la musique extrême comme le métal attire plutôt les gens de droite, voire d’extrême-droite. Et il est parfois difficile de dire le contraire quand on voit que c’est quasiment la seule scène à avoir des groupes fascistes avec des paroles dégueulasses. Fort heureusement, c’est une minorité, et ce cliché tend à disparaître grâce à certains groupes qui ne cachent plus leur orientation politique, à l’instar de Napalm Death ou encore des allemands de chez Heaven Shall Burn. Depuis leur début, le groupe revendique des textes contre le racisme et le fascisme, au sein d’un Death mélodique qui a dérivé par la suite vers un Metalcore assez classique, mais toujours mélodieux. Heimat est leur dixième effort studio, et il intervient cinq ans après leur petit chef-d’œuvre qu’était Of Truth and Sacrifice, c’est dire si les attentes étaient élevées.

Le skeud débute avec Ad Arma, une introduction au violon et violoncelle, qui se veut très mélancolique. Cette entrée en matière fait aussi très cinégique, évoquant alors une bande-son d’un film épique. Cela laisse alors de la place pour War is the Father of All, un titre monumental qui dépasse les six minutes. Le morceau est impressionnant, massif, il contient des éléments symphoniques et il s’éloigne du Metalcore prisé par le groupe récemment. Ici, on est plus dans un Death Metal mélodique, avec quelques éléments qui font écho à Machine Head. Le résultat est grisant, et on regrette presque que le groupe n’ait pas choisi cette voie pour le reste de l’album, qui sera teinté de morceaux plus simples. Mais plus simple ne veut pas dire moins bien, et on va bien ressentir toutes les influences du groupe à travers les dix morceaux qui parsèment l’album.

My Revocation of Compliance n’est pas là pour tergiverser et plonge à corps perdu dans un Metalcore ultra nerveux et puissant. Les paroles sont parfaites, avec ce petit « this is the end of tolerance » et la nervosité des riffs donne une furieuse envie de se démener dans un petit pogo. Confounder ira dans le même sens, avec un début qui fait un peu plus Metal Indus. Néanmoins, la rythmique est imposante, et il est bien difficile de ne pas vouloir se battre dans le pit au son de ce titre. C’est avec Empowerment que les choses deviennent différentes. Pour le coup, les riffs sont un peu plus légers, le titre se fait un peu moins percutant, mais il en sort une mélodie plus Post-Punk qui n’est pas désagréable. Le groupe trouve le bon équilibre entre un Metalcore assez classique à la Killswitch Engage, et leur propre identité.

A Whisper From Above continue dans ce chemin un peu plus léger que d’habitude, qui est moins grandiloquent que les morceaux de l’album précédent, mais globalement, on prend énormément de plaisir à l’écoute, notamment grâce à des mélodies qui s’ancrent bien dans nos cervelets. Imminence sera alors un petit interlude qui va permettre de lancer Those Left Behind, un titre puissant et lourd qui ne fait pas dans la dentelle. Si on reste dans un Metalcore assez balisé, le groupe ne perd aucunement son énergie et cette envie de faire passer des messages au forceps. Et parfois, la violence est la seule solution pour dire ce que l’on a sur le cœur, surtout face à des fachos qui n’ont aucune réflexion, ni aucune intelligence. Ten Days in May est un morceau qui suit cette mouvance, et qui ne fait pas dans la finesse.

Et on aime ça, surtout quand le refrain est entêtant à souhait, et que l’on retrouve de petits gimmicks qui évoquent la scène Death. On parlait de Killswitch Engage précédemment, et les allemands nous gratifient d’une reprise avec Numbered Days, s’octroyant par la même occasion le featuring avec Jesse Leach, et le résultat est surpuissant, avec du chant clair, ce qui est extrêmement rare dans cet album. Par la suite, Heaven Shall Burn nous propose deux derniers morceaux plutôt réussis, mais qui restent dans une certaine zone de confort. Dora (rien à voir avec une certaine explortrice) se révèle classique et plaisant, mais sans idée novatrice. Quant à A Silent Guard, on aura des riffs moins brutaux, une ambiance plus mélancolique, mais le groupe n’en oublie pas pour autant les élans lyriques, avec de jolis chœurs. Reste alors Inter Arma pour clôturer l’ensemble, résonnant avec l’intro comme une boucle.

Au final, Heimat, le dernier album des allemands de chez Heaven Shall Burn, est un très bon effort studio. Si on est loin de la grandiloquence du double album précédent, on reste sur un opus massif, puissant, plus classique, mais maîtrisé du début à la fin, et il est certain que sur scène, ça va fonctionner du tonnerre. Bref, encore une fois, Heaven Shall Burn démontre qu’il est l’un des piliers du Metalcore moderne, et c’est très réussi.

  • Ad Arma
  • War is the Father of All
  • My Revocation of Compliance
  • Confounder
  • Empowerment
  • A Whisper From Above
  • Imminence
  • Those Left Behind
  • Ten Days in May
  • Numbered Days feat Jesse Leach
  • Dora
  • A Silent Guard
  • Inter Arma

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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