
Avis :
La fin des années 70 et le début des années 80 ont vu fleurir tout un tas de groupes américains qui ont voulu faire du Thrash Métal. Et si l’on retiendra surtout le Big Four, d’autres formations vont tenter de se faire connaître avec plus ou moins de succès. C’est le cas de Exodus, qui a des liens assez étroits avec Metallica, puisque Kirk Hammet, avant de rejoindre le groupe de James Hetfield, va produire quelques éléments pour Exodus, et c’est même lui qui va trouver le nom du groupe. Le problème avec Exodus, c’est que la formation a une vie particulièrement décousue. Actif de 1979 jusqu’en 1993, le groupe fait une première pause, avant de tenter un retour la même année, sans succès. C’est en 1997 que les américains décident de faire un comeback qui se soldera par un nouvel échec un an plus tard.
Difficile alors de créer de la cohésion, et de rassurer son public. Pour autant, Exodus ne va jamais baisser les bras, notamment grâce à la pugnacité de son batteur, Tom Hunting, seul membre originel, présent depuis 1979. Cependant, on peut se réjouir, car malgré quelques changements de line-up, Exodus est toujours début depuis 2001, et même s’il lui faut du temps pour sortir des albums, on reste constamment dans une attente fébrile. Persona Non Grata est le douzième album du groupe, et il signe aussi la dernière partition du chanteur Steve Souza, qui mettra les voiles en 2025, avant qu’un nouvel effort ne sorte. Pour le reste, on retrouve toujours Gary Holt à la guitare, ou encore Jack Gibson à la basse, ce dernier ayant rejoint le groupe en 1997. Mais au-delà des histoires du groupe, que vaut vraiment cet album ?
On commence d’entrée de jeu avec Persona Non Grata, et on va se prendre une grosse mandale dans la tronche. Le titre dure plus de sept minutes, il est mené par une main de maître, et on ressent à la fois une énergie dingue et une technique qui est affolante. Le morceau nous porte et fait étalage d’une envie de tout casser sur son passage. Même s’il aura fallu attendre sept ans avant de voir ce nouvel opus, ce premier titre est vraiment prometteur pour la suite. R.E.M.F. poursuit ensuite, se réduisant à une durée plus cadrée, mais offrant une violence qui est plus percutante, ou tout du moins plus frontale. Le groupe balance de gros riffs, la vitesse d’exécution est exceptionnelle, et il sera bien dur de ne pas headbanger. Le seul petit bémol viendra de la voix du chanteur, trop nasillarde pour vraiment être prise au sérieux.

Slipping into Madness offre un riff entêtant en diable, et le titre reste un long moment en tête avec son refrain ultra catchy. Sans doute plus mid-tempo, le morceau est le plus accessible pour les néophytes. Contrairement à Elitist qui se veut bourrin et qui ne laisse aucune seconde de répit. Et si le titre est bien, il a aussi son revers de médaille, celui d’être moins marquant que les autres morceaux. Prescribing Horror viendra combler nos attentes avec une ambiance délétère à souhait, et un refrain qui fonctionne à plein régime. Même la fin, avec ses pleurs de bébé, marche à tous les coups. The Beating Will Continue (Until Morale Improves) sera alors plus frontal, plus direct, avec une rythmique poussée à son paroxysme pour mieux nous scotcher. On y décèlera presque un côté Hardcore qui fait plaisir à l’écoute et permet au groupe de se démarquer.
The Years of Death and Dying ralentit un peu le rythme pour offrir quelque chose de plus Thrash old school, avec une volonté de laisser une belle ligné de basse. Cela contrastera avec Clickbait, un morceau rageur et surpuissant, qui nous étouffe de par sa densité. Pour nous remettre de cela (et afin de mieux nous fracasser par la suite), le groupe offre l’interlude Cosa del Pantano, avec une jolie guitare sèche. Cela permet à Lunatic-Liar-Lord de mieux nous démonter, avec un riffing imbattable et une rythmique de zinzin. Durant plus de sept minutes, il n’y a aucune place pour l’ennui ici. The Fires of Division sera un excellent titre, mais il lui manquera un peu de lumière pour vraiment nous marquer, malgré un riffing de dingue qui fait mal à la nuque. Puis enfin, Antiseed reviendra à quelque chose de plus Hardcore pour notre plus grand bonheur.
Au final, Persona Non Grata, le dernier album de Exodus, est une sacrée réussite, et un retour à un Thrash inspiré et puissant. En proposant un album long et dense, le groupe impose son savoir-faire, et démontre d’une envie folle de nous faire bouger dans tous les sens. Technique, bourrin, avançant parfois une ambiance mortifère, les américains sont impressionnants de maîtrise et d’envie, forçant alors le respect, du début à la fin.
- Persona Non Grata
- R.E.M.F.
- Slipping into Madness
- Elitist
- Prescribing Horror
- The Beat will Continue (Until Morale Improves)
- The Years of Death and Dying
- Clickbait
- Cosa del Pantano
- Lunatic-Liar-Lord
- The Fires of Division
- Antiseed
Note : 17/20
Par AqME