
Auteurs : Scott Snyder et Nick Dragotta
Editeur : Urban Comics
Genre : Super-Héros
Résumé :
Bruce Wayne ne part de rien. Il n’est pas le descendant d’un riche empire de Gotham City, il est le fils d’un professeur d’école publique qui, enfant, a vécu l’horreur inimaginable d’une fusillade, changeant à jamais la trajectoire de sa vie. Sans ressources illimitées pour le financer, sans manoir ni majordome pour s’occuper de lui, Bruce est devenu un Batman d’un genre tout à fait différent, à la fois cérébral et ultra musclé, vivant dans les quartiers les plus difficiles et les plus défavorisés de Gotham, loin de la haute société. Et alors que le gang de Black Mask sème la terreur dans la ville, il n’hésitera pas à déchainer un torrent de violence contre ses adversaires pour que le message soit clair : il y a un nouveau Batman en ville.
Avis :
A chaque nouvelle relecture du mythe de Batman, on a droit à un scénariste qui a le vent en poupe, ou tout du moins qui a un univers bien particulier. Et pour réécrire la légende du Dark Knight dans l’univers de « Absolute », c’est à Scott Snyder que l’on a fait appel. Scénariste prolifique, Scott Snyder est surtout connu pour ses réadaptations de mythes horrifiques, comme avec Severed où il revisite la figure de l’ogre, ou encore The Wake et ses sirènes. Forcément, son entrée dans le mythe de Batman n’est pas le fruit du hasard, le succès aidant, mais c’est aussi un personnage avec lequel il va pouvoir s’amuser pour l’encrer dans un décor quasi réaliste, mais en lui apportant une dimension plus humaine et plus prolétaire.

Entendez par là que ce bon vieux Bruce Wayne n’est plus un riche héritier, mais un type du peuple à qui on a retiré son père par simple acte de violence gratuite. Se voulant plus proche du peuple, ce premier tome de Absolute Batman raconte alors les débuts d’un justicier qui fait avec les moyens du bord, et qui va être découvert par un Alfred Pennyworth agent secret qui doit intervenir à Gotham à cause d’un gang hyper violent qui se nomme Les bêtes de soirée. Le récit est entrecoupé de scènes de jeunesse où l’on va découvrir la vie de Bruce Wayne avec son père, un professeur tout ce qu’il y a de plus normal, mais aussi avec ses amis, qui deviendront tous des ennemis bien connus du justicier, comme Killer Croc, le Sphinx ou encore le Pingouin.
Mais le plus important dans tout ça reste la cohérence qui réside dans l’histoire, entre ces scènes de flashback très touchantes, et les séquences du présent qui sont là pour envoyer du lourd. Bruce Wayne va à la salle, c’est une montagne de muscle, et il s’aide d’un matériel rudimentaire pour fracasser quelques crânes. Hache, crochet et piques qui sortent de la cape, tous les moyens sont bons pour se débarrasser des méchants, sans pour autant les tuer. Scott Snyder reste dans un registre connu en ce qui concerne la psyché du héros, voulant faire régner la justice, sans pour autant devenir criminel à son tour. Si les combats sont âpres, et les dessins de Nick Dragotta relativement vifs, on retiendra aussi un fond assez intelligent, qui se dévoile surtout sur la fin, avec des intentions très véhémentes de la part de Black Mask.
Car oui, le grand méchant de ce tome n’est autre que Roman Sionis, qui va se créer une petite armée de malfrats pour tuer au hasard dans Gotham, et créer ainsi le chaos alors que les élections battent leur plein. Le scénariste ne s’amuse pas uniquement avec les vilains les plus connus pour les rendre acolytes du héros, il joue aussi avec d’autres figures, comme Gordon qui devient le maire impuissant de la ville, ou encore avec le Joker, qui ne viendra qu’en filigrane au cours du récit. Quant à Black Mask, il reste un type détestable, complètement fou, dont le projet est de faire de Gotham un lieu de grande purge, promettant beaucoup d’argent à qui tue le plus. La réflexion se pose alors sur le recrutement de pauvres personnes qui n’ont d’autres solutions que de succomber à la folie pour tout simplement survivre.
On y décèle aussi bien une critique de la société actuelle, où les gens n’ont plus rien pour subvenir à leur besoin, qu’une critique politique au sein d’un système où tout un chacun peut fermer les yeux sur ce qui l’arrange, tant que cela lui permet de gagner des voix et des élections. Malgré un côté bourrin pleinement assumé, le scénario se révèle plaisant, laissant même une porte ouverte sur la fin, donnant une furieuse envie de se procurer le deuxième tome. Cependant, tout n’est pas rose non plus dans ce premier tome. On a parfois l’impression que tout ça va trop loin, notamment dans les équipements de Batman. Malgré son aspect classe moyenne, il arrive à avoir des véhicules de zinzin, et à se constituer un arsenal qui reste relativement coûteux. Et parfois, les séquences de combat vont trop loin, avec des coupures abruptes qui manquent de liant.

Au final, Absolute Batman est une sympathique relecture du mythe de Batman par Scott Snyder. Ce dernier s’amuse à rendre Bruce Wayne plus fragile dans ses comptes bancaires, mais il en fait un guerrier bodybuildé qui va en découdre avec plus fort que lui sans que cela ne soit vraiment une menace. Si le fond est relativement malin, la forme reste assez classique, malgré de nombreux flashbacks amusants, où les personnages connus de l’univers sont revus en version enfant. Néanmoins, l’envie de lire la suite se fait grandement sentir, ce qui est plutôt bon signe dans ce genre de série.
Note : 15/20
Par AqME