
D’Après une Idée de : Milind Rau
Avec Aarya, Divya Pillai, Aadukalam Naren, John Kokken
Pays : Inde
Nombre d’Episodes : 6
Genre : Horreur
Résumé :
Dans le désert de l’arrière-pays du Tamil Nadu, un citadin en détresse fait appel à trois locaux pour retrouver sa famille, que les êtres maléfiques d’un village maudit auraient enlevée. Pendant ce temps, l’héritier fou d’un empire pharmaceutique envoie une équipe de mercenaires dans ce même village pour récupérer un souvenir tombé dans l’oubli. Survivront-ils à cette nuit de terreur ?
Avis :
Quel que soit le pays, le village demeure un lieu propice à de nombreuses intrigues. Celles-ci peuvent porter sur le quotidien d’une communauté reculée ou servir de point d’ancrage pour un récit survivaliste. En raison de l’isolement, il est aisé d’étayer quelques considérations criminelles, occultistes, voire paranormales. Un tel cadre a déjà été usité à maintes reprises, souvent de manière brillante. On songe à The Wicker Man ou Twin Peaks, pour ne citer que les références les plus emblématiques. Avec The Village, on se trouve dans un registre horrifique qui rappelle quelques productions occidentales du même acabit. En effet, cette série indienne semble faire écho à Détour mortel et La Colline a des yeux.

Au cours de l’entame, l’assaut initial confirme ce constat. On se situe en pleine zone rurale, sur une route cahoteuse. D’emblée, on affiche le ton avec une attaque brutale et des exécutions gores. Celles-ci peuvent tenir à l’utilisation d’armes de mêlée, de pièges, voire à mains nues, au regard de la force surhumaine de certains ennemis. La mise en contexte se veut nerveuse et augure d’une approche abrupte, sinon bestiale. Puis le retour au présent ouvre un prétexte coutumier à de telles productions, où le providentiel raccourci se mue en une impasse qui débouche sur quelques contrées hostiles. Cette adaptation du roman graphique d’Asvin Srivatsangam et Shamik Dasgupta n’a pas la prétention d’être originale, mais de se montrer efficace dans ce qu’elle avance.
Sa proposition tient à réitérer les classiques de l’horreur, sous le prisme de la culture indienne. Contrairement à Vetâla, l’histoire n’amalgame pas le folklore local au sein de son récit. Certes, il y a bien l’évocation d’un culte porté sur une ancienne divinité. Toutefois, celui-ci reste tardif dans l’intrigue et n’a pas de grandes incidences, sauf à démontrer la folie d’un des antagonistes au travers de ses hallucinations. L’approche horrifique se révèle beaucoup plus tangible, du moins dans un premier temps. Comme avancé précédemment, on s’oriente vers un récit survivaliste qui mène de front une mission secrète de mercenaires et la quête éperdue d’un père, à la recherche de sa famille.
L’alternance des points de vue demeure équilibrée et joue de complémentarité dans la découverte progressive de Kattiyal et de ses alentours. Les mercenaires démontrent une force de frappe évidente, même s’ils ne sont pas épargnés par le danger. Pour Gautham et ses alliés, la vulnérabilité se veut davantage prégnante, car ils ne disposent que de leur courage et d’armes de fortune. Afin de mieux appréhender les enjeux et l’histoire des lieux, on a également droit à quelques rémanences du passé. Celles-ci sont l’occasion de s’attarder sur les principales thématiques du récit, comme l’exploitation des populations ouvrières ou la transmission intergénérationnelle. Ces sujets ne sont pas omniprésents, mais ils permettent d’apporter un minimum de fonds à la narration. Par la suite, l’intrigue évoque des expérimentations biologiques qui tournent à la catastrophe.
Si l’on distingue les motivations et la résultante des recherches, on reste dans des explications circonspectes sur leur déroulement, leurs effets secondaires, autres que ceux visibles sur les corps. L’ambiance change radicalement et, d’un climat inquiétant, on évolue vers un traitement expansif, voire débridé. Cela tient à ces créatures, dont l’humanité est sujette à caution. On songe aussi à ces mutants adeptes de parkour dans les arbres, à cet être qui relève davantage du démon ou à ces chiens hargneux. Au même titre que l’atmosphère générale, ce bestiaire se rapproche de celui de Resident Evil, à de nombreux égards. Preuve en est avec Vettaiyan. Tout comme le Nemesis, il s’impose par une carrure impressionnante et des capacités régénératrices qui lui confèrent une quasi-invincibilité.
À cela s’ajoute l’ingérence d’une multinationale pharmaceutique digne d’Umbrella Corporation et d’individus peu scrupuleux pour parvenir à leurs fins. Il ne s’agit pas d’une copie carbone, mais les occurrences demeurent évidentes au fil de l’intrigue. Quant au village lui-même, on découvre surtout ses souterrains, après s’être écarté du cadre forestier. À noter que la photographie aime varier les teintes pour instaurer une ambiance froide et sépulcrale avec des nuances bleutées ou verdâtres. Celles-ci côtoient des touches ocre et écarlate, soulignant le caractère infernal des lieux. On reste néanmoins plus perplexe sur la flore phosphorescente qui s’assimile davantage à des luminaires contemporains.

Au final, The Village est une série horrifique assez généreuse dans ce qu’elle propose. L’ensemble profite d’un rythme constant et d’une progression fluide pour appréhender l’histoire sous différents angles. Cela tient aux protagonistes, comme aux deux lignes narratives principales. Pour ne rien gâcher, on distingue une propension évidente à laisser s’exprimer une violence assumée et des passages gores explicites. La caractérisation est correcte, même si elle évoque certains archétypes. On demeure toutefois plus mesuré face à une intrigue qui a tendance à partir dans tous les sens et à privilégier une approche exubérante. Au demeurant, le propos reste très manichéen. Il en ressort une incursion distrayante sur la forme, mais conventionnelle, qui manque de finitions.
Note : 12/20
Par Dante