
D’Après une Idée de : John D. Payne et Patrick McKay
Avec Morfydd Clark, Markella Kavenagh, Robert Aramayo, Maxim Baldry
Pays : Etats-Unis
Nombre d’Episodes : 8
Genre : Fantasy
Résumé :
Sauron est de retour. Chassé par Galadriel, sans armée ni allié, le Seigneur des Ténèbres en devenir ne doit désormais compter que sur sa propre ruse pour retrouver ses forces et superviser la création des Anneaux de pouvoir, qui lui permettront de lier tous les peuples de la Terre du Milieu à sa sinistre volonté. Elfes et nains, orques et hommes, sorciers et Harfoots… alors que les amitiés sont mises à rude épreuve et que les royaumes commencent à se fracturer, les forces du bien luttent toujours plus vaillamment pour s’accrocher à ce qui compte le plus pour elles : la communauté…
Avis :
Faut-il réellement sacraliser Tolkien ? Voilà un début de chronique assez inattendu, mais avec la fin de la deuxième saison des anneaux de pouvoir, on a l’impression que les fans de l’auteur sont de plus en plus obtus, pour ne pas dire de mauvaise foi quant à la série d’Amazon. Le Seigneur des Anneaux est un monument de la littérature Fantasy, c’est indéniable. Et même si certains vous diront que c’est long, mou et ultra descriptif, il faut opposer à ça un univers entièrement créé, et une imagination débridée qui, aujourd’hui encore, continue de faire rêver. Et dès le départ du projet, on pouvait y déceler un frémissement de la part des fans (qui n’ont certainement pas lu les romans mais seulement vu les films de Peter Jackson) qui ont trouvé bon de pointer du doigt toutes les incohérences envers la trilogie, critiquant alors ouvertement une écriture indigne de l’auteur.

Alors déjà, n’est pas Tolkien qui veut. Mais surtout, est-ce que l’auteur a toujours tout fait tout bien ? Pour avoir lu Les Contes et Légendes inachevées, c’est tout simplement imbuvable. Et puis comme toute œuvre, prendre des libertés est presque obligatoire lorsque l’on fait une adaptation sur un autre support. Partant de ce principe, Les Anneaux de Pouvoir, se déroulant bien avant Le Seigneur des Anneaux, pouvait prendre quelques détours pour raconter la genèse des anneaux, mais aussi celles de certains personnages, comme Galadriel, Sauron, Elrond ou encore Gandalf. Et force est de constater que la première saison fut une légère déception. Non pas qu’elle fut mauvaise, mais elle fut assez longue et laborieuse, avec des épisodes trop longs, beaucoup trop de palabres, et des enjeux pas toujours clairs. Quid de cette seconde saison ?
D’entrée de jeu, les plus critiques vous diront qu’elle est incohérente avec la trilogie de Peter Jackson, que Tolkien s’est tellement retourné dans sa tombe qu’il était plus proche d’un ventilateur que d’un cadavre, ou qu’encore certains personnages prennent des décisions débiles. Pour autant, doit-on bouder notre plaisir ? Car oui, cette seconde saison est plus dynamique, plus ambitieuse en termes d’écriture et de réalisation, et surtout, elle raccroche enfin les wagons avec le récit originel. Dès le premier épisode, on sait que l’on va avoir une narration éclatée entre tous les personnages.
D’un côté, on va avoir la renaissance de Sauron, qui va se rendre chez les elfes pour commencer son projet de forgeage des anneaux. Il va alors rencontrer Galadriel, avec qui il noue des liens étroits. Cette dernière aura pour quête de rencontrer Celebrimbor, le forgeron, de lui dire de se méfier de Sauron, puis de monter une escouade pour contrer Adar et son armée d’uruks. Puis Elrond, de son côté, va prendre le commandement de l’armée elfe. On aura aussi droit aux magouilles politiques en Numenor, tout comme au voyage tortueux d’Isildur plus au Nord. Le prince Durin voit son père affaiblit par son anneau et creuser avidement la montagne. Et enfin, on aura les pérégrinations de Gandalf à la recherche de son identité, accompagné par deux hobbits naïves. Bref, cette seconde saison est riche et doit faire d’incessants allers-retours pour tout raconter.
Mais ce qui aurait pu être une faiblesse devient une force lorsque tout ce petit monde prend conscience du danger de Sauron, de son pouvoir, et des effets des anneaux sur les gens. La série est montée de telle sorte que parfois, on ne rencontre pas certains personnages, que l’on va rencontre l’épisode d’après, mais on aura une continuité, et une logique dans la trame, et dans le découpage. C’est plutôt bien fichu, et on s’ennuie beaucoup moins que dans la saison précédente. Notamment parce que les intrigues politiques sont plus fluides, surtout en Numenor, et que l’on va se focaliser sur le plan de Sauron, qui arrive à s’insérer insidieusement dans les esprits de personnages importants, comme Celebrimbor ou encore Galadriel. Un antagoniste qui prend de l’ampleur, de la puissance, et qui se construit petit à petit, dévoilant alors sa monstruosité au fil des épisodes.
L’action est aussi plus présente au sein de cette saison. Adar et son armée d’uruks sont omniprésents, permettant aux deux derniers épisodes de devenir un véritable siège, avec ce qu’il faut d’affrontements et de massacres. On aura même droit à des créatures qui créent le lien avec les films, comme les aigles géants, le troll gigantesque ou encore les ents qui font une courte apparition pour établir un léger pamphlet écologique. Si on peut pester contre certains duels qui ne sont pas forcément impressionnants, comme celui entre Galadriel et Sauron, sensé marquer le pinacle de la saison, on aura quand même notre lot de moments épiques, comme l’apparition du Balrog dans la mine de Khazad-Dûm, ou encore le jugement des Valars durant un procès au Numenor.
Et puis d’un point de vue visuel, c’est plutôt excellent. C’est vraiment très beau et on sent qu’il y a du budget. Les décors sont toujours aussi impressionnants, les costumes sont assez dingues et les effets spéciaux sont sublimes. Le seul bémol que l’on peut apporter, c’est que parfois, ça en fait de trop, notamment avec quelques ralentis qui ne servent à rien. Et on peut aussi dire que c’est une série relativement sombre, entre les nains dans la montagne, l’armée des uruks ou encore les combats de nuit, où l’on ne voit pas grand-chose. Mais ça reste tout de même un sacré travail, tirant les séries vers le haut, plutôt que vers quelque chose de plat. On essaye vraiment de s’approcher du cinéma en termes de mise en scène.

Au final, cette seconde saison des Anneaux de Pouvoir est bien supérieure à la précédente. L’ennui n’est quasiment plus de mise, il y a un côté épique qui est bien mis en avant et on retrouve enfin du liant avec l’histoire de la trilogie originelle. Certes, il y a toujours des défauts d’écriture, notamment autour de Galadriel, mais cela est noyé dans une esthétique plaisante, et une irrémédiable envie de nous replonger dans l’univers créé par Tolkien. Bref, on pourrait presque dire que la série trouve enfin son petit rythme de croisière, et on ne sera pas contre une troisième saison qui, on l’espère, clôturera l’ensemble pour ne pas faire la saison de trop.
Note : 16/20
Par AqME