De : Todd Phillips
Avec Joaquin Phoenix, Lady Gaga, Brendan Gleeson, Catherine Keener
Année : 2024
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Musical
Résumé :
A quelques jours de son procès pour les crimes commis sous les traits du Joker, Arthur Fleck rencontre le grand amour et se trouve entraîné dans une folie à deux.
Avis :
Todd Phillips est un cinéaste américain qui vient de la comédie. En effet, Todd Phillips, c’est le papa de « Very Bad Trip« , de l’idée de faire un film « Starsky et Hutch« , de « Date Limite« , ou encore « Retour à la fac » ou « Road trip« . Bref, a la vue de ce CV, rien ne le présentait à réaliser un film sur le Joker, mais c’est bien ce qu’il s’est passé, et ce premier « Joker« , sorti en 2019, a été un immense au succès aussi bien public que critique. Alors qu’il n’avait pas imaginé autant, avec ça, faire une suite devenait l’évidence de l’évidence, mais encore fallait-il faire quelque chose de plus audacieux. Comme Todd Phillips le dit lui-même « – Mais tant qu’à se lancer, nous savions qu’il nous fallait être très ambitieux et réaliser un film aussi fou et audacieux que le Joker en personne… » Mais quoi faire ? Quoi raconter ?
Phillips et son scénariste se sont donc penchés sur l’identité d’Arthur Fleck, sur sa folie, et sur sa musicalité, et petit à petit est née l’idée d’un film aussi surprenant que fou, faire de cette suite une comédie musicale. Comme on dit souvent, ça passe ou ça casse, et autant le dire de suite, cette « … Folie à deux » va en déstabiliser plus d’un.
« Innovant et troublant en même temps, audacieux, culotté. »
Emporté par des critiques exécrables, n’offrant absolument pas le film que le public avait envie de voir, je dois bien avouer que j’y suis presque allé à reculons, et ça aurait été dommage de passer à côté de ce « Joker : Folie à deux« , car si j’ai eu du mal à entrer dans le « délire », un peu comme si j’avais tellement entendu de mauvaises choses dessus que j’avais envie de le rejeter directement, finalement, cette « … Folie à deux » a réussi à me conquérir. Innovant et troublant en même temps, audacieux, culotté, et en même temps intriguant, car le film s’aventure dans la schizophrénie du personnage, si cette suite n’égale pas le premier film, elle reste néanmoins excellente.
Il y a deux ans de cela, le monde a découvert le visage du Joker, un clown effrayant qui a tué en direct à la télévision un animateur star. Depuis, Joker, enfin, Arthur Fleck, est emprisonné à l’asile d’Arkham dans l’attente de son procès. D’ailleurs, ce dernier va commencer dans quelques jours et c’est à ce moment qu’Arthur rencontre Lee, une patiente de l’asile, et il en tombe éperdument amoureux…
La plupart des gros succès au cinéma ces dernières années, notamment dans du côté des films de super-héros, ou de super-méchants, ce sont des films qui ont tendance à se ressembler, proposant bien souvent au spectateur le spectacle qu’il attend, et au-delà de ça, ce sont des films où la prise de risque est proscrite. Avec « Joker« , Todd Phillips a fait un autre choix, voulant aller explorer en profondeur un personnage. Résultat, le premier « Joker » fut un succès incroyable, se posant pourtant comme un film aux antipodes du cinéma actuel. Avec cette suite, Todd Phillips réitère et pousse même le concept plus loin, livrant un film qui va très fortement diviser. En gros, si vous vous attendiez à un « Joker 2 », qui suivrait les ornières du premier, alors passez votre chemin, ou alors préparez-vous, car « Joker : folie à deux » a décidé de bifurquer tout en continuant à creuser son personnage, choisissant d’autres sentiers.
« La comédie musicale et les chansons se posent alors comme des fantasmes. »
Comme je le disais plus haut, j’ai eu du mal dans un premier à temps à entrer dedans, car son côté musical avait du mal à me convaincre. Mais en fait, ce qui me laissait sur le côté, c’était l’idée de comédie musicale pour un film sur le Joker. Il faut donc accepter, entre guillemets, et se laisser envahir par cette histoire, ces personnages et cette rencontre. Puis une fois que l’intrigue se lance, une fois que le procès d’Arthur commence, une fois qu’Arkham est posée, finalement, cette audacieuse idée de comédie musicale trouve tout son sens, et mieux encore, elle explore merveilleusement bien son personnage. Et si le Joker n’était pas celui que l’on pense ? Si, finalement, il était plus fragile que cela, et bien moins fort que la figure, ou plutôt du poids de la figure, que le final du premier nous laissait présager ?
La comédie musicale et les chansons se posent alors comme des fantasmes pour le faire s’évader, pour le faire se mentir à lui-même, pour le faire rêver, et même voir sa vie autrement. Ce qui est aussi excellent, le film étant tout un tas de reliefs, chacun pourra y voir ce qu’il veut et l’interpréter comme il en a envie, et ça, ça emmène la perception du personnage très loin. Avec ce film, Todd Phillips est très loin de se moquer du public, c’est même tout l’inverse, il compte sur notre exigence pour comprendre ce personnage, car oui, s’il y a bien la future Harley Quinn qui est très bien tenue par Lady Gaga, « Joker : Folie à deux » est bien un film sur le Joker.
« Une mise en scène très inspirée de la part de Todd Phillips. »
De plus, ce film est un film de procès. On s’attendait à un film qui serait sur le chaos engendré par le Joker, et Todd Phillips a fait un autre choix, plaçant son intrigue dans les murs d’Arkham, dans une salle de procès, et dans des fantasmes, et ça fonctionne totalement. Le réalisateur n’offre pas ce que le public est venu chercher, il fait une autre proposition et finalement, c’est bien mieux que ce que, personnellement, j’avais envie.
À cela, on ajoutera une mise en scène très inspirée de la part de Todd Phillips, qui tout en changeant d’itinéraire arrive à faire résonner le premier « Joker » avec celui-ci. Cette suite, bien qu’elle soit une comédie musicale, s’inscrit très bien dans l’univers du premier film. Mieux encore, le film, par moment, tient de très belles scènes tout en émotion, car entre fantasme coloré et la sombre réalité, le personnage se fait touchant. On ajoutera à cela, une ambiance sombre tenue d’une main de fer, des plans de toute beauté, des séquences hallucinées, une BO terrible et des chansons qui ont du sens pour cette histoire.
Todd Phillips a donc choisi de faire un film « radical », qui propose et offre autre chose, et il peut s’entendre que ça en laisse beaucoup sur le bas-côté, mais pour ma part, après quelques « hésitations », je me suis laissé embarquer dans cette folie psychologique, dans ce portrait qui descend en profondeur dans le noirceur et la folie de son personnage (tenu encore une fois par un grand Joaquin Phoenix) et finalement, entre film de procès, comédie musicale, drame humain, portait de personnage, et même un film romantique, ce « Joker … » et sa « … Folie à deux », sans égaler le film de 2019, m’a offert bien mieux que ce que j’étais venu chercher.
Note : 16/20
Par Cinéted