avril 23, 2024

Savage Messiah – Demons

Avis :

Mélanger les genres, dans le métal, on n’aime pas trop. Et malgré la grande famille composée par tous les métalleux du monde, certains n’acceptent pas l’idée de voir du rap dans le métal, ou encore des assertions électro. Certains puristes iront même jusqu’à dire que le mélanger différents styles de métal est une hérésie. Soit on fait du Thrash, soit fait du Heavy, soit on fait du Power, mais faire une chose hybride est souvent mal perçu et c’est dommage, parce que certaines personnes un peu obtus passent à côté de groupes très intéressants. Formé en 2007 par le chanteur Dave Silver, Savage Messiah a pour but de mélanger deux genres proches, le Thrash, à travers des riffs puissants, et le Heavy, grâce à un chant clair et des solos qui déboîtent un peu grand-mère. Il en résulte un groupe étrange, mais qui a une identité propre et qui tente de s’imposer sur la scène métal depuis maintenant treize ans et cinq albums, dont Demons est le dernier né. Un bébé qui fut difficile à accoucher suite aux départs prématurés du batteur et du guitariste, partis voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Trouvant vite des remplaçants, le groupe a pu fournir onze titres pour un résultat plutôt satisfaisant.

Le skeud débute avec Virtue Signal et le moins que l’on puisse dire, c’est que le départ est tonitruant. Le batteur défonce ses fûts à grands coups de baguettes, tandis que les riffs imposent un rythme effréné et tendent vers un spectacle Thrash. Le morceau se calme alors dans les refrains, mais on aura droit à un joli solo et la voix du chanteur, tout le temps en clair, permet de s’orienter vers un Heavy classique, mais efficace. What Dreams May Come sent un peu plus le réchauffé. Le titre est assez plaisant, mais il reste très conventionnel et flirte constamment avec des effets un peu trop fleur bleue. Certes, c’est exécuté avec une certaine maestria, mais ça ne fait pas sauter au plafond et encore moins bouger les cheveux dans tous les sens. Le groupe se rattrapera alors avec Heretic in the Modern World, qui tabasse bien plus et qui délivre toute la puissance dont est capable le groupe, déboulant avec du Thrash pur jus dans les riffs, puis se laissant aller à du Heavy dans les couplets. Puissant et enivrant, il s’agit peut-être de l’un des meilleurs titres de l’album. Avec Parachute, qui est une reprise, le groupe retombe un peu dans ses travers mercantiles et livre une pièce dispensable, tout juste sympathique, mais qui est très loin des élans Thrash/Heavy que l’on attend. On navigue plutôt dans du Hard FM un peu trop factice. Under no Illusions viendra nous rassurer dans cet ascenseur émotionnel et montrant tout le talent des gratteux qui délivrent une superbe prestation dès le départ du titre.

Down and Out sera aussi un excellent titre de cet album. Très lourd dès son démarrage, le morceau se démarque des autres par une volonté de secouer les foules et de garder en fond un riff très puissant qui donne une rythmique infernale. Le refrain passe parfaitement et rentre vite en tête. Si on pourrait pester contre une certaine structure facile et redondante, cela reste très efficace. The Lights are Going Out est un poil en dessous du reste. Savage Messiah essaye de faire une sorte de ballade un peu Heavy sur les bords, mais globalement, on s’ennuie et on remarquera cela à chaque titre un peu plus mid-tempo. Pourtant, la voix du chanteur s’accommode parfaitement de ce rythme, mais rien n’y fait, on reste un peu en retrait sur ce genre d’exercice. The Bitter Truth frappe fort d’entrée de jeu, avant de se calmer sur les refrains (une marque de la part du groupe visiblement), mais le morceau se veut très nerveux, avec quelques moments qui peuvent évoquer des groupes tels que Metallica, et c’est tant mieux. Until the Shadows Fall sera le genre de titre assez typique dans un tel album, essayant de se faire plus grandiloquent, plus lent mais plus dans une ambiance marquée et cela manque d’impact et d’envie de secouer les choses. Alors certes, la formation essaye de varier les plaisirs, mais ça reste un peu trop gnangnan pour vraiment satisfaire. Rise Then Fall envoie du lourd et ne tergiverse pas, devenant un morceau assez prégnant et qui fonctionne à plein régime alors que pour clôturer son album, le groupe choisit Steal the Faith in Me et on nage dans un délire Thrash/Heavy qui synthétise à lui seul la musique que souhaite le groupe.

Au final, Demons, le dernier album en date de Savage Messiah, est plutôt une bonne surprise. Relativement varié, plutôt puissant sur certains titres et doté d’une grosse maestria technique, le groupe anglais délivre un album complet qui risque de dérouter par son aspect hybride, mais qui a son charme et tente d’imposer une vraie patte personnelle. Bref, si ce n’est pas le meilleur album dans le genre, cela reste un bel effort de la part du groupe, qui offre peut-être sa plus belle réussite à ce jour.

  • Virtue Signal
  • What Dreams May Come
  • Heretic in the Modern World
  • Parachute
  • Under no Illusions
  • Down and Out
  • The Lights are Going Out
  • The Bitter Truth
  • Until the Shadows Fall
  • Rise Then Fall
  • Steal the Faith in Me

Note: 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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