novembre 7, 2024

Myrath – Shehili

Avis :

S’il y a bien des pays où le métal n’est pas monnaie courante, c’est du côté du Maghreb et des pays du Moyen-Orient. Plus habitué à des sonorités orientales et au raï, faisant partie du folklore, le métal n’est pas vraiment bien perçu par les autorités religieuses un peu trop intolérantes. Pour autant, certains groupes ont su défier les a priori de leurs pays et s’imposer sur la scène mondiale en apportant avec eux un bagage culturel riche et varié. Ce fut le cas pour Orphaned Land par exemple, mais on peut aussi citer les tunisiens de Myrath. Fondé au début des années 2000 alors que les membres n’avaient que treize et quatorze ans, ne restant plus aujourd’hui que le membre fondateur principal et s’alliant au « meilleur » chanteur métal du pays suite à son passage dans la Star Academy Liban, le groupe a bien évolué aujourd’hui, pouvant même se targuer de faire des tournées en tête d’affiche. Avec Shehili, le groupe signe son cinquième opus et confirme son excellente réputation après une grosse tournée pour Epica et une autre avec Manigance. Une excellente réputation qui ne va faire que grandir si l’on en croit cet album fort rafraichissant, empruntant sans arrêt des sonorités arabisantes pour proposer une belle variante à un Métal Prog/Power Métal finalement assez classique, mais bien troussé et extrêmement bien produit.

Le skeud débute avec Asl, une introduction toute en arabe qui pose une ambiance chaude et très ancrée dans son pays. A partir de là, le groupe commence vraiment les hostilités avec Born to Survive. Les chœurs masculins en arabe donnent immédiatement envie de bouger les épaules, on sent que le groupe se prépare à lâcher du gros son avec une batterie qui commence à scander un rythme sourd, puis lorsque les riffs arrivent, c’est toute une osmose qui se met en place. C’est relativement pur, l’ensemble s’associe parfaitement, notamment avec les violons qui viennent temporiser les couplets et les refrains. Avec ce titre, le groupe montre qu’il a trouvé le parfait équilibre entre un métal assez conventionnel et un folklore qui fait l’identité même du groupe. Cela se retrouvera dans les Djerbouka de You’ve Lost Yourself qui annoncent une sorte d’urgence qui sera alourdit par une sirène de pompier. Le groupe calme ensuite le jeu dans les couplets avant de reprendre des riffs lourds qui suivent la voix parfaite du chanteur, qui a parfois des airs de Myles Kennedy. Quant aux refrains, ils sont plus doux, voire mélancoliques, mais ultra catchy et rentrent immédiatement en tête. Avec Dance, en gardant toujours son identité, le groupe fait quelque chose de plus léger, où ce sont les violons qui donnent la mélodie et une énergie galvanisante. Bref, c’est très réussi. Wicked Dice, qui arrive juste après, est plus dark, plus lourd au niveau des riffs et montre que le groupe peut aussi proposer des ambiances plus noires. Monster in my Closet sera le juste équilibre entre métal bien gras et moments orientaux avec djerbouka et violons qui viendront donner une ambiance très perse à ce titre pourtant assez puissant, si l’on excepte le refrain tout gentillet.

Lili Twil marque le milieu de l’album et pour cela, le groupe sort un peu de sa zone de confort. Le début est très intéressant, très aérien, avant de laisser beaucoup de place au chant, en arabe, qui se veut très touchant et d’une rare beauté. Le groupe, en faisant ceci, prouve que l’arabe est une superbe langue et qu’elle s’acclimate parfaitement au métal, lorsque celui-ci est maîtrisé et n’en fait pas des caisses. Des caisses qui viendront avec le refrain pour le rendre plus grandiloquent et d’autant plus puissant. Avec ce titre, tout s’accorde pour devenir le meilleur titre de l’album, à la fois épique et doux. No Holding Back, qui arrive juste derrière, viendra confirmer cette envie de grandiloquence, avec une construction plus épique, une orchestration qui vient renforcer le côté Prog et Power du groupe. C’est plus doux que le début de l’album du point de vue des riffs, mais ça reste puissant d’une autre manière. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de penser à du Symphony X avec ce morceau, puisque c’est le groupe préféré du leader. Stardust sera la ballade de l’album et c’est aussi le titre le moins intéressant, étrangement. Si le piano qui sert au titre est parfaitement maîtrisé, le titre demeure très conventionnel et finalement un peu générique. Mersal viendra alors redonner un coup de fouet à tout ça, avec une belle orchestration orientale qui se marie avec justesse à des riffs puissants. Le chant arabe est de retour et c’est toujours aussi bien. Avec Darkness Arise, le groupe renoue avec la lourdeur des débuts et cela fait aussi du bien. Enfin, avec Shehili, on aura un metling pot, une synthèse de tout l’album, de tout ce qui définit le groupe et ça reste du très haut niveau.

Au final, Shehili, le dernier album en date de Myrath, est une belle réussite. Si on peut regretter par moments des passages un peu trop gentillets et un métal qui s’oriente trop vers un aspect commercial, le groupe propose tout de même une galette riche et variée qui ne fait jamais de tort à l’identité même du groupe. On ressent toutes les influences de Myrath, qu’elles soient folkloriques, culturelles ou tout simplement musicales et cette ouverture d’esprit est tellement rare aujourd’hui, qu’il serait dommage de passer à côté de ce joli cadeau.

  • Asl
  • Born to Survive
  • You’ve Lost Yourself
  • Dance
  • Wicked Dice
  • Monster in my Closet
  • Lili Twil
  • No Holding Back
  • Stardust
  • Mersal
  • Darkness Arise
  • Shehili

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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