
Avis :
Il est très étonnant de voir le nombre de side-projects issus de divers membres de groupes métal tenir la route, et devenir, parfois, la formation principale de cette personne. On peut prendre pour exemple All That Remains, qui fut un projet pour le chanteur Phil LaBonte de Shadows Fall, et qui est depuis devenu son groupe principal. Mais on peut aussi évoquer la bonne vitalité d’autres projets, comme The Night Flight Orchestra. Délire de Bjorn Strid, formateur et chanteur de Soilwork, groupe de Death mélodique, The Night Flight Orchestra part dans tout autre chose, à savoir l’AOR, le Hard mélodique, un sous-genre souvent moqué, très sirupeux, voire ringard, que le frontman s’empare à bas le corps, avec un certain sens de l’autodérision. En place depuis 2007, le groupe présente son septième album avec Give Us the Moon, embrassant toujours plus son aspect cheap.
Après une introduction qui appelle tous les membres du groupe à monter dans un avion, The Night Flight Orchestra balance Stratus, et ça commence très fort. Clavier et guitares sont de sortie pour nous balancer une mélodie qui rentre immédiatement en tête. La rythmique est très dansante, et malgré un aspect très kitsch, on rentre rapidement dans le délire et on se laisse porté par le refrain qui a un aspect dansant très prononcé. De plus, on aura droit à quelques jolis solos, et l’ensemble tient rudement bien la route. On entend bien que la différence avec des groupes d’AOR « classiques », c’est qu’ici, il y a un second degré totalement assumé, sans pour autant se foutre de la gueule du genre et des formations qui officient là-dedans. Et cela se ressent sur de nombreux morceaux qui ne sont pas fait par-dessus la jambe.
La preuve en est avec Shooting Velvet et son refrain enchanteur et son atmosphère très rose bonbon. Malgré tous ces atours ringards, le titre tient la route, et il est fait avec amour du genre. Et il sera bien difficile de résister à ce petit solo qui vient nous combler. Derrière, ça enchaîne avec Like the Beating of a Heart, l’un des meilleurs morceaux de l’album, hyper entrainant, et doté d’un refrain qui rentre immédiatement dans le crâne. Même si ça peut paraître un peu kitsch, c’est fait avec talent, et un certain savoir-faire qui plait immédiatement. Et que dire de Melbourne, May I !? avec son riff imparable, son côté joyeux et ensoleillé, qui donne de suite envie de danser. On restera juste circonspect sur le solo de clavier qui est vraiment too much. Heureusement, un gros solo de guitare vient compenser cela de suite derrière.

Et histoire de reprendre une dose de kitschouille, Miraculous viendra combler toutes les attentes. Mais il est bien impossible de résister à la voix claire de Bjorn Strid, qui joue avec ses tonalités et le côté suave de sa voix. Paloma viendra ajouter une pointe de douceur, avec une montée crescendo, et surtout une énorme référence aux années 80 avec ce clavier organique si typique de ces années-là. Cosmic Tide laissera un peu plus sur le carreau. C’est peut-être le titre le plus « Rock », mais la mélodie syncopée ne fonctionne pas vraiment, et on ressent un certain ennui à son écoute. Heureusement, Give Us the Moon viendra redorer le blason du groupe, qui remet en avant son vieux clavier et sa mélodie si caractéristique. Et surtout, on retrouve un refrain dont il sera difficile de se dépêtre, à grands renforts des mots du titre.
A Paris Point of View sera l’un des meilleurs titres de l’album grâce à son côté Funk totalement assumé. C’est plein de paillettes, c’est kitsch à souhait, mais ça fonctionne, et on y prend beaucoup de plaisir. Tout comme sur Runaways qui possède de nombreux atouts, dont une mélodie qui marque et un refrain catchy. De plus, les guitares sont vraiment bien présentes, appuyant un peu le côté Rock du groupe. Way to Spend the Night sera un très agréable moment, porté par, encore une fois, un refrain qui fonctionne bien, et une mélodie entrainante et dansante. Enfin, le groupe clôture son album avec un morceau fleuve de plus de sept minutes, Stewardess, Empress, Hot Mess (and the Captain of Pain), et c’est très réussi, formant une sorte de synthèse de tout ce que l’album propose.
Au final, Give Us the Moon, le dernier album de The Night Flight Orchestra, est, comme à son habitude, un bon album. Malgré son côté cheap, son AOR appuyé et son aspect ringard assumé, le groupe arrive à fournir des morceaux entrainants, cohérents, formant un album solide, qui donne une furieuse envie de danser. Si ce n’est pas forcément le meilleur de la formation (et que l’on préfère amplement Soilwork), cette petite cour de récréation pour Bjorn Strid s’avère amusante à plus d’un titre, et file une bonne banane durant son époque, ce qui n’est pas rien à cette époque morose.
- Final Call (Intro)
- Stratus
- Shooting Velvet
- Like the Beating of a Heart
- Melbourne May I !?
- Miraculous
- Paloma
- Cosmic Tide
- Give Us the Moon
- A Paris Point of View
- Runaways
- Way to Spend the Night
- Stewardess, Empress, Hot Mess (and the Captain of Pain)
Note : 15/20
Par AqME