mai 20, 2025

The Vanishing of Ethan Carter

Résumé :

Le joueur y incarne un détective aux pouvoirs surnaturels lui permettant de voir ce qui s’est passé sur les scènes de crime. Ce dernier part à la recherche d’un jeune garçon kidnappé, espérant le sauver avant que ses ravisseurs ne commettent l’irréparable.

Avis :

Dans le domaine vidéoludique, le jeu d’aventures constitue un style à part entière. Il privilégie la qualité de la narration, voire une approche contemplative, à un rythme emporté. Le point’n click est l’une de ces incursions où l’histoire et l’atmosphère prennent le pas sur le gameplay ou la performance. Le genre comporte d’autres registres, comme le walking simulator. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’un prétexte à la passivité, mais d’un moyen pour exacerber le sentiment d’immersion au travers d’un traitement anticonformiste. En cela, The Vanishing of Ethan Carter s’avance comme une proposition qui interpelle à bien des égards.

Accompagnée de la voix off du narrateur (et protagoniste), la mise en condition est immédiate. Le long d’un chemin de fer, la découverte de la forêt est progressive. On prend le temps d’apprécier les lieux et l’instant, le tout soutenu par une bande-son remarquable dont les mélodies ne nous quitteront guère au cours de ce périple et au-delà. D’emblée, la narration suggère une évolution mesurée, prompte à quelques errances oniriques. Si l’on ne s’immisce pas dans un open world, le terrain de jeu est assez vaste. Par ailleurs, le level design exploite soigneusement les reliefs et les limites naturelles pour effacer toutes frontières virtuelles.

Certes, on a parfois tendance à se perdre ou à multiplier les détours pour distinguer une scène de crime, un accès à une nouvelle zone d’exploration. Cependant, il s’agit d’une nécessité, d’un parcours initiatique pour mieux appréhender la démarche artistique des développeurs. À l’aune des compétences et du travail de Paul Prospero, on arpente les environnements extérieurs et les bâtisses afin de découvrir Red Creek Valley et ses secrets. L’enquête nous incite à l’observation des lieux, à la recherche d’indices ou d’éléments qui permettent de progresser. Pour ce faire, un bon sens de l’orientation demeure essentiel afin de resituer sans heurts les secteurs et la manière de les rallier.

Car, comme l’un des textes d’introduction l’atteste, le présent titre ne prend pas le joueur par la main. Il le laisse tâtonner, vagabonder ou expérimenter les possibilités qui s’offrent à lui. Cela ne tient pas à une quelconque difficulté à surmonter certains passages. Bien qu’elles ne soient pas d’une complexité notable, les énigmes ne présentent aucune indication explicite quant à leur résolution. En ce qui concerne le gameplay, il autorise des interactions avec des éléments spécifiques. À l’exception du mineur errant qu’il convient d’éviter lors du parcours labyrinthique de la mine, il n’y a aucune confrontation, juste des souvenirs tenaces qui hantent les lieux.

On distingue trois grandes catégories d’énigmes. La première tient aux investigations des scènes de crime. Des déductions obtenues, il est ensuite nécessaire d’effectuer une chronologie des évènements. La seconde réside dans des mécaniques familières pour les amateurs de jeu d’aventures. À partir d’objets à glaner, il faut débloquer certains passages, actionner des dispositifs vétustes. Quant à la troisième classe, elle prend une dimension paranormale où l’on doit lever une malédiction sur une demeure ou déterminer la nature de symboles antédiluviens. À certains moments, il est aisé d’entrevoir une influence lovecraftienne au fil de l’intrigue.

De la disparition initiale aux assassinats, le caractère occulte de l’affaire prend de l’ampleur. Cela ne tient pas aux seules compétences du personnage principal, mais à l’environnement, aux faits que l’on dévoile au travers des énigmes. La découverte du récit peut se faire dans l’ordre que l’on désire, sans provoquer d’incohérences ou spolier l’ensemble de l’histoire. La résolution d’une énigme révèle ainsi certains pans de l’intrigue, sans pour autant saborder le dénouement. Conclusion qui, au demeurant, présente un retournement étonnant et bienvenu afin d’apporter une autre signification à l’aventure, sous-tendant des perspectives différentes de celles attendues.

Quant à la durée de vie, il faut compter 4 à 5 heures pour en venir à bout. Ce qui s’avère la moyenne pour ce type d’incursion et permet de préserver l’intensité de l’histoire sans la diluer dans des séquences dispensables. Une curiosité du titre est de suggérer les énigmes les plus complexes en début de parcours, tandis que les dernières se montrent simplistes. Comme à l’accoutumée pour ce genre, le niveau de rejouabilité demeure limité, du moins à court terme puisque son intérêt premier est de surmonter les puzzles afin d’apprécier le récit. L’exploration des lieux permet de décrocher sans mal les trophées de l’aventure. La plupart d’entre eux se débloquent au terme d’une énigme.

Au final, The Vanishing of Ethan Carter est un jeu d’aventures qui se distingue avant tout par la qualité de sa narration. Le titre de The Astronauts met l’accent sur une atmosphère soignée qui, en marge des conditions lugubres inhérentes aux faits, expose une certaine idée des errances de notre esprit. On apprécie l’immersion qui en découle et cette capacité à nous inviter à prendre notre temps. On se laisse porter par une direction artistique de qualité et des compositions musicales fortes, à même de magnifier l’incursion au cœur de ces reliefs montagneux, de ce cadre forestier. Bien que courte, l’expérience n’en demeure pas moins intense.

Note : 15/20

Par Dante

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