mai 20, 2025

Conan – Violence Dimension

Avis :

Quand on se lance dans l’écoute d’un groupe dont le nom est Conan, on se doute bien que ça ne va pas être de la poésie. Fondé en 2006 et s’inspirant du personnage créé par Robert E. Howard, Conan aura une vie un peu tumultueuse, avec quelques hiatus avant d’aboutir à quelque chose de stable en 2009 et de sortir son premier album en 2009. Jouant dans un Doom teinté de Stoner et de Sludge, le groupe anglais va rapidement se faire connaître via des sonorités lourdes et puissantes, ainsi que des morceaux longs. Porté par le seul membre originel Jon Davis, qui chante et s’occupe de la guitare, le groupe semble avoir pas mal de difficulté à garder un line-up stable, changeant très souvent de bassiste ou de batteur. Et sur ce nouvel album, c’est bassiste David Ryley qui vient à la rescousse.

Sixième album, mais premier à sortir sur le label Heavy Psych Sounds Records, Violence Dimension s’inscrit dans la démarche de la bande anglaise, c’est-à-dire en fournissant peu de titres, mais avec une longueur qui frise toujours avec les dix minutes, et des riffs de grattes qui sont puissants et lourds, mais parfois trop répétitifs. Très clairement, avec cet opus, on ne sort pas vraiment de la zone de confort de Conan, et c’est un peu décevant. Pas dans le sens où l’album est mauvais, bien au contraire, mais seulement parce que l’on sent que le groupe fournit le minimum syndical et se contente d’appuyer sur les cordes un peu plus fort. En atteste le premier morceau, Foeman’s Flesh, qui dépasse les neuf minutes, et propose très peu de variations. Le groupe nous assomme avec un riff brutal et lourd, qu’il va répéter jusqu’à la lie.

Le chant crié, qui semble être en arrière-plan, est plutôt intéressant dans la démarche artistique, laissant alors plus de place à la lourdeur et la puissance des instruments. Pour autant, il sera difficile de résister à l’envie de balancer sa nuque dans tous les sens. Desolation Hexx poursuit ce travail de sape avec un riff encore plus guttural que précédemment, et réussissant à être plus efficace que le premier morceau, car sa durée est moins longue. En effet, Conan peut se parer de titres très longs pour faire valoir un côté Doom/Sludge plus travaillé que la moyenne, c’est surtout sur les morceaux courts qu’il se révèle le plus efficace et le plus intéressant. Et puis cette montée en puissance sur la fin est un moment d’une rare violence, tout en restant accessible car cela joue seulement avec les guitares et la batterie.

Total Bicep rejoint le premier morceau avec une structure assez complexe et de gros riffs lourdingues, qui ne font faire que se répéter pendant neuf minutes. Si on peut y trouver des éléments de Drone Métal, on reste sur un registre Doom dans la rythmique, qui se veut assez lente. Le chant est très discret ici, le groupe s’amusant aussi à faire des titres totalement instrumentaux. Néanmoins, quand ça chante, il y a un côté Groovy qui s’en dégage, et au final, on trouve le morceau plutôt agréable, et même réussi au bout de plusieurs écoutes. Violence Dimension déboule alors, et il faudra attendre plus de deux minutes de gratouillages faciles pour avoir enfin quelque chose de plus rigoureux. Certes, l’ambiance recherchée est dingue, mais encore une fois, c’est trop long pour pleinement convaincre. Heureusement, Frozen Edges of the Wound se fait plus direct, plus virulent, et donc plus efficace.

Ce petit côté cracra apporte aussi une vraie plus-value à l’ensemble, donnant alors envie de partir en vrille dans la fosse. Warpsword est un interlude qui ne sert pas à grand-chose sinon de faire un truc brouillon et ultra violent, permettant alors à Ocean of Boiling Skin de se faire plus marquant. Là encore, le groupe retombe dans ses travers avec quelque chose de bien trop long pour totalement convaincre, et surtout, une redondance qui flirte parfois avec le foutage de gueule. Certes, c’est une marque de fabrique du groupe, mais parfois, on simplement l’impression d’être face à des feignasses qui se contentent du minimum syndical pour vendre leur album, jouant alors la carte du Doom extrême. Et on ne parle même pas de Vortexxion, présent uniquement dans la version de luxe, durant douze minutes, et répétant de façon insensée le même riff, sans une once de nuance.

Au final, Violence Dimension, le dernier album de Conan, est un bon album, on ne peut pas dire le contraire, notamment parce qu’il présente des riffs efficaces et verse dans un Doom jusqu’au boutiste qui fait plaisir à entendre dans une période où tout est un peu trop sage. Néanmoins, force est de constater que ça reste relativement répétitif et que l’ensemble manque cruellement de variations et de technique pour nous combler entièrement. Bref, il s’agit-là d’un album sympathique, mais qui ne va guère marquer notre année.

  • Foeman’s Flesh
  • Desolation Hexx
  • Total Bicep
  • Violence Dimension
  • Frozen Edges of the Wound
  • Warpsword
  • Ocean of Boiling Skin
  • Vortexxion

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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