Résumé :
Layla Hassan retrouve la Lance de Léonidas et en extrait deux ADN, ceux d’Alexios et Kassandra. Après avoir extrait la mémoire d’un des deux, elle commence à l’explorer dans l’Animus pour retrouver le Bâton d’Hermès, un des Fragments d’Eden.
Avis :
Avec Assassin’s Creed Origins, la saga phare d’Ubi Soft est parvenue à se réinventer, à se départir d’une piètre réputation minée par les bugs, les crashs et consorts. Aussi dépaysante que bienvenue, l’incursion en Égypte marquait l’amorce de la trilogie antique et de nouvelles mécaniques de gameplay. Avec une durée de vie conséquente et une histoire plaisante à suivre, il en ressortait un opus de qualité, à même de restaurer l’aura d’une franchise qui trahissait une certaine lassitude. Dans son sillage, Assassin’s Creed Odyssey a donc pour objectif de confirmer ce renouveau. Cette fois-ci, on se plonge au cœur de la Grèce antique, terreau fertile pour les manipulations politiques, guerres de territoires et récits mythologiques en tous genres. Ce qui augure d’une aventure épique, aussi généreuse qu’ambitieuse.
Le présent titre reprend peu ou prou les acquis de son prédécesseur. Cela vaut tout d’abord pour la structure du terrain de jeu, bien que celui-ci soit plus vaste. On distingue également un inventaire similaire, à quelques différences d’interface prêtes. En ce sens, les habitudes des joueurs ne sont guère bouleversées. Cet épisode est donc l’occasion de parfaire la formule et de conforter l’orientation action-RPG. Preuve en est avec une tenue et un arsenal que l’on est souvent amené à modifier, en vue d’optimiser les statistiques. Cela sans compter sur les aptitudes spéciales, à même de personnaliser les compétences guerrières.
Pour peu que l’on ait le niveau requis, les affrontements ne présentent pas de difficulté notable, même si l’on peut les aborder avec un minimum de tactiques. Comme auparavant, il est toujours possible d’opter pour une approche frontale ou plus subtile. En raison de l’environnement, on peut aussi se servir des reliefs alentour, se débarrasser d’un grand nombre d’ennemis, du moins pour ceux qui ne jouent pas la carte de l’infiltration. De ce point de vue, le jeu s’avère assez complet et s’adapte à différents styles et préférences, en matière de combats. En ce sens, on retrouve un large choix d’armes de corps-à-corps et de lancer. Pour information, la lance de Léonidas remplace la fameuse lame des Assassins. Son usage demeure néanmoins le même.
Côté histoire, l’intrigue ne recèle pas de surprises particulières, en ce qui concerne les enjeux. Toutefois, on peut apprécier la richesse contextuelle qui émane de la Grèce antique. Qu’il s’agisse de politique, de religion, de science ou de philosophie, cela se passe sur différents niveaux d’interprétation. L’ensemble demeure cohérent et représentatif de l’époque, même si certaines libertés sont prises à dessein. À ce titre, on note la présence de créatures mythologiques et autres légendes parfaitement intégrées dans ce monde. On reste ainsi dans une approche réaliste, tout en instillant une part de merveilleux inhérente à la fantasy antique. Le résultat est homogène et convaincant, car il préserve sa crédibilité, sans s’orienter outre mesure dans un registre spécifique.
En raison d’un open world vaste et d’une multitude de quêtes annexes, on peut néanmoins émettre quelques réserves quant à la narration. Cette dernière demeure diluée par l’exploration, alternant de véritables instants de fulgurance avec des passages plus apaisés, voire anecdotiques. Si l’on ne suit pas le fil rouge d’une traite, l’approche paraît inconstante. Pourtant, le récit principal est mené avec une tension évidente, eu égard à ces batailles rangées entre Spartiates et Athéniens. Cela sans oublier des confrontations qui relèvent surtout de la sphère personnelle. À noter que la caractérisation s’avère des plus soignées pour étayer un panel d’intervenants charismatiques et attachants.
En effet, Kassandra demeure l’une des protagonistes les plus marquantes de la franchise. Son tempérament, son sens de l’honneur et son inflexibilité quant à ses valeurs en font une héroïne forte. À certains égards, on songe à une personnalité similaire à Xena la guerrière. L’occurrence temporelle et son traitement n’y sont sans doute pas étrangers. À l’image d’Hérodote, Barnabas, Socrate ou Périclès, les intervenants secondaires ne sont pas en reste. De ce point de vue, la caractérisation prévaut sur l’intrigue elle-même. Loin d’être déplaisante, elle n’en demeure pas moins attendue dans ce qu’elle avance, en particulier lorsqu’il s’agit de poser les fondamentaux de la ligue des Assassins.
Quant à la durée de vie, elle s’avère conséquente. Pour boucler l’aventure principale et les missions secondaires, il faut compter 80 à 90 heures de jeu. Cela inclut aussi l’assassinat de l’ensemble des membres du culte. À cela s’ajoutent les batailles de territoires, les quêtes temporaires, les contrats, ainsi que la libération de forts et autres campements ennemis. Afin de tout découvrir et fouiller la carte dans ses moindres recoins, il est aisé de doubler la précédente estimation. On peut ainsi lorgner vers les 200 heures de jeu, davantage pour les collectionneurs de trophées. Le titre encourage à l’exploration sur la terre ferme, comme à bord de l’Adrestria. Le potentiel de rejouabilité dépend du niveau de complétude atteint dans la première partie. D’ailleurs, il est possible de préserver ses statistiques pour continuer à progresser dans l’aventure.
Au final, Assassin’s Creed Odyssey demeure un très bon opus de la franchise d’Ubi Soft, sans doute le meilleur depuis bien des années. On apprécie la cohérence de cet open world, sa capacité à immerger le joueur au cœur d’une période passionnante, à lui faire découvrir toute la richesse de cette civilisation. Pour ne rien gâcher, les mécaniques de gameplay sont rôdées et facilitent la prise en main. On peut aussi s’attarder sur la qualité de la caractérisation, ainsi qu’une belle variété dans la présentation des missions et de leurs enjeux. Certes, elles ne sont pas d’un intérêt égal, mais elles évitent toute redondance dans la manière de les exposer, d’appréhender différents pans du quotidien de l’époque. Malgré quelques maladresses en terme de rythme, il en ressort un opus entraînant et immersif. En tout état de cause, un voyage digne des récits homériques.
Note : 16/20
Par Dante