décembre 11, 2024
BD

Empires T.02 – La Compagnie du Loup Gris

Auteurs : Nicolas Jarry et Vax

Editeur : Oxymore Editions

Genre : Fantasy

Résumé :

Le vieux capitaine de la Compagnie du Loup Gris a longuement hésité quand on lui a proposé d’acheter cette gamine à moitié Aëldr’Aar, bâtarde de l’une des plus redoutables créatures d’Abîme. L’enfant maigre et à moitié sauvage pourrait s’avérer précieuse dans une troupe de Libres-Lames, mais elle pourrait également les mener au désastre, car le sang des Aëldr’Aar porte en lui une funeste malédiction…

Avis :

On le dit assez souvent lorsque l’on parle de bande-dessinée Fantasy, mais on peut remarquer un grand manque d’originalité dans le genre, surtout dans le neuvième art. Depuis l’avènement de Lanfeust, et plus globalement de l’univers de Troy, on recense beaucoup de séries qui singent un petit peu la série fétiche d’Arleston, et même si l’on retrouve quelques sagas qui lorgnent plus vers la Dark Fantasy et quelque chose de plus mature, il est compliqué de trouver des univers réellement novateurs. En écrivant Empires, Nicolas Jarry espérait certainement offrir un tout nouveau truc aux lecteurs, en créant de toutes pièces un monde et un lore. Malheureusement, à la lecture des deux premiers tomes, si c’est plutôt pas mal et que les termes utilisés sont nouveaux, ce ne sera pas le cas de la globalité du monde, où l’on retrouve de nombreux clichés.

En effet, lors de la lecture du premier tome, on retrouve un univers qui ne sort pas des sentiers battus. On a droit aux vikings qui habitent les terres du Nord, avec un climat rigoureux. Au Sud, on a le désert avec des peuplades à la peau mate. Et au milieu, on a des peuples unifiés autour d’une même divinité, et qui aimeraient bien que tout le monde ait la même religion. Bref, rien de nouveau, pas même au niveau des abysses, où on a droit à un peuple de monstres qui remonte à la surface de temps à autre. En fait, la vraie originalité provient des différentes croyances, et des pouvoirs qui sont donnés aux différents peuples. On le voit dans le premier tome, avec cet enfant du Sud qui bénéficie des pouvoirs d’un défunt, et qui va être recherché pour être abattu.

Et le scénariste décide de diluer cela dans des histoires de personnages. C’est-à-dire que plutôt de se concentrer sur une grande histoire qui s’étale sur plusieurs tomes, Nicolas Jarry propose une histoire centrée sur un personnage particulier à chaque tome. Et ce second opus va se concentrer sur une jeune femme bâtarde entre une humaine et un habitant des abîmes qui va raconter sa vie, depuis sa naissance jusqu’au temps présent de l’histoire. On va donc voir une évolution douloureuse, où cette jeune fille se métamorphose, se découvre des pouvoirs et un changement physique. Sa vie ne sera que souffrance, jusqu’au moment où elle sera recrutée par une compagnie de mercenaires, le chef voyant en elle une arme très efficace. Et à travers son histoire, on aura quelques bribes de l’univers de Empires. Un schéma structurel qui est quasi similaire au précédent tome.

Cependant, le premier opus s’attarde beaucoup sur les religions des peuples du Sud, et sur la vie d’un chef mercenaire obtus. Ici, on se concentre plutôt sur une vie où il va être question du peuple des abîmes, et autour de libre-lames qui doivent exécuter des tâches ingrates pour la religion dominante, tout en tombant dans un piège enfantin. On sent bien que le but est de raconter le monde en se focalisant sur des destins forts, et donc de développer l’univers en filigrane des tomes. La façon de faire est plutôt louable, d’autant plus dans un monde de Dark Fantasy violent et sans pitié. Mais il faut faire attention de ne pas tomber dans la redite assez rapidement, voire de faire dans la facilité, car on va très vite noter des similitudes entre les deux tomes.

Notamment dans le fait d’utiliser une « voix-off » pour raconter l’histoire, et de proposer des schémas narratifs identiques, jusqu’à une bataille finale épique. Si les dessins de Vax sont vraiment bons, avec un découpage qui favorise un certain dynamisme, on reste sur une structure confortable qui ne prend jamais de risque, et ne sort jamais des rails que l’on connait presque sur le bout des doigts. Même s’il est question de trahison, de croyances étranges en utilisant des termes presque illisibles (Aëldr’Aar) et de pouvoirs qui peuvent surprendre dans un récit qui, malgré des monstres, restent assez éloigné de la magie, on sait d’avance comment tout cela va tourner et tous les enjeux de l’histoire. On ne peut que regretter, finalement, que le scénario n’approfondisse pas plus le lore global d’Empires, ni même cette espèce de religion dominante, ne faisant que la nommer.

Au final, ce deuxième tome d’Empires demeure comme le premier, c’est-à-dire prenant, beau et savamment découpé pour nous happer dans le récit, mais pas suffisamment novateur pour réellement nous scotcher. Il manque à cette histoire un fond plus grandiloquent qui pourrait créer du liant entre les tomes, un fil rouge ténu qui annoncerait un dernier tome en guise d’épilogue tragique. Bref, si le plaisir de lecture est là, si la violence inhérente à la Dark Fantasy se retrouve, et que l’on est sur quelque chose de plus mature qu’à l’accoutumée, on n’arrive pas encore à saisir pleinement les réelles intentions d’Empires, sinon de raconter le destin factice de quelques personnages qui vivotent dans cet univers…

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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