juillet 11, 2025

Silent Hill 2

Résumé :

Dans la peau de James Sunderland, aventurez-vous dans la ville presque déserte de Silent Hill à travers ce remake très attendu du célèbre classique de 2001. Venu sur place après avoir reçu une lettre de sa femme, pourtant décédée trois ans plus tôt, James fouille la ville énigmatique pour tenter de la retrouver. Plongez dans un monde onirique et découvrez des monstres dérangeants comme le menaçant Pyramid Head, mais aussi divers personnages a priori ordinaires tourmentés par leur passé. Alors que James en vient peu à peu à affronter ses propres démons, une question finit par s’imposer : quelle est la vraie raison de sa venue à Silent Hill ?

Avis :

Après plus d’une décennie d’absence dans le paysage vidéoludique, la saga Silent Hill revient progressivement sur le devant de la scène. À la fin de l’année 2022, de nombreux projets sont annoncés. Parmi ceux-ci, le remake de Silent Hill 2 a retenu l’attention. Sa notoriété a marqué un précédent dans le monde des jeux vidéo et le genre horrifique. Le titre original est parvenu à sublimer l’esprit du premier opus, à tel point d’en avoir fait un chef d’œuvre intemporel. Encore aujourd’hui, il reste inégalé en termes d’atmosphère et de narration. L’héritage d’un tel titre implique donc de lourdes responsabilités pour concrétiser un projet de remake et renouer avec l’aura de son modèle.

Silent Hill : une certaine vision de l’horreur

Si Silent Hill demeure l’une des franchises les plus marquantes du survival horror, elle le doit à une approche psychologique de la peur. Elle privilégie la suggestion à une confrontation explicite. En cela, elle s’avance comme l’antithèse de Resident Evil. Les deux sagas font bien souvent l’objet de comparaisons, mais elles se retrouvent aux extrémités du prisme horrifique. Chacune présente des qualités qui reflètent leur identité, leur manière d’appréhender leurs thématiques de prédilection.

Au début des années 2010, la réputation de Silent Hill s’est quelque peu émoussée. En cause, des titres confiés à des studios américains et une formule qui peinait à se renouveler, à tout le moins à maintenir l’effroi à son paroxysme. De jeux indispensables, on a eu droit à de sympathiques itérations, même si elles demeurent loin d’être inoubliables. Toujours est-il que la franchise semblait vouer au purgatoire vidéoludique après l’annulation de Silent Hills, a fortiori avec la sortie d’un pachinko et de produits dérivés douteux, dont une série de skateboards.

L’héritage Silent Hill 2

Dans ce contexte, il est légitime de s’inquiéter de la gestion économique de Konami pour l’une de ses franchises les plus emblématiques. Au regard des succès critiques et commerciaux des remakes de Resident Evil, il paraît opportun de proposer une nouvelle version du meilleur opus de la saga. Au-delà de ses qualités techniques à l’époque de sa sortie, Silent Hill 2 constitue la quintessence d’un scénario tourmenté. Une plongée inéluctable dans les affres d’un enfer perpétuel.

Le jeu de Konami brasse des thématiques aussi fortes que lourdes de sens. Au fil de l’histoire, on se confronte au suicide, à la maltraitance infantile, à la perte d’un être aimé, à la maladie. Toute sa singularité réside à magnifier ces sujets, à leur trouver une symbolique tangible, au travers du panthéon de monstres qui hantent les rues et les bâtiments de la ville. L’approche, comme la découverte de ses méandres, est dérangeante, voire malsaine. Ce qui rend le propos d’autant plus impactant.

Un remake pertinent ou opportuniste ?

Le remake de Silent Hill 2 est confié à Bloober Team, studio déjà versé dans le registre horrifique. On leur doit, entre autres, Layers of Fear ou Blair Witch. La trame principale reste fidèle à l’intrigue de son aîné. On y retrouve les thèmes précédemment évoqués, ainsi que des figures connues. Sur ce point, il est d’autant plus appréciable de redécouvrir le récit sous ses plus beaux atours. En raison du hiatus des années 2010, le bond technologique est flagrant pour arpenter les artères brumeuses de Silent Hill. Toutefois, on émet un bémol sur la modélisation de certains personnages, comme Angela Orosco.

Les environnements retranscrivent parfaitement la désolation de la ville, tandis que les bâtiments sont davantage l’objet de manifestations horrifiques plus palpables. Un peu comme si la décrépitude des lieux se dissimulait à dessein derrière les murs, les portes ou les fenêtres. À ce titre, l’errance au sein du jardin public ou aux abords du Lakeview Hôtel constitue les moments les plus marquants, en termes d’ambiance. Il réside un sentiment d’incertitude, de perdition, à s’enfoncer toujours plus profondément dans le brouillard…

L’art de susciter l’effroi dans l’obscurité

Au regard du travail réalisé sur l’atmosphère, l’effroi pourrait se résumer à ce silence pesant, à ces artères désertes ou ces bâtiments ravagés. La gestion de la lumière et de l’obscurité demeure maîtrisée. La lampe constitue un équipement indispensable pour progresser dans des endroits où règnent les ténèbres de manière littérale. Dès lors, on avance à tâtons. On marche plus qu’on ne court, sauf si la situation l’exige. Chaque détour est synonyme d’appréhension, a fortiori lorsqu’on se fie à un sound design de premier ordre.

Celui-ci tient compte des bruits que l’on pense distinguer çà et là. Un craquement, un grognement ou d’autres sons indiscernables. On retrouve aussi l’usage de la radio pour signifier la présence d’un ennemi à proximité. Cet ajout demeure d’une grande efficacité pour susciter de la tension face à des créatures qui restent bien souvent invisibles jusqu’au dernier moment. D’ailleurs, certaines d’entre elles ne se cantonnent pas à des déplacements linéaires, mais peuvent ramper sur les murs et les plafonds. Il convient donc de garder son sang-froid, même si les nerfs sont mis à rude épreuve à de nombreuses reprises.

Quand les combats deviennent une itération trop soutenue

En matière de combats, le remake de Silent Hill 2 renoue avec les fondamentaux du survival horror. À savoir, un panel d’armes limitées et des munitions fournies avec parcimonie. Cela vaut également pour les kits de soin. Il est donc préférable de privilégier des attaques au corps-à-corps pour les ennemis les plus « faibles ». S’ils peuvent se montrer imprévisibles, une bonne observation de leurs comportements permet d’anticiper leurs assauts.

Pour autant, l’un des principaux écueils de cette nouvelle version relève de la récurrence des combats. Ils sont en effet bien plus nombreux qu’auparavant. Certains passages enchaînent les confrontations plus que de rigueur. Ils s’avèrent alors moins efficaces pour instiller la peur. Dommage, car là où excelle Silent Hill tient à sa manière de susciter leur présence, non dans l’annihilation de la menace. On peut toutefois apprécier certains affrontements emblématiques, notamment face à Pyramid Head ou Abstract Daddy.

Des énigmes repensées pour mieux nous prendre à contrepied

En son temps, Silent Hill 2 s’est aussi distingué par ses énigmes alambiquées et retorses qui malmènent notre considération de l’environnement et des symboles présentés. Ici, le remake vient trahir nos souvenirs avec une réinterprétation de ses puzzles. Sans être insurmontables, ils requièrent le sens de l’observation et de la réflexion pour les résoudre avec les indices qu’on nous octroie. On peut même choisir une difficulté variable pour moduler la complexité de la solution.

Quant à l’exploration, il est recommandé de fouiller chaque pièce ou zone accessible. Cela permet de glaner les ressources nécessaires à la progression dans l’aventure et de dénicher les secrets du jeu. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’étirer artificiellement la durée de vie du titre, mais d’aborder les chapitres suivants dans de bonnes conditions. Aussi, il ne faut pas hésiter à briser quelques vitres ou découvrir certains recoins isolés.

Une longue et éprouvante aventure à Silent Hill ?

En comparaison du jeu original qui se termine en une dizaine d’heures, le remake de Silent Hill 2 nécessite près du double pour conclure ce périple angoissant. En ces circonstances, de nombreuses séquences ont été prolongées. De manière générale, on ne distingue pas de longueurs handicapantes, notamment en termes de narration. Le rythme fait parfois la part belle à quelques moments contemplatifs. On songe à la traversée du cimetière ou celle du lac Toluca.

Le niveau de rejouabilité reste honnête. Une première partie donne lieu à trois fins potentielles. Par la suite, cinq autres conclusions viennent s’y ajouter. Afin de les obtenir, il est nécessaire de remplir des conditions spécifiques. Cela sans oublier la découverte des flashs du passé, des photos étranges et de divers documents au gré des endroits visités. On distingue trois niveaux de difficulté pour les combats et les énigmes. Le choix reste modifiable en cours de partie.

En conclusion…

Au final, le remake de Silent Hill 2 constitue une redécouverte appréciable d’un des plus grands jeux vidéo horrifiques. On retrouve cette atmosphère morbide et pernicieuse qui plane au-dessus du joueur dès les premiers instants. Au cœur du brouillard ou des ténèbres, le poids de la culpabilité pèse sur ses épaules, comme si l’état d’esprit de James Sunderland transparaissait dans son périple. D’ailleurs, la dimension psychologique occupe une importance toute particulière pour mieux comprendre les évènements et la manière dont se manifestent les aberrations qui hantent la ville.

Il en émane un sentiment oppressant à se perdre dans des environnements qui ne semblent avoir ni commencement ni fin. Impression qui se retrouve aussi au sein de lieux étriqués ou obscurs, renforçant la sensation de claustrophobie. Pour ce dernier point, mention spéciale à la prison de Toluca. De ce point de vue, le présent titre remplit son office. De plus, les compositions sublimes d’Akira Yamaoka magnifient l’atmosphère. On regrette simplement une récurrence trop appuyée des affrontements, ainsi que certains choix de character design douteux. Au regard de la qualité de la narration, de son ambiance et de l’immersion, il s’agit toutefois de défauts minimes, sans grande conséquence sur l’expérience générale.

Note : 16/20

Par Dante

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