
De : Daniel Liatowitsch et David Todd Ocvirk
Avec Amy Weber, Donny Terranova, Nichole Pelerine, John Fairlie
Année : 1999
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Une artiste mal dans sa peau, Kyra Mitchell, vient juste de décrocher un rôle excitant : participer à une expérience anthropologique. Elle devra cohabiter pendant trois mois avec quatre autres personnes dans un superbe chalet isolé, dont les pièces sont remplies de caméras. Mais l’expérience va tourner au cauchemar.
Avis :
Durant les années 90, on a vu fleurir tout un tas de nouveaux slashers, la faute (ou grâce, c’est selon) à Wes Craven et son Scream, qui font faire de nombreux émules. Et sur toute la pléthore que l’on va avoir, certains s’en sortiront mieux que d’autres, et finiront dans les salles obscures, tandis que certains films plus mineurs alimenteront les vidéo clubs, et plus tard, les bacs à DVD à 1€ pièce. Kolobos fait partie de ces derniers, avec sa jaquette hideuse que l’on retrouve un peu partout, et qui annonce un mauvais film, relativement cheap. Si on ajoute à cela l’absence de version originale sur la galette, la boucle est bouclée, et on est en droit de s’attendre à un bon gros navet. Et pourtant, les choses sont trompeuses, car même si le film souffre de moyens délétères, il n’en reste pas moins sympathique.

Le début est pourtant calamiteux. On se retrouve dans la peau d’une personne, en l’occurrence une jeune femme, qui va se prendre une voiture dans la tronche, et que l’on amène à l’hôpital. On va apprendre que cette femme s’appelle Kyra, qu’elle a de lourds troubles psychologiques, et qu’elle a participé à une expérience qui a mal tourné. Le film met du temps à nous montrer le visage du personnage principal, et c’est avec des flashbacks que l’on va remonter le fil qui mènera à la tragédie que l’on a vécu de l’intérieur. Le montage occulte alors l’hospitalisation de la jeune femme pour rentrer dans le vif du sujet, et nous raconter comment quatre/cinq personnes ont accepté de jouer dans une expérience qui mêle acting, vie en vase clos et caméra branchée sans arrêt. En gros, une sorte de Loft Story qui pourrait être une expérience sociale.
« si le film souffre de moyens délétères, il n’en reste pas moins sympathique. »
Le film s’évertue alors à présenter les personnages. Et on va rentrer de plein fouet dans tous les clichés du genre. On a la nana imbue d’elle-même, qui a déjà tourné dans des nanars horrifiques et qui ne se sent plus pisser. Le type prétentieux et qui fait des blagues sans arrêt sur le cul. La fille insouciante qui essaye de vivre l’expérience à fond. Un gars plus sérieux qui essaye de dragouiller la nana qui se croit actrice. Et enfin, Kyra, dessinatrice torturée, qui a des visions et se sent mal dans sa peau. Bref, rien de neuf à l’horizon, et on va rapidement voir que le film ne sait pas comment leur faire prendre de l’importance, quand il s’agit de les faire bavasser autour d’un mauvais film, ou encore de danser sur de la musique techno des années 90.
Très clairement, le démarrage est compliqué, et au niveau de la mise en scène, ce n’est guère mieux. Les deux réalisateurs n’ont pas forcément les moyens pour donner un bon grain à l’image, et des années plus tard, cela se paye cher, surtout avec une édition DVD pas dingue et une image qui n’existe qu’à 4/3. On retrouve une alternance de plans caméra en noir et blanc et de prises de vue plus classiques, mais cela ne joue jamais sur le voyeurisme. Il y a vraiment un manque de prise de risque dans la réalisation, qui aurait pu être plus viscéral, voire plus conceptuelle. Mais il ne faut pas oublier que c’est un premier film, et que les deux metteurs en scène sont de jeunes cinéastes qui n’ont pas forcément tous les codes (et qui ne les auront jamais, vu qu’ils n’ont plus rien réalisé derrière).
« tout réside dans une ambiance malsaine »
Mais alors, qu’est-ce qui fait que Kolobos reste un film plutôt sympathique ? En effet, jusqu’à présent, on a fait que dire du mal de ce long-métrage qui semble cocher toutes les cases du slasher opportuniste et mal branlé. Et bien tout réside dans une ambiance malsaine, qui est fortifiée par ce grain d’image amateur, mais aussi par les meurtres gores qui vont s’enchaîner. Si l’on occulte un peu les mécanismes qui visent à faire du mal aux personnages, on ne peut renier que le film essaye de mettre en avant des séquences dégueulasses, avec intestins et sang dans tous les sens. La première mort est surprenante, en plus de montrer l’envie de sale des deux réalisateurs. Si le mécanisme à base de scies circulaires prête à sourire, il faut reconnaître que c’est efficace. En gros, c’est gore, et ça assume pleinement ce côté-là.
En plus de ça, lorsque les personnages se rendent compte du piège qui se referme sur eux, il va y avoir un montage chaotique, qui est à l’image de la psychologie du personnage central, à savoir Kyra, qui va péter un câble et se rendre compte que ses dessins macabres vont prendre vie devant elle. Bien entendu, les amateurs de films d’horreur auront déjà compris le twist final (qui se traine beaucoup trop), mais entre un montage névrosé et des séquences gores presque psychédéliques, Kolobos flirte avec le film expérimental bordélique et un peu zinzin. En cela, il y a une part de folie salvatrice au sein de ce long-métrage, qui lui permet de sortir un peu du tout-venant en matière de slasher, et ça presque plaisir à voir. Bon, à cela, il faut faire fi du jeu des comédiens, mais c’est presque une habitude dans l’horreur underground.

Au final, Kolobos se révèle être un tout petit slasher qui a bien des défauts, mais qui possède aussi certains atouts inattendus. Si l’on peut pester contre des acteurs en roue libre, une histoire courue d’avance et une mise en scène bien trop cheap, on peut aussi être surpris par l’ambiance malsaine qui se dégage de l’ensemble, tout comme les meurtres gores sont assez bien mis en avant, dans un déluge macabre poisseux. Bref, il s’agit d’un film qui est loin d’être inintéressant, qui a toutes les scories d’un premier effort sans le sou, mais qui essaye de faire quelque chose de viscéral pour mieux imprégner son spectateur, et si tout n’est pas réussi, il faut quand même saluer l’effort.
Note : 11/20
Par AqME