avril 25, 2024

It Must Be Heaven

De : Elia Suleiman

Avec Elia Suleiman, Gael Garcia Bernal, Tarik Kopty, Kareem Ghneim

Année: 2019

Pays: Qatar, Allemagne, Canada, Turquie, Palestine

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

ES fuit la Palestine à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil, avant de réaliser que son pays d’origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d’une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l’absurde. Aussi loin qu’il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie.
Un conte burlesque explorant l’identité, la nationalité et l’appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir  » chez soi  » ?

Avis :

Elia Suleiman est un réalisateur dont le parcours est pour le moins atypique. Palestien, il part dans les années 80 habiter à New York et c’est là qu’il va se faire ses premières armes. Il passe les années 90 sur des courts-métrages et des coréalisations. Il réalise son premier film en 1998, « Chronique d’une disparition« . Depuis, Elia Suleiman a peu réalisé, « It Must Be Heaven » est son quatrième long-métrage, mais si le réalisateur palestinien a peu réalisé, il a toutefois réussi à se faire une jolie réputation.

Après dix ans d’absence, Elia Suleiman nous revient enfin avec l’un des films les plus atypiques de cette fin d’année. « It Must Be Heaven« , c’est un pur bonheur, c’est un film bourré de poésie, qui s’avère être très drôle et très touchant et qui délivre un très beau message d’espoir. Avec ce film, Elia Suleiman se met en scène dans un exercice des plus compliqués et l’on en déguste chacune de ses idées. On en ressort le sourire aux lèvres, avec cette sensation magique d’avoir passé un moment de cinéma qui nous a fait sortir de nos habitudes, qui nous a poussé à la réflexion et en même temps qui a su nous divertir, au point qu’on en redemande. Bref, « It Must Be Heaven« , c’est un cinéma qui fait du bien, tout simplement.

Elia Suleiman est réalisateur et il observe le monde qui l’entoure. Traînant dans les rues de Nazareth, Elia savoure le balai des hommes et des femmes qu’il croise. De chez lui à New York, en passant par Paris, Elia Suleiman prend le temps de regarder l’humour de la vie, les drames de celle-ci, tout comme les espoirs…

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec le nouveau film d’Elia Suleiman. Il faut dire que tout résonnait comme très inhabituel quand on regarde ce qui a été fait en amont pour la sortie du film. Reparti du festival de Cannes avec un prix exceptionnel du Jury qui ne savait pas comment le récompenser, (mais il savait qu’il fallait le récompenser) et à la découverte du film, on comprend pourquoi. Par la suite, les premiers teasers sont tombés. Des teasers bourrés d’humour, des teasers qui piquent clairement ma curiosité, tout en laissant aussi véhiculer des craintes, car le film d’Elia Suleiman avait l’air d’être un ensemble de sketches sans queue ni tête… Puis il y a eu cette affiche, ô combien sublime, l’une des plus belles de l’année… Bref, tout ceci faisait que je ne pouvais pas manquer le nouveau film d’Elia Suleiman qui, on peut le noter, est plutôt bien distribué pour un petit film de cette « envergure ». M’enfonçant dans une salle de cinéma, j’ai vraiment bien fait d’écouter ma curiosité, car comme je le disais, le film d’Elia Suleiman est une petite merveille qui donne du baume au cœur.

Ce qui est génial et très compliqué à la fois avec le film d’Elia Suleiman, c’est que le réalisateur se met en scène dans son propre rôle et il ne va faire qu’observer le monde qui l’entoure sans jamais rien dire (c’est bien simple, sur une heure quarante-cinq de film, il a deux répliques…). L’exercice est donc périlleux, et pourtant le film fonctionne à merveille, car premièrement, Elia Suleiman sait très bien nous communiquer ses ressentis face à telle ou telle situation et deuxièmement, et c’est peut-être le plus difficile, les images que filme Suleiman parlent d’elles-mêmes. Si l’on peut regretter l’absence d’un scénario clair, ce dernier est compensé très largement par l’idée même du film et finalement, allant d’observation en observation, le film d’Elia Suleiman se tient parfaitement et mieux encore puisque par un coup de génial, Elia Suleiman nous entraîne et jamais ne nous lâche, nous surprenant en permanence, nous amusant, et en même temps, avec subtilité, humour et un soupçon de tragique parfois, il nous pousse à la réflexion. Oui, à travers les saynètes que le réalisateur a mis en place, à travers les situations de vie, il nous parle du monde, de l’état de celui-ci, de sa bêtise, mais aussi de sa beauté et c’est sur ce point-là que le film d’Elia Suleiman est sublime, car derrière la bêtise des gens, l’absurdité du monde, Elia Suleiman souligne toute la poésie qui peut se dégager du monde, des grandes villes et des gens, et surtout, grâce à une dernière scène absolument formidable, il pose un très beau message d’espoir, d’amour et de paix, aussi bien pour la Palestine que pour le monde entier finalement.

« It Must Be Heaven« , c’est aussi une idée fabuleuse, celle qu’Elia Suleiman se soit donner le premier rôle de son film, car le réalisateur est tellement attachant, tellement touchant, et tellement bon tout simplement qu’on ne voit personne d’autre que lui-même pour tenir son propre rôle.

Original, bourré d’idées, d’inventivité, drôle, rafraichissant et en même temps poussant à la réflexion, « It Must Be Heaven » est un film qui fait du bien, qui délivre un sublime message d’espoir, tout en s’amusant de l’absurdité du monde. Elia Suleiman signe son plus beau retour et son « It Must Be Heaven » aurait pu durer encore très longtemps comme ça, tant le réalisateur aura su nous captiver comme à la première minute. « It Must Be Heaven« , c’est vraiment la très belle surprise de cette fin d’année.

Note : 16/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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