Titre Original : Badlands
De : Terrence Malick
Avec Martin Sheen, Sissy Spacek, Warren Oates, Gary Littlejohn
Année: 1973
Pays: Etats-Unis
Genre: Policier
Résumé:
Inspirée par l’histoire authentique de Charlie Stark-Weather, jeune délinquant des années cinquante, évocation de la folle équipée de deux jeunes amants auxquels on refuse le droit de s’aimer. Ils laissent sur leur passage de nombreux cadavres dont le père de la jeune fille, qui refusait que celle-ci fréquente un éboueur.
Avis:
S’il y a bien un réalisateur qui est atypique, pour ne pas dire unique même dans l’industrie du cinéma, c’est bien Terrence Malick. En quarante ans de carrière, Malick n’a seulement tourné que six films. Et en plus de sa rareté sur nos écrans de cinéma, le réalisateur cultive le goût du mystère, apparaissant quasiment jamais en public, ce qui entretient « sa légende ».
Au début de sa carrière, Malick fait deux films marquants dans les années 70, puis s’en suivra une pause de vingt ans avant qu’il ne soit de retour avec « La ligne rouge« . Une pose durant laquelle le réalisateur en profitera pour écrire différents scénarios qu’il adapte aujourd’hui. Bref, revenons donc à cette « Balade sauvage« , le premier film de Terrence Malick. Du réalisateur, je connais ses films qu’à partir de « La ligne rouge« , et autant le dire tout de suite, je suis complètement conquis et admiratif de l’aura qui se dégage de ses œuvres. Le réalisateur a un style, une émotion et un esthétisme qui me touche beaucoup (même pour son dernier en date « A la merveille« ). Mais si je connais très bien ses derniers films, je n’avais encore jamais posé les yeux sur ses premiers. Ce sera chose faite, du moins pour celui-ci, qui est assez différent de ce que j’ai l’habitude de voir du réalisateur. Et même s’il est différent, cette « Balade sauvage » contient déjà tous les éléments que j’aime chez le cinéaste et ce premier film se pose comme un petit chef d’œuvre, qui m’aura passionné de bout en bout !
Kit a vingt-cinq ans quand il rencontre Holly qui n’en a que quinze. Les deux jeunes gens s’éprennent l’un de l’autre, mais leur relation est très vite contestée par le père de la jeune fille, qui refuse qu’elle fréquente ce genre de garçons. Alors comme leur amour leur est interdit, Kit tue le père d’Holly et met le feu à la maison, laissant aux autorités le doute de leurs morts. C’est là que commence cette « Balade sauvage« , Kit et Holly vont essayer de vivre leur amour loin des regards, mais là où va Kit, les cadavres commencent à s’enchaîner…
Premier film pour Terrence Malick et déjà premier chef d’œuvre ! Le réalisateur qui s’inspire d’un fait divers, propose ici l’un de ses plus beaux films, qui contient déjà toute l’esthétique Malickienne fascinante que j’aime tant.
« La balade sauvage« , c’est un « Bonny & Clyde » quelque peu différent, qui ressemble au réalisateur. C’est une épopée violente, romantique et presque innocente, à travers le Dakota du Sud. L’histoire est intense et surtout sublimée par la mise en scène quasi-parfaite de son réalisateur. Dès son premier film, le réalisateur fait preuve d’un caractère impeccable. Proche de la nature (comme toujours, Malick la sublime et décidément, déjà avec son premier film, il filme les grands espaces comme personne), coupé du monde, « La balade sauvage » est un film qui m’a fasciné autant qu’il a pu me passionner.
L’histoire est terrible, prenante, triste et dure à la fois. Le film dégage une sorte de nostalgie irréelle et poétique apportée par la voix off de Sissy Spacek qui se livre sur son histoire, sur ses ressentis, sur le parcours tragique de cet amour, tué par les préjugés. Le film et surtout la trajectoire violente de cette histoire d’amour est injuste et j’ai été touché par ces deux personnages. Terrence Malick porte son film quelque part entre le road movie et la chronique sociale. « La balade sauvage » contient peu de dialogues, Malick filme les silences avec beaucoup de simplicité et ces silences valent parfois bien plus que toutes les paroles inutiles pour faire passer la pensée de ses personnages. Le tout est brut, dur, mais en fin de compte très beau.
Le film est accompagné tout en harmonie par une très jolie BO signée par Gunild Keetman, James Taylor et George Aliceson Tipton, qui font des merveilles musicales. À l’image du drame de cette histoire, la musique est simple et accompagne les images de son réalisateur dans une simplicité absolue.
« La balade sauvage » est emportée au sommet par deux acteurs absolument superbes. Un de ces couples de cinéma aussi tragiques que magiques, aussi violents qu’innocents, Martin Sheen et Sissy Spacek. Ils sont l’essence, le cœur, la vie, la tragédie de cette « Balade » Malickienne. Chacun d’eux, de par son regard et ses décisions, est bouleversant. Et malgré la violence parfois complètement gratuite dont le personnage joué par Martin Sheen fait preuve, on se prend d’affection pour eux et on voudrait qu’ils s’en sortent et que cette « Balade sauvage » ne finisse jamais. D’ailleurs, il faut dire que les deux comédiens sont si marquants et imprégnés que j’ai bien du mal à me souvenir d’autres personnages, alors que les comédiens qui peuplent le film sont eux aussi bons.
Plus je découvre le cinéma de Terrence Malick plus je l’aime et je suis fasciné par la beauté de ses œuvres. Avec une histoire accessible à tous (qui a dit que le cinéma de Malick était inaccessible), le réalisateur livre pour son premier film tout ce qui fera l’essence de son cinéma plus tard. Et le tout desservi par un scénario « compréhensible », avec des personnages bouleversants et des acteurs au sommet de leurs carrières. Bref, « La balade sauvage » est l’un des plus beaux films signés Terrence Malick que j’ai pu voir.
Note : 20/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=mSkMQIlbhzI[/youtube]
Par Cinéted