
Avis :
Dans le domaine du Métal, il existe une pléthore de groupes que l’on ne connait, et que l’on ne peut que connaître que via les méandres du net, ou alors en première partie d’un concert. Plus dur encore, il est parfois compliqué de trouver des informations sur tel ou tel groupe, tant il est reste dans une confidentialité qui confine à l’underground, et se destine à un public de niche. C’est un peu le cas pour les espagnols de Incursed. Fondé en 2007, le groupe a sorti quatre albums, mais sa particularité ne se trouve pas dans son genre, le Folk Métal, mais plutôt dans son line-up, puisqu’il n’y a plus aucun membre d’origine dans la formation actuelle. En effet, après des galères en autoproduction, le premier guitariste quitte la bande en 2011, puis le chanteur et fondateur décide d’arrêter en 2016, juste avant ce troisième opus.
Amalur est effectivement le troisième album studio de Incursed, et il est en autoproduction, ce qui est le meilleur moyen pour se faire connaître. On utilise alors les moyens du bord, on poste sur Bandcamp, et on espère alors se faire remarquer. Mais cela demeure dur, surtout lorsque les deux membres fondateurs ont pris la poudre d’escampette, voyant certainement les choses ne pas se décanter au bout de dix ans d’effort. Et c’est dommage, parce que ce qui fait la particularité de Amalur, c’est qu’il est l’album de la révélation, ou tout du moins celui qui va permettre au groupe de se faire connaître auprès d’une maison de disque. Alors oui, Helheim Records n’est pas un gros label (il possède un roster de quatre groupes qui officient tous dans le même genre), mais il va permettre au groupe de travailler sur un quatrième album.
Mais revenons- en à Amalur, un album imparfait, mais qui détient de bonnes choses. Lurramets est une introduction qui pose les bases du genre qu’embrasse la formation hispanique. On retrouve du clavier, du violon, une ambiance très folklorique, puis par la suite, les riffs de guitare se lâchent, et on obtient une bonne entré en matière. Seulement, on notera quelques défaillances dans la production, et notamment un son assez factice sur les instruments folks. Cryhavoc ! va alors nous rassurer un petit peu sur l’orientation choisie, avec une rythmique solide, de bons riffs et un chant growlé qui fait amplement le taf. Le refrain est fédérateur avec plusieurs voix, mais on pourrait lui reprocher d’être un peu trop vulgaire, et on ressent une forte influence autour de Alestorm, groupe de pirates qui fait plus dans la gaudriole que dans la musique vraiment sérieuse et intéressante.

Psalm of the Accursed va avoir un début assez étrange, avec une batterie mal gérée et des riffs qui sont rapides, mais n’arrivent pas à se faire très emballant. Le chant transformé ne rend pas les choses plus intéressantes, et le titre, malgré sa « sauvagerie » s’avère assez ennuyeux et démontre les faiblesses de production, avec aussi des anicroches dans les passations de rythme. On sent que le groupe galère sur certains points techniques. Akelarre répare un peu les choses, avec un aspect Folk plus prononcé et un côté théâtral assez amusant. Malheureusement, on a tout de même l’impression que tout a été préenregistré, et il manque une certaine spontanéité pour que l’on rentre pleinement dans le délire. Et on va se rendre compte aussi que le groupe se loupe par péché d’orgueil, avec trop de titres et des ambitions trop élevées.
Il va manquer au sein de cet album de la cohérence entre les titres et on retrouve trop de moments qui rappellent Alestorm. Quand on fait du Folk, pourquoi faire un titre avec comme introduction et conclusion la voix d’une hôtesse de l’air au sein d’un avion. Même si The Slavic Covenant est un titre fort sympathique, il nous sort d’un contexte Fantasy, et c’est bien dommage. Il en va de même avec Zombeer Alcoholocaust qui démarre avec un clavier qui scande une sonorité de jeu 8bits. Ode à la boisson et aux morts-vivants, le titre est amusant, mais il est hors de propos au sein de l’effort. Cela nous sort d’une ambiance qui a été posée dès le début, et il est consternant de voir que le groupe ne tient pas forcément sa ligne de conduite jusqu’au bout. A la rigueur, en morceau bonus, ça aurait pu passer.
Au final, Amalur, le troisième album de Incursed, est un album qui est bien, mais qui possède de nombreuses scories, l’empêchant alors de vraiment marquer. Si l’aspect Folk est bien présent, il est aussi gâché par quelques morceaux qui se jettent dans une modernité mal branlée, nous sortant alors d’un contexte Fantasy plaisant. Et puis avec les petits moyens du bord, faire un album de plus de 58 minutes, c’est un peu trop et cela s’entend sur certains titres qui demeurent assez mal branlés. Bref, un disque généreux, pas déplaisant, mais qui contient plein de petites bêtises, montrant l’importance d’avoir, parfois, un label pour aider à la gestation d’un projet.
- Lurramets (Intro)
- Cryhavoc !
- Psalm of the Accursed
- Akelarre
- The Awakening
- Amalur
- The Slavic Covenant
- A Crownless King
- The Hardest of Harvests
- Zombeer Alcoholocaust
- Brothers in Arms
- Fear A’Bhata (Bonus Track)
Note : 14/20
Par AqME