Avis :
Pour beaucoup de personnes, le métal est perçu comme une musique bourrine, sans aucune finesse et qui tabasse à tout va. Si cela peut être vrai pour certains groupes ou certains genres, comme le Pornogrind (si, si, ça existe), il n’en est pas de même avec d’autres formations, pratiquant pourtant le cri ou le growl. Et c’est le cas avec Devildriver, l’un des gros piliers du groove métal, emmené par son charismatique chanteur Dez Fafara que l’on a connu dans Coal Chamber. Alors oui, le groupe envoie du bois mais nous n’avions plus de nouvelles d’eux depuis deux ans avec Trust No One et le groupe teasait depuis quelques temps un nouvel opus assez original, avec une couverture étrange, dévoilée au compte-goutte. Et c’est avec une agréable surprise que Devildriver revient avec une idée originale, reprendre des standards de la musique country pour les transformer en morceaux de groove métal bien puissants, tout en gardant les mélodies et les origines des titres repris. Allant de Hank 3 Williams à Johnny Cash en passant par Steve Earle, le groupe se décide à brasser les années autant que les bouteilles de Bourbon pour un résultat plus que surprenant, puisque l’album est non seulement réussi, il est aussi une preuve que les personnalités du métal ont un profond respect pour les autres genres, rendant hommage à un pan culturel américain que l’on transforme un peu trop de par chez nous.
Ce qu’il faut savoir avec cet album, c’est que le groupe s’est entouré de guests pour reprendre certains titres. On pourra donc entendre Brock Lindow de 36 Crazyfists, Wednesday 13, Burton C. Bell de Fear Factory ou encore Randy Blythe de Lamb of God, entre autres. Des invités prestigieux donc, dont le fils de Johnny Cash, pour des interventions bien loin de la simple note d’intention. Le skeud débute avec Country Heroes de Hank 3 Williams, un hit pour les américains, et le risque est d’autant plus grand pour le groupe de Dez Fafara. Mais la sauce prend assez rapidement, si l’on peut exclure un temps d’adaptation entre le rythme, oscillant entre le très rapide et le lent, et un chant qui s’accorde avec cette hybridation pas du tout évidente. Ce qui est très intéressant avec ce premier titre, c’est que l’on sent que Devildriver veut garder une patine qui rappelle le morceau original, ce qu’il fait ici avec brio, offrant même un solo presque désaccordé qui respire la country à plein nez. On retrouvera d’ailleurs cet esprit entre hommage et nouveauté dans différents titres, et généralement, ce sont les plus réussis, à l’instar de Ghost Riders on the Sky ou encore de The Man Comes Around, les deux morceaux étant de Johnny Cash. On sent un réel amour pour la country et une envie de montrer que le métal peut être brutal tout en étant mélodique et référentiel.
Le pari de s’approprier des standards country en version métal est donc réussi pour le Devildriver, mais ce n’est pas tout. En effet, Fafara est bien conscient qu’il a une fan base assez solide et qu’il faut donc l’alimenter en moments bien gras et groovy. Il va donc proposer des titres plus virulents, plus secs, mais qui restent dans la veine des autres morceaux. On peut citer par exemple Whiskey River qui démarre sur les chapeaux de roues et qui fait très dark comparé à l’original de Willie Nelson. Cependant, on retrouve quelques traits mélodiques de l’original et c’est vraiment bien foutu. D’autant plus que Randy Blythe de Lamb of God pose son grain de voix bien granuleux par-dessus et cela donne encore plus d’énergie à ce titre. On peut aussi citer le très dansant Copperhead Road avec le chanteur de 36 Crazyfists qui s’approprie de façon remarquable ce hit de Steve Earle. Le morceau est à la fois violent et assez aérien, en faisant un des hits de l’album, en même temps que Dad’s Gonna Kill Me, gardant le refrain catchy et terriblement entêtant. Enfin, difficile de passer outre A Thousand From Nowhere, un morceau ultra efficace et dans lequel on reconnait de façon assez évidente le titre original.
Au final, Outlaw ‘Til the End Vol.1, le huitième album de Devildriver, est une véritable réussite et un pari risqué relevé haut la main de la part de Dez Fafara et de ses acolytes. A la fois puissant et très marqué dans sa volonté de rendre hommage à la country, le groupe californien offre un album passionné et passionnant qui démontre, si besoin l’en est, qu’il est l’une des formations les plus intéressantes de ces dernières années, en prenant des risques en plus de garder une ligne de conduite parfaite. Bravo.
- Country Heroes
- Whiskey River
- Outlaw Man
- Ghost Riders in the Sky
- I’m the Only Hell Mama Ever Raised
- If Drinking Don’t Kill Me
- The Man Comes Around
- A Thousand Miles From Nowhere
- Copperhead Road
- Dad’s Gonna Kill Me
- A Country Boy Can Survive
- The Ride
Note: 18/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=hlDPWmwO7SU[/youtube]
Par AqME