
De : Hugo Cardozo
Avec Francisco Ayala, Maria Del Mar Fernandez, Pablo Martinez, Abel Martinez
Année : 2019
Pays : Paraguay
Genre : Horreur
Résumé :
Immersion dans l’atmosphère paranormale totalement effrayante de l’hôpital d’Encarnación. Diego Martinez obtient un job d’agent de sécurité de nuit dans un hôpital. Lors de sa première ronde dans le bâtiment présumé vide, il entend des bruits étranges. Mais quand il veut sortir, il réalise qu’il est enfermé dans la morgue et les phénomènes inquiétants ne font que se multiplier.
Avis :
Afin d’avancer une histoire horrifique ou d’épouvante, il est certains endroits à même de susciter l’effroi, ne serait-ce qu’à travers leur portée symbolique dans l’imaginaire collectif. On songe, entre autres, aux cimetières, aux forêts, aux maisons hantées ou, en l’occurrence, aux morgues. Dans ce dernier cas, ces lieux de transition présentent un potentiel évident pour amorcer des récits orientés vers le paranormal. Sous forme de films, de séries ou d’anthologies, ce cadre constitue bien souvent une incursion ponctuelle, pas forcément centrale dans les intrigues. Cela vaut, par exemple, pour Body Bags où la morgue fait office de cadre d’exposition pour la narration. A contrario, L’Exorcisme de Hannah Grace se focalisait sur une plongée nocturne au cœur d’une morgue.

Avec le présent métrage, on se situe dans ce dernier registre. Au-delà du lieu de l’action, on notera d’ailleurs de nombreuses occurrences et similarités avec le film de Diederik Van Rooijen. À commencer par la temporalité où le gardien est aux prises avec quelques manifestations étranges. S’il est toujours appréciable de susciter la vulnérabilité à travers l’isolement, l’exercice du huis clos ne se résume pas à une simple mise en contexte. Il convient de savoir gérer le rythme et la progression de l’intrigue, tout en ménageant ses effets à des moments opportuns pour interpeller le spectateur. Ces fondamentaux ne nécessitent pas forcément un budget conséquent, mais un minimum de maîtrise technique.
« le film de Hugo Cardozo présente de nombreuses maladresses. »
Aussi, ce n’est pas la modestie de l’entreprise qui détonne avec Morgue. Cela peut même lui conférer un côté artisanal et une singularité bienvenue, à défaut d’une histoire novatrice ou intéressante. Seulement, le film de Hugo Cardozo présente de nombreuses maladresses. À commencer par une exposition laborieuse du protagoniste et des lieux. Malgré la brièveté du métrage, on n’échappe guère à des longueurs dispensables par le prisme de séquences à la pertinence discutable. Entre les rondes, la surveillance des caméras, les selfies ou la lecture du journal, l’intrigue demeure plate et comble ses carences narratives avec les plus grandes difficultés.
On pourrait aussi avancer des phénomènes paranormaux qui peinent à susciter l’intérêt, encore plus à faire sursauter. Dans un premier temps, il faut se contenter d’une installation électrique défectueuse, de fenêtres et de portes capricieuses et d’une intrusion inopinée. Quant aux apparitions sur les clichés ou vidéos du smartphone, elles ne retiennent guère l’attention. Par la suite, les manifestations s’intensifient et jouent autant de l’obscurité que de la perception sonore. Quelques idées demeurent intéressantes, comme l’enfermement dans la salle d’autopsie. Pour autant, la multiplication des entités rend l’ensemble confus. On a beau deviner une histoire tourmentée pour chaque défunt, le fil directeur fait l’impasse sur les circonstances de leur trépas ou de leur passé.
« Morgue s’avance comme un film bancal »
Si l’on tend à se détacher des évènements ou du calvaire du veilleur de nuit, cela tient aussi à l’antipathie que dégage ce dernier. Il présente un tempérament égocentrique, narcissique, pleutre et stupide, pour ne citer que les traits de caractère (et défauts) les plus évidents. Ce choix constitue une erreur de taille pour un récit qui se concentre sur sa perception. Il aurait mieux fallu suggérer l’empathie pour appréhender cette incursion nocturne. Au lieu de cela, il se crée une distanciation notable, voire de l’indifférence quant à la suite des évènements. Et ce ne sont pas ces gros plans avec cadrage frontal qui vont infirmer ce constat, bien au contraire.

Au final, Morgue s’avance comme un film bancal et perclus de maladresses. Le cadre de la morgue constitue le principal attrait de la bobine. Seulement, il n’est guère exploité à son juste potentiel. La faute à une histoire paresseuse, un rythme poussif, ainsi qu’un protagoniste déplaisant, sinon détestable. L’ensemble s’affuble de manifestations surnaturelles assez conventionnelles qui ne parviennent guère à faire frissonner, à tout le moins pour un public coutumier de ce type de productions. À cela s’ajoutent des pans narratifs occultés et une réalisation qui pèche par son amateurisme, plus que par la modestie des moyens déployés. Une incursion anecdotique et perfectible à bien des égards.
Note : 09/20
Par Dante
Une réflexion sur « Morgue – Panique au Paraguay »