
Avis :
De nombreux groupes de Métal naissent sur les cendres d’autres groupes, ou tout du moins par le départ de quelques membres qui se décident de faire autre chose. C’est le cas pour Beriedir, groupe de Power italien qui s’est formé en 2015 par deux musiciens issus du même groupe, Chaos Edge. Officiant alors dans le Death mélodique, le claviériste et chanteur Stefano Nüsperli et le bassiste Alessandro Manini décident de quitter l’aventure pour fonder Beriedir et partir dans un délire Power autour du Seigneur des Anneaux. Et oui, quand il s’agit de Fantasy et de Power, Tolkien n’est jamais loin, et même le nom du groupe provient de cette culture, puisque le nom veut dire gardien en langage elfique. Bref, le groupe italien change rapidement de line-up en 2017, avec le départ du bassiste et du batteur, pour sortir ensuite un premier effort en autoproduction en 2018.
Et il faut croire que malgré sa jaquette hideuse, la musique a plu, puisque les italiens vont signer alors chez Rockshot Records pour faire un nouvel album, sorti en 2022, et qui s’appelle Aqva. Un effort qui signe un grand changement aussi dans la formation, qui passe de quatuor à quintet, avec notamment l’arrivée de deux nouveaux guitaristes. Cependant, cela ne suffit pas toujours à faire un bon album, et qu’en est-il de Aqva, qui est tout de même resté dans une certaine confidentialité ? Si l’on se fie au premier titre, At Candle Light, les guitares ne sont pas le premier instrument qui va être mis en valeur. Le démarrage se fait au clavier, et après on va avoir droit à des guitares qui tapent plus fort. Mélodiquement, c’est plutôt sympathique, même si le clavier prend beaucoup trop de place.
C’est bien simple, il est de tous les plans, et ne s’arrête quasiment jamais. Si on reste dans une démarche Power, les riffs et l’ambiance globale font quand même écho à quelque chose de très Indus, un peu à la Fear Factory. La voix du chanteur y est aussi pour beaucoup dans ce sentiment. Mais globalement, c’est plutôt agréable, même si on regrette un manque cruellement d’identité, et une patte novatrice. Departure Song sera un morceau agréable aussi (d’ailleurs tout l’album l’est dans sa globalité) mais il faut aimer quand le clavier se mêle aux guitares, et à titre personnel, c’est quelque chose d’assez irritant, adoucissant finalement la rugosité des riffs. Ici, c’est le cas, et heureusement, tout est sauvé par le refrain qui reste bien en tête, avec un effet fédérateur via les back-ups. Mais enlevez le clavier, et vous avez un excellent morceau.

The Dove and the Serpent comporte les mêmes tares que ses prédécesseurs, à savoir de gros riffs sauvages, une rythmique puissante et véloce, mais le tout est gâché par un clavier qui fait très factice. Encore une fois, c’est vraiment le point faible du groupe, d’autant plus que cela a tendance à dénaturer l’ensemble, alors même que ça growle, ça chante, ça gratte fort, mais le tout est étouffé par ce clavier qui prend le pas sur tout le reste. The Angel in the Lighthouse sera du même acabit, avec en prime une mélodie qui n’est pas très pertinente au clavier, qui prend des airs de clavecin, et ajoute une sonorité aigue qui gâche l’ensemble du titre. Enfin, peut-être que certaines personnes amatrices de Power surkiffent les sons de synthétiseur, mais cela ajoute un bruit factice qui dénature l’ensemble, mais ce n’est que mon avis.
Les choses ne changent pas vraiment par la suite. The Drowned s’octroie même le délire d’afficher une paire de solos de clavier. Et si ce n’est pas trop mal branlé, on aurait préféré un truc plus rugueux à la guitare. Stormbound est le morceau le plus court de l’album, mais il dépasse tout de même les quatre minutes. Il n’en résulte pas grand-chose de neuf, si ce n’est qu’il épouse parfaitement le Power. Arkanlegos peut être rigolo sur quelques écoutes, mais il lui manque tout de même un moment vraiment marquant. Of Dew and Frost sera bien plus percutant. Même si le clavier est toujours là, il y a une ambiance old school qui se dégage de l’ensemble, et le refrain se révèle très efficace. Rain, avant-dernier titre, se paye enfin l’audace d’un démarrage à la gratte et non pas au clavier. Quant à Moonlight Requiem, c’est une bonne conclusion.
Au final, Aqva, le deuxième album de Beriedir, est un effort Power Métal plutôt intéressant et sympathique, mais qui est gâché en partie par un clavier qui prend beaucoup trop d’espace. C’est dommage car cela adoucit les riffs et donne un son beaucoup moins organique à l’ensemble. Le groupe gagnerait sûrement à laisser les guitares s’exprimer de façon plus pertinente et au chanteur de pousser un peu plus, car il en a la capacité. Bref, un album imparfait, mais loin d’être déplaisant pour autant, et encore moins pour les amoureux du clavier.
- At Candle Light
- Departure Song
- The Dove and the Serpent
- The Angel in the Lighthouse
- The Drowned
- Stormbound
- Arkangelos
- Of Dew and Frost
- Rain
- Moonlight Requiem
Note : 14/20
Par AqME