septembre 26, 2025

Sauvetage au Sommet – Montagne en Fond Vert

Titre Original : Feng Bao

De : Jun Lee

Avec Yilong Zhu, Zhi-Zhong Huang, Junyan Jiao, Chen Shu

Année : 2021

Pays : Chine

Genre : Catastrophe

Résumé :

Un père et son fils tentent de sauver une petite ville et son tunnel nouvellement construit qui est menacé par des catastrophes naturelles.

Avis :

En règle générale, il est nécessaire de se tourner vers le cinéma américain pour s’immiscer dans le registre du film catastrophe. S’il ne dispose pas du monopole en la matière, il leur faut néanmoins reconnaître une certaine efficacité pour fournir d’honnêtes divertissements. Du côté du continent asiatique, la Corée constitue un autre vivier intéressant à explorer. Preuve en est avec Tunnel ou Pandora. Depuis quelques années, la Chine multiplie les initiatives dans le genre avec plus ou moins de réussite, comme Tremblement de terre à Tangshan ou Skyfire. À l’image de ce dernier, Sauvetage au sommet s’avance comme un blockbuster au traitement débridé, mais aux ambitions sommaires.

Contrairement à d’autres productions similaires, le film de Lee Jun ne s’embarrasse guère de préambule où l’exposition des faits et des personnages sont susceptibles de miner le rythme. Ici, la présentation est aussi brève que la catastrophe subite. Sur près de deux heures, on pourrait craindre que le métrage s’essouffle assez vite. De ce point de vue, Sauvetage au sommet contente son spectateur de fort belle manière. On ne distingue aucun temps mort ni baisse de régime. Les situations sont diversifiées dans leur teneur, comme dans le cadre. À la suite du cataclysme initial, on observe même une incursion dans des grottes souterraines, conférant à cette partie une sensation de claustrophobie bienvenue.

« Aux premiers abords, Sauvetage au sommet s’avance comme une bonne surprise. »

Aux premiers abords, Sauvetage au sommet s’avance comme une bonne surprise. Certes, son scénario reste dans les standards du genre et ne présente aucune originalité notable. Pour autant, l’entreprise est menée avec conviction. On peut apprécier des personnages plutôt bien écrits, et ce, malgré leur nombre et le peu de place allouée à la caractérisation. Les relations s’appuient souvent sur un passif commun, où les sous-entendus et les souvenirs permettent de mieux définir leur background. Soit dit en passant, l’intrigue fait confiance à l’acuité du spectateur pour combler certaines explications manquantes, sans que cela paraisse incohérent ou trop évasif à la lumière des évènements dépeints. On n’évite toutefois pas certains passages convenus qui ne suscitent guère d’émotions.

En dépit des bons aprioris qu’on peut lui octroyer, le présent métrage est loin d’être exempt de reproches. À commencer par ses effets spéciaux qui soufflent le chaud et le froid. Avec des trucages traditionnels pour simuler un tremblement de terre, la catastrophe est percutante. On notera une mise en scène dynamique avec un cadrage serré pour parfaire l’illusion. Les panoramas et les prises de vue aériennes constituent un autre aspect intéressant à appréhender. En parallèle, le film s’affuble d’images de synthèse assez grossières. Les fonds verts sont ostensibles, tandis que les animations de certains éléments souffrent de carences évidentes. Cela sans oublier des effets de particules peu crédibles, car la friabilité des matériaux s’efface au profit d’un effondrement massif bâclé et vite expédié.

« message de propagande explicite que l’intrigue ne prend même pas la peine de dissimuler. »

Cependant, ces maladresses formelles ne sont rien en comparaison du message de propagande explicite que l’intrigue ne prend même pas la peine de dissimuler. Après avoir posé de solides bases, le scénario commence à dénigrer l’Occident pour mieux valoriser le régime politique chinois. Il ne s’agit pas d’allusions ou d’une interprétation excessive des propos, mais d’un discours audible à plusieurs reprises. Alors oui, les Américains aiment insérer quelques élans patriotiques dans de tels métrages. Ici, on passe au niveau supérieur avec des formules scandées au moment de l’évacuation (« Faites confiance au parti […] C’est la seule voie possible […] »). On n’échappe pas non plus à l’esprit de corps et à la notion de sacrifice pour préserver l’intégrité et l’union nationales. Mention spéciale à la séquence du salut militaire lors d’une des dernières incursions en montagne…

Au final, Sauvetage au sommet s’avance comme un film catastrophe en demi-teinte. Avec une progression dynamique, l’approche initiale offre de belles perspectives pour la suite de l’histoire. À l’exception de la figure du héros prêt à mourir pour sauver les autres (et sa patrie), les protagonistes s’éloignent aussi des portraits caricaturaux usuels. Le métrage de Lee Jun pourrait se résumer à un blockbuster sommaire et néanmoins bien mené. Seulement, il manque de finition et de constance dans sa qualité graphique pour convaincre. Il aurait également gagné à se montrer plus impactant sans ce discours moralisateur à forte teneur propagandiste, aux limites du prosélytisme politique. Un film qui nécessite donc d’être pris avec mesure afin d’en préserver son caractère distrayant.

Note : 12/20

Par Dante

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