De : Ridley Scott
Avec Paul Mescal, Pedro Pascal, Connie Nielsen, Denzel Washington
Année : 2024
Pays : Etats-Unis
Genre : Péplum
Résumé :
Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.
Avis :
Il n’est plus question de présenter Ridley Scott, réalisateur britannique à qui l’on doit de sacrés morceaux de cinéma. Parmi les films les plus marquants du metteur en scène, en 2000, il ressuscite le péplum avec « Gladiator« , film devenu culte presque instantanément. Et avec le succès du film, très vite, une suite avait été envisagée sans que jamais celle-ci ne prenne vraiment vie. Pendant des années, Ridley Scott a voulu et essayé, sans jamais que ça ne débouche. En 2006, il y avait même eu un scénario tout prêt, signé Nick Cave, mais Ridley Scott l’a rejeté d’un trait, et pour cause, puisque le scénariste voulait ressusciter Maximus, renvoyé sur Terre par les Dieux pour assassiner le Christ… Puis l’histoire devait aller plus loin encore. Jetez un œil, ça vaut le détour, et heureusement, Ridley Scott a dit non.
Puis l’idée a été « abandonnée » lorsque Dreamworks cède les droits à la Paramount. Enfin, c’est en 2018 que l’idée d’un « Gladiator II » renaît, et après quelques déboires, notamment une grève de scénaristes et le Covid bien sûr, nous y sommes.
« »Gladiator II » se pose comme un péplum de bonne facture. »
Âgé de quatre-vingt-sept ans, Ridley Scott revient un an pile-poil après son décevant « Napoléon« , et cette fois-ci, le réalisateur se lance dans un projet pour le moins « couillu », puisqu’il donne une suite à « Gladiator« , excellent film qui se suffisait à lui-même, et dont on ne voyait pas très bien ce qu’il pouvait y avoir à raconter. Je dois dire que là, comme ça, l’idée d’une suite au film des années 2000, ça ne me tentait pas plus que ça, de peur que ça abîme finalement le premier, mais bon, porté par un bon bouche-à-oreille et finalement la curiosité d’y jeter un œil, je me suis laissé tenter, et malgré toutes les aberrations et les facilités d’un scénario qu’on voit arriver gros comme une maison, cette suite se pose comme une bonne surprise.
Des années après la mort de Maximus, Rome n’est plus qu’une ville où règne la corruption et surtout la terreur qu’ont imposé les deux empereurs, Geta et Caracalla. Les deux empereurs ont envie d’étendre la gloire de Rome, et pour fêter le retour de leur général, Marcus Acacius, ils organisent sept jours de jeux. De sa dernière quête, Le général Acacius a ramené des prisonniers, et parmi eux se trouve un esclave nommé Hanno, qui a l’air d’être différent des autres, animé par une rage folle, et cette rage, un homme qui forme des gladiateurs nommé Macrinus va s’en servir pour mettre Rome à ses pieds…
Vingt-quatre ans après « Gladiator« , Ridley Scott donne une suite à son histoire, et si on est assez loin des merveilles du film de 2000, « Gladiator II » se pose comme un péplum de bonne facture. Un péplum qui a ses défauts, mais aussi ses qualités, et lorsque l’on conjugue tout cela, le divertissement est au rendez-vous, et les deux heures et demie que dure le film ne se voient pas passer. Pour ce nouveau film, Ridley Scott offre une intrigue qui fait directement suite à « Gladiator« , et si cette dernière est plutôt alambiquée, tenant beaucoup sur la chance et les facilités du scénario pour arriver à voir Lucius revenir à Rome en tant que gladiateur, sur l’ensemble, « Gladiator II » demeure sympathique à suivre.
« Denzel Washington vole la vedette à absolument tout le monde. »
Ce qui est chouette avec cette intrigue, c’est que le scénario tient presque deux histoires dans l’histoire, avec d’un côté le retour de Lucius à Rome, avec ce désir de vengeance et les épreuves qu’il va devoir affronter dans l’arène pour avoir la peau de celui qui a tué sa femme en début de film. Puis derrière ça, il y a toute une intrigue politique dans les palais de la ville, avec là aussi une histoire de vengeance, et si la première est assez basique, laissant rappeler dans certaines de ses grandes lignes le premier film, la seconde se pose comme bien plus intéressante. Mieux encore, j’irais même jusqu’à dire que c’est cette seconde intrigue qui tient réellement le film, le rendant presque passionnant, alors même que là encore, si l’on fait bien attention, l’ensemble reste assez prévisible.
Avec ça, Ridley Scott a l’envie d’offrir un film plus démesuré que le premier, ainsi, en oscillant entre ces deux intrigues, il offre des séquences assez folles, où les gladiateurs vont devoir affronter bien plus que les hommes, babouins enragés, rhinocéros, requins, dans un Colisée inondé où se joue une bataille navale. Alors oui, cette dernière est totalement aberrante, ça ne tient pas la route une seconde, mais pour le coup, ça a sa petite tronche et c’est assez fun comme idée.
L’autre élément qui tient aussi le film, ce sont certains de ces personnages, et notamment celui de Macrinus follement incarné par Denzel Washington, qui vole la vedette à absolument tout le monde. C’est bien simple, si l’on ne devait en retenir qu’un, c’est bien ce personnage, vicieux, manipulateur et extrêmement intelligent. Denzel Washington n’est jamais aussi bon que lorsqu’il joue les pourritures. Après, le reste du casting est bon, offrant un Paul Mescal convaincant qui tient un personnage qui doit accepter sa destinée et son héritage.
« ce « Gladiator » se pose comme un bon divertissement »
Le film offre un Pedro Pascal plus intéressant que le personnage en a l’air au premier abord. Puis il y a les deux empereurs, incarnés par Joseph Quinn et Fred Hechinger, et même s’ils sont quelque peu dans la caricature de la tyrannie, ils en restent bons à suivre et à détester. Puis le film fait revenir Connie Nielsen, et brièvement Derek Jacobi, histoire de vraiment faire le lien avec précédent.
Du côté de la mise en scène de Ridley Scott, ce « Gladiator » se pose comme un bon divertissement, qui est très bien ficelé dans son rythme. Comme je le disais, les deux heures et demie ne se voient pas passer. Avec ça, le film est bien tenu, avec une reconstitution assez incroyable, avec de grands décors et des scènes qui ont de l’idée, même si parfois ça ne tient pas du tout la route. Après, même si ça tient la route, on restera quelque peu déçu, notamment du final, qui a une tendance à faire plein de promesses et il ne va pas du tout jusqu’au bout, faisant comme un plouf. On notera aussi un manque d’émotion, ce qui n’emmène pas le film plus loin, puis dans son montage, le film incorpore des scènes du premier film, tels des flashbacks bien trop appuyés. J’irais presque jusqu’à dire que c’est lourd.
Cette suite était très loin d’être nécessaire, mais bon, elle existe, et si on est loin, très loin, des merveilles du premier, et malgré ses défauts, voire ses côtés ridicules avec ce Colisée envahi de requins en CGI, sur l’ensemble, « Gladiator II » se pose comme un divertissement de bonne facture, qui offre finalement le divertissement qu’on était venu chercher, et ça en somme, ça donne une bonne surprise.
Note : 13,5/20
Par Cinéted