De : Neil Marshall
Avec Michael Fassbender, Dominic West, Olga Kurylenko, Noel Clarke
Année : 2010
Pays : Angleterre, France
Genre : Action, Historique
Résumé :
117 après Jésus-Christ : l’Empire Romain règne sur tout l’Occident. Pourtant, aux confins glacés du nord de l’Angleterre, l’armée romaine se heurte à la tribu des Pictes, des barbares sanguinaires qui maîtrisent parfaitement l’environnement. Afin d’éradiquer la menace, le gouverneur local fait appel à la légendaire 9ème légion du Général Titus Virilus, le bataillon d’élite de l’Empire. Mais, contre toute attente, la cohorte se fait massacrer au cours d’une terrible embuscade et le Général est fait prisonnier. Seul le Centurion Marcus Dias et quelques survivants échappent miraculeusement au carnage. Au lieu de battre en retraite, ces guerriers solitaires décident de tenter l’impossible : s’enfoncer en territoire ennemi pour délivrer Virilus…
Avis :
Au cours des années 2000, pour les amateurs de films d’horreur, un nom va rapidement émerger, celui de Neil Marshall. Réalisateur britannique, il se fait connaître en 2002 avec un film de loups-garous particulièrement réussi, Dog Soldiers. Sorte de huis-clos avec des soldats de l’armée anglaise qui vont devoir faire face à des loups-garous sauvages, le cinéaste montre qu’avec un petit budget, on peut faire de grandes choses. Et il va récidiver trois ans plus tard avec The Descent, film qui marquera l’histoire du cinéma d’horreur, pamphlet féministe et cauchemar pour les claustrophobes. Aujourd’hui, Neil Marshall n’est malheureusement plus considéré. Récemment, ses œuvres sont au mieux moyennes, et il ne semble plus animé par une fièvre créatrice horrifique. Pourtant, après The Descent, il va tenter des choses, et apposer son imagerie gore sur d’autres genres, comme la dystopie avec Doomsday ou le péplum avec Centurion.
S’intéressant de près à l’histoire de la neuvième légion de l’armée romaine, celle qui a mystérieusement disparue sans laisser de traces au Nord de l’Angleterre, Neil Marshall va tisser une intrigue avec pour ennemi, le peuple Picte. Ici, on va donc suivre un centurion qui se fait capturer par les pictes, qui arrive à s’échapper, à rejoindre la neuvième légion par heureux hasard, mais il va subir une nouvelle embuscade, et le général de la légion va se faire enlever. Avec les quelques survivants, il décide alors d’aller sauver le général des griffes des pictes. C’est le pitch de base de cette histoire, qui ne va jamais aller plus loin. Le réalisateur sait le matériau qu’il a dans les mains, il ne veut pas faire un truc grandiloquent à la Gladiator, parce qu’il n’en a pas les moyens, et du coup, il va proposer un survival sauvage.
« Centurion peut aussi se voir comme une petite critique politique. »
Le scénario de Centurion n’est pas vraiment le point fort du film. Il y a est question de survie et d’embuscades en chaîne, et c’est tout. Le démarrage est d’ailleurs assez équivoque, avec un premier traquenard, une fuite, un combat sanguinolent, qui va ensuite amener une autre embuscade avec le kidnapping d’un général. Puis, histoire de pimenter les choses, le film va mettre sur la route des survivants un drame qui amènera une revanche, affichant alors des velléités internes à la neuvième légion, notamment avec un personnage mauvais et égoïste. Cependant, malgré la minceur de l’histoire, il y a quand même quelques éléments malins, comme l’esprit d’équipe, l’honneur ou encore le fait que les plus puissants sont ceux qui ne sont jamais au combat et se permettent d’envoyer au front des pions. Oui, Centurion peut aussi se voir comme une petite critique politique.
Mais finalement, le plus intéressant dans tout ça, c’est la mise en scène de Neil Marshall qui impose son style grossier à un péplum. Point d’éléments horrifiques ou fantastiques ici, mais on retrouve des passages gores et les combats sont relativement sauvages. Le réalisateur va utiliser du sang à ne plus savoir qu’en faire, et histoire de faire des économies, nous aurons droit à quelques éclaboussures en sang numérique, ce qui gâche un peu l’expérience. Mais il ne faut pas être bégueule, car on retrouve des moments de bravoure assez intéressants, avec des mises en mort bien sales, à l’image de ce pauvre type qui va se faire éclater le visage contre un arbre. En faisant cela, Neil Marshall tente de récréer la violence des combats de l’époque, bien loin de sages affrontements que l’on peut avoir dans certains films historiques, et ça colle bien à l’ambiance recherchée.
« Une atmosphère qui se syncrétise par un climat froid. »
Une atmosphère qui se syncrétise par un climat froid, à l’image des pictes qui sont sans pitié et se battent pour garder leur indépendance. Un peuple sauvage certes, avec des coutumes barbares, mais qui démontre aussi un savoir-faire impressionnant dans l’art de la guerre. Si le film ne s’attarde pas trop sur ces personnages, laissant même de côté celui du roi picte, le rôle tenu par Olga Kurylenko est intéressant, dans le sens où le mot vengeance prend tout son sens. Avec elle, on peut se poser la question de qui est le plus barbare entre les pictes et les romains. Pour en revenir à cette ambiance froide, il est intéressant de noter que Neil Marshall a voulu tourner dans des décors naturels, ajoutant une plus-value non négligeable à son film, le rendant alors plus prégnant, et plus joli à regarder.
Et puis il serait injuste de ne pas citer la casting quatre étoiles. Si Michael Fassbender est, comme d’habitude, très bon dans le rôle-titre, on s’attardera volontiers sur les personnages secondaires, qui sont à peine esquissés, mais se révèlent attachants de par leur fidélité et leur droiture. On peut citer en vrac Dominic West, Noel Clarke, David Morrissey, Riz Ahmed ou encore Liam Cunningham et Imogen Poots, et chacun tient des rôles simples, mais qui ont leur importance dans l’histoire. Et très clairement, Olga Kurylenko tient le meilleur rôle de sa carrière (ce qui n’est pas bien difficile…).
Au final, Centurion est un film assez intéressant, et qui peut surprendre par sa simplicité. En effet, lorsqu’on cite les péplums, on a toujours tendance à y voir une fresque grandiloquente qui dure trois plombes, et Neil Marshall prend un peu le versant opposé, constituant un film court, concis, pas dénué de sous-texte pour autant, et qui va droit au but. Sanglant, violent, parfois cliché et jouant souvent avec les codes du heureux hasard, Centurion reste un film sympathique, honnête et relativement divertissant, ce qui n’est déjà pas si mal.
Note : 14/20
Par AqME