Avis :
Quand on monte un groupe, peu importe le style, on a forcément une sorte de bibliothèque mentale qui aura influencée ce que l’on joue. Que ce soit dans le Rock, le Métal ou encore la Pop, on part tous avec une base, des chansons qui nous ont marquées et auxquelles on a souvent envie de rendre hommage. Saxon a déjà fait des albums de reprises avec Inspirations et More Inspirations, et en 2018, ce sont les allemands de chez Mystic Prophecy qui se décident à le faire. Mystic Prophecy est un groupe de Power/Heavy, et forcément, on s’entend à ce qu’ils reprennent des classiques du Rock, mais ce ne sera pas forcément le cas. En effet, avec Monuments Uncovered, le groupe s’amuse à détourner certains titres Pop voire Disco pour les faire à la sauce Métal. Mais manque de bol, la magie n’opère pas…
Bien loin de dire qu’il s’agisse d’un mauvais album, mais on reste tout de même sur un objet qui tire sur la facilité. Si reprendre certains standards qui ont eu des succès monstres à leur époque peut être amusant, il faut aussi leur apporter quelque chose de neuf, mais Mystic Prophecy ne va pas faire ça, et il va juste se contenter d’ajouter des riffs un peu plus agressifs, et c’est bien tout. La douille se ressent d’ailleurs dès le premier morceau, avec You Keep Me Hangin’ On, une reprise de The Supremes. Le morceau en lui-même n’est pas mauvais, mais il demeure assez simple, on n’aura pas droit à un joli solo, et il lui manque clairement la patte Mystic Prophecy. On sent que le groupe se repose sur ses lauriers, et veut rendre hommage sans prendre trop de risque.
Pour autant, les intentions sont plutôt louables, notamment lorsqu’il faut s’attaquer à un chef-d’œuvre du Disco avec Hot Stuff de Donna Summer. Seulement, on ne dépasse jamais le stade du sympathique, et de la reprise rigolote qui rappelle surtout le bon vieux temps. Là aussi, il manque au titre un vrai prise de risque, et l’aspect version métal est à peine effleuré, avec un riff un peu rugueux en fond, mais ça reste trop timide. Par la suite, avec Shadow on the Wall, reprise d’un certain Mike Oldfield, on sent un peu plus le côté sombre et solide du métal. Le rythme est plus lent, la mélodie est plus lourde, et surtout, on entend enfin un petit solo à la guitare. Pas de quoi sauter au plafond non plus, mais ça reste le titre le plus intéressant depuis le démarrage.
Du moins celui qui n’évoque pas forcément l’original en se disant que c’était quand même un sacré morceau. Parce que lorsque l’on reprend du Lenny Kravitz, et en l’occurrence Are You Gonna Go my Way, en faisant quasiment la même que l’original en appuyant un peu plus le côté lourd des riffs, on entend bien que les allemands se reposent sur des choses connues qui marcheront de toute façon. C’est dans ces moments-là que l’on éprouve comme un repoussoir au niveau de l’album, qui semble être fait pour vendre et engendrer de la thune, plus que par la passion. Il en va de même I’m Still Standing de Sir Elton John. Il ne suffit pas d’appliquer le titre avec un riff rugueux pour que ça fonctionne. Il faut y apporter de la nouveauté, des éléments qui ajoutent de la plus-value à l’ensemble, et là, ce n’est pas le cas.
On passera bien évidemment sur Because the Night de Patti Smith, qui coche toutes les cases des défauts énumérés auparavant pour s’attarder un peu plus sur Space Lord. Ici, le morceau marche à plein régime parce que c’est une reprise de Monster Magnet, parce que c’est déjà du Stoner à tendance Métal, et que forcément, il est plus facile pour Mystic Prophecy d’y apporter sa touche. De ce fait, on est face au meilleur titre de l’album, mais c’est peut-être le seul qui vaut vraiment le coup d’oreille. Parce que par la suite, Get it On de T.Rex est agréable, mais ça reste dans le cahier des charges de l’album, tout comme Tokyo du groupe Tokyo, ou encore Proud Mary des incroyables Creedence Clearwater Revival. Reste alors The Stroke de Billy Squier, morceau un peu moins connu, et qui bénéficie donc d’une mise en avant non négligeable.
Au final, Monuments Uncovered est un album assez timide de Mystic Prophecy. Si les allemands sont capables du meilleur, c’est vraiment sur des compositions originales, et pas sur des reprises qui sentent la redite et se reposent trop sur les originales. Du coup, on écoute cet album en passant à une époque révolue, avec des morceaux cultes dans lesquels on veut se replonger, et pas forcément dans ces reprises qui n’apportent absolument rien. Si on passe un bon moment, on reste aussi dans l’attente d’un truc intéressant qui ne vient jamais…
- You Keep me Hangin’ On
- Hot Stuff
- Shadow on the Wall
- Are You Gonna Go my Way
- I’m Still Standing
- Because the Night
- Space Lord
- Get it On
- Tokyo
- Proud Mary
- The Stroke
Note : 11/20
Par AqME