Swallow the Sun – Shining

Avis :

Fondé au début des années 2000, Swallow the Sun est un groupe finlandais qui s’articule autour du Doom Métal, mais pas que. Il faut dire qu’au fil des albums et des changements de line-up, le groupe a su évoluer et proposer un style hybride qui cherche toujours à surprendre. Stable depuis 2015 et pas moins de trois albums, Shining se veut la continuité de Moonflowers sorti en 2021. Entendez par là des titres énervés avec un chant growlé qui côtoient des moments très calmes, avec un chant clair qui arrive à trouver des variations plus ou moins graves. Neuvième effort studio pour la formation, Shining n’apportait pas forcément d’attente avec lui, sinon celui d’avoir encore une fois un excellent album, et c’est clairement le cas, jouant avec nos émotions et tout le spectre musical lié au métal.

Le premier morceau est assez classique dans sa construction et dans sa mélodie. Innocence was Long Forgotten est un titre qui ouvre de façon intelligente l’album, avec un chant clair, un bon riff qui n’est pas forcément très agressif, mais un refrain qui reste un long moment en tête. Les finlandais misent énormément sur un mid-tempo étonnant pour leur style, et s’éloigne du Doom qui les caractérisait. Mais est-ce un mal ? Le titre fait amplement le taf et éveille notre curiosité quant à la suite. Une suite qui arrive avec What I Have Become et qui délivre cette fois-ci un gros son qui tache. C’est percutant, virulent, on ressent toutes l’influence du Doom dans ce démarrage, et même si ça se calme autour du refrain, le groupe arrive à manier à la perfection ses influences et par la même occasion, nos attentes.

Puis déboule MelancHoly qui va être un vrai petit banger. Le titre parait relativement simple dans sa construction, mais il se fait extrêmement touchant dans sa mélodie, et surtout, il bénéficie d’un refrain ultra catchy qui reste un très long moment en mémoire. D’ailleurs, il est bien impossible de ne pas chanter au bout d’une paire d’écoutes. Alors oui, les « true » métalleux diront que c’est mièvre et sans véritable coup de rein, mais ça reste un morceau efficace à plus d’un titre et qui sort des carcans du genre. Puis avec Under the Moon & Sun, le groupe va fournir une pièce très mélancolique, qui s’éventure vers un métal alternatif à la fois brillant et pourtant assez sombre. On y retrouve un break en chant growlé plutôt doux, et il ressort de l’ensemble un vrai sentiment de plénitude sombre, comme une fin de vie souhaitée.

En fait, ce début d’album est relativement posé et calme. Si on retrouve quelques saillies percutantes, on reste sur un album qui mise tout sur sa mélancolie. De ce fait, quand Kold arrive, on va en prendre plein la tronche. Le titre est virulent, lourd, quasiment uniquement en growl et il ressort de la masse de par sa qualité percutante. Une preuve que Swallow the Sun peut nous manipuler comme il le souhaite. Mais le côté doux revient avec November Dust, un long morceau calme qui commence avec du piano/clavecin pour ensuite partir vers un Doom assez timide, mais follement mélancolique et triste. Le titre sera à coupler avec Velvet Chains, un titre qui pourrait presque faire office d’interlude, avec un chant féminin qui vient adoucir encore un peu plus le propos du groupe. Et cela risque d’en rebuter plus d’un, mais c’est tellement bien fichu…

Pour les trois derniers morceaux, le groupe continue son exploration dépressive et offre des titres différents, mais là aussi extrêmement efficaces dans leur genre. Tonight Pain Believes s’avère assez langoureux, tout en détenant un refrain qui reste immédiatement dans le crâne. Puis Charcoal Sky va venir titiller notre fibre amatrice de Death, avec un début tonitruant, qui trouvera de la douceur dans son refrain, porté par un chant clair sublime. Enfin, histoire de finir sur quelque chose de plus long et complexe, le groupe propose Shining qui dépasse allègrement les huit minutes et bénéficie d’une structure plus complète, et d’un travail de zinzin au niveau de la musicalité. On y trouvera du saxophone, du piano, des riffs agressifs qui côtoieront des nappes douces, ainsi qu’un chant guttural qui siègera à côté d’un chant clair doux. Bref, un titre complet qui démontre toute la dichotomie du groupe.

Au final, Shining, le dernier album en date de Swallow the Sun, est une fervente réussite, qui arrive à jouer avec les genres et les émotions, sans pour autant se renier ou appréhender un virage à 180°. Les finlandais continuent leur exploration des sentiments, jouant perpétuellement entre violence et douceur, lumière et sombreur, à l’image de cette pochette étonnante pour du « métal ». Bref, un album complet et inspiré.

• Innocence was Long Forgotten
• What I Have Become
• MelancHoly
• Under the Moon & Sun
• Kold
• November Dust
• Velvet Chains
• Tonight Pain Believes
• Charcoal Sky
• Shining

Note : 17/20

Par AqME