novembre 5, 2024

Fario – Ecologie des Truites

De : Lucie Prost

Avec Finnegan Oldfield, Megan Northam, Florence Loiret Caille, Léna Laurent

Année : 2024

Pays : France

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Léo, jeune ingénieur brillant et fêtard qui vit à Berlin, doit rentrer dans son village du Doubs pour vendre les terrains agricoles de son père à une entreprise de forage de métaux rares. Il retrouve sa mère, sa petite sœur, ses copains et son cousin, en désaccord avec le projet de mine. Rapidement, Léo observe d’étranges comportements chez les farios, ces truites qui peuplent la rivière. Il se lance alors dans une enquête hallucinée…

Avis :

Lucie Prost est une jeune réalisatrice française qui a pris son temps pour arriver à ce premier long-métrage qu’elle a peaufiné au cours des années. Natif du Jura, elle est montée sur Paris au début des années 2010, et après des études de théâtre et de sciences sociales, elle réalise un premier court-métrage en 2016. Très vite, elle se met à travailler sur un film qui portera le titre « Les truites« . Elle castera alors Finnegan Oldfield en 2019. Entre temps, elle sera scénariste pour des mini-séries que l’on trouve sur France 3, puis elle réalise un second court en 2021.

Il lui aura alors fallu sept ans pour que ces « … truites« , finalement retitré « Fario« , voit le jour. Pour son premier long-métrage, Lucie Prost n’a pas choisi la facilité, puisque « Fario » est un film qui va être moins évident qu’il n’y parait. Intéressant dans sa démarche, mélangeant les genres, « Fario » est une sorte de « Erin Brockovich » qui propose tout un tas de choses, qui peut se faire aussi libre d’interprétation, mais au-delà de ça, malgré son ambiance, malgré ses bons comédiens, « Fario » est un premier film plein de maladresses, qui à force de conjuguer les genres et les thèmes, apparaît comme confus, dans le sens où l’on se demande vraiment de quoi sa metteuse en scène a envie de parler.

«  »Fario » touche l’écologie via tous les sujets qu’il évoque. »

Léo est un jeune ingénieur qui habite à Berlin. Revenant dans le Jura pour quelques jours, Léo doit vendre les parcelles de terre de son père agriculteur récemment décédé. Les parcelles de terre, Léo va les vendre à une société qui cherche des matériaux rares dans la région. Si Léo sait exactement ce qu’il veut faire, très vite, il se trouve fasciné par le chantier, et avec ça, il se passionne pour les truites de la région qui n’ont pas l’air d’être comme d’ordinaire. Et si le chantier en question polluait la rivière, malgré tous les tests qui « disent » que non ? Léo va alors mener une enquête nocturne qui va s’avérer plus étrange qu’elle n’y parait.

Sur le papier, « Fario » est un film qui n’a pas grand-chose qui m’attirait vraiment, si ce n’est le fait que ce soit un premier film. Comme je le disais plus haut, « Fario » est un film qui est intéressant, et qui tient sa petite ambiance. Pour ce premier long, Lucie Prost a choisi de faire un film qui sera volontairement flou, dans le sens où il peut être sujet à interprétations. En effet, si au travers de son récit, « Fario » touche l’écologie via tous les sujets qu’il évoque, avec cette histoire de multinationale qui rachète des terres aux paysans, détruisant petit à petit le secteur agricole, et bien sûr, on y parlera de pollution, « Fario » sera aussi moins évident que cela.

« Lucie Prost offre un premier film plein de maladresses. »

Pour parler de la pollution, le regard du film se pose sur une rivière et ses truites, qui disparaissent pour certaines et s’adaptent à leur nouvel environnement pour d’autres, et les effets de cette adaptation peuvent venir de l’effet d’autre chose, car le personnage principal se drogue énormément, et sans jamais vraiment aller dans un sens ou dans l’autre, on peut facilement y voir les effets de cette consommation à outrance, d’autant plus qu’à cela, la réalisatrice aborde le deuil. Trouver quelque chose qui ne va pas chez ces poissons, et plus largement dans l’environnement, ne serait-ce pas une façon de faire le deuil d’un père paysan qui s’est suicidé ? La question est posée, et elle ne trouvera de réponse que dans l’interprétation que l’on fera de ce « Fario« .

Avec cette idée, le film de Lucie Prost est donc moins évident qu’il ne le laissait penser au premier abord. Après, restera toutefois que si « Fario » a de bons, voire de très bons, éléments, sur son ensemble, Lucie Prost offre un premier film plein de maladresses. Certes, c’est volontaire, mais on pourrait dire que c’est trop volontaire et qu’elle y met trop de choses. En plus de l’écologie, l’environnement, la pollution, le deuil, la réalisatrice aborde aussi la famille, les amies, l’éloignement, la reconstruction, l’amour, l’homosexualité dans les campagnes, le monde agricole qui étouffe, le traumatisme laissé par un suicide pour ceux qui restent, la drogue, ses effets…

« Finnegan Oldfield trouve un vrai fond. »

Et j’en oublie, et finalement, à force de trop en mettre, dans un film qui ne fait qu’une petite heure et demie, on se pose la question fatidique : de quoi veut vraiment parler du film ? Car là encore, c’est loin d’être évident. Et alors que le film a tout un tas de sujets, beaucoup d’entre eux ne sont pas développés, tout comme beaucoup de personnages en arrière-fond restent survolés, je pense notamment à ceux tenu par Andranic Manet et Idir Chender, dont les personnages avaient tout pour être passionnants, et finalement, malgré de bons comédiens, ça tombe à plat. Idem pour le personnage tenu par l’excellente Florence Loiret-Caille. Seul, finalement, celui tenu par Finnegan Oldfield trouve un vrai fond, même s’il aurait pu là encore être plus développé.

Ainsi, je ressors partagé de ce premier film qui a ses qualités, et qui présente le travail d’une jeune réalisatrice qui a franchement de quoi être intéressante, mais sur l’ensemble de ce « Fario« , lorsque l’on fait la conjugaison de ses qualités et ses maladresses, et surtout de sa trop envie d’en mettre, il restera un film intéressant et anecdotique à la fois, dont finalement, le seul élément qui lui fait passer un petit cran au-dessus, c’est sa source à interprétations, entre drame humain et social, ou cinéma qui lorgne du côté du fantastique.

Note : 10,5/20

Par Cinéted

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