février 16, 2025

Niki – Beau mais Chiant

De : Céline Sallette

Avec Charlotte Le Bon, John Robinson, Damien Bonnard, Judith Chemla

Année : 2024

Pays : France

Genre : Biopic

Résumé :

Paris 1952, Niki s’est installée en France avec son mari et sa fille loin d’une Amérique et d’une famille étouffantes. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. Niki trouvera son chemin vers la lumière et dans l’art une arme pour s’en libérer.

Avis :

Céline Sallette est une actrice que j’aime beaucoup. Découverte dans « L’Apollonide-Souvenir d’une maison close« , il y a plus de dix ans maintenant, Céline Sallette s’est imposée comme une comédienne qui compte dans le paysage du cinéma français. « Mais vous êtes fous« , « Les années folles« , « Les revenants« , « La French« , « Rouge« … L’actrice a une très belle filmographie et aujourd’hui, elle franchit un nouveau cap, puisqu’avec « Niki« , elle signe son premier long-métrage en tant que metteuse en scène. Un film qui fut loin d’être facile à faire, puisqu’elle a rencontré des problèmes dans son écriture, puis dans son montage, et plus difficile encore, alors qu’elle réalise un film sur l’artiste Niki de Saint Phalle, Céline Sallette n’a pas eu les droits de montrer les œuvres de son artiste.

Ainsi, pour son premier film, Céline Sallette a décidé de s’arrêter sur l’artiste-peintre, sculptrice et plasticienne Niki de Saint Phalle, et autant dire qu’à la découverte de sa bande-annonce, « Niki » donnait terriblement envie de s’y arrêter. Mais voilà, si on ne peut nier la beauté visuelle du film, l’esthétisme et les idées, tout comme on ne peut nier l’excellence de Charlotte Le Bon, qui trouve un rôle compliqué qui a dû la laisser sur le carreau émotionnellement parlant, cela ne suffira pas à faire de « Niki » un bon film. Entre problèmes d’écriture, problèmes de mise en scène qui s’étire et s’attarde, et ce manque des œuvres de l’artiste, « Niki » est un film qui ennuie plus qu’il ne passionne, et ça, c’est franchement dommage.

« On pourrait avoir l’impression de voir un tableau en mouvement. »

Paris, 1952, Niki de Saint Phalle vient de s’installer en France avec son mari. La famille a quitté une Amérique étouffante, pour une France plus libre. Alors que Niki est loin de sa famille, cette dernière reste très présente dans ses pensées. Des pensées qui l’envahissent de plus en plus, au point qu’elle finit par faire un séjour en hôpital psychiatrique, et c’est là, dans cet endroit austère, qu’elle va trouver une arme qui va la libérer…

Eh bien me voilà bien déçu de ce premier film de Céline Sallette. « Niki » est un film qui a des qualités indéniables, la première étant son visuel qui en plus d’être ô combien superbe, démontre l’envie de cinéma de sa réalisatrice. Dès les premières images de « Niki« , le film est beau, et le choix d’une image en 4/3 s’impose comme évident pour ce film-là. Ici, chaque plan, chaque séquence, est redoutablement conçu, au point que parfois, on pourrait avoir l’impression de voir un tableau en mouvement. Toujours du côté de son esthétisme, le film tient une lumière sublime que l’on doit à un jeune chef op, Victor Seguin, à qui l’on doit les images de « Revenir« , « Gagarine« , ou encore « À Plein temps« .

Ensuite, pour continuer dans les très belles choses que le film nous apporte, il faut que l’on s’arrête sur Charlotte Le Bon qui tient un rôle terriblement difficile et qui livre une interprétation magistrale. Étouffée et tout en souffrance, hantée par son passé, Charlotte Le Bon compose une Niki de Saint Phalle juste et intéressante, même si, malheureusement, derrière ça, le film manquera d’émotion.

«  »Niki » est un film qui se pose comme une déception. »

C’est même assez étrange d’avoir un personnage aussi poussé et intéressant que cela, avec une vie difficile et folle, d’autant plus que Céline Sallette s’arrête sur une période formatrice pour l’artiste, une période où elle s’émancipe et se trouve, mais malgré tout ça, on ne sera pas plus touché que ça par ce destin hors norme, la faute à un film qui résonne peut-être trop dans l’air du temps, et laisse la sensation qu’il a plus été fait pour parler de violence et des dégâts faits dans l’enfance et qui laissent des traces adultes, plus qu’un film qui s’intéresse à son artiste.

Alors, c’est vrai que comme je le disais plus haut, Céline Sallette n’a pas eu le droit de montrer des œuvres de Niki de Saint Phalle à l’écran. Il lui a donc fallu trouver un moyen de suggérer le tout, ce qui fait que l’on voit l’artiste créer, mais ses créations sont hors champ, ce qui laisse un sentiment-là encore très étrange. C’est assez étonnant de faire un film sur une artiste, et de ne rien montrer de ce qu’elle fait. Céline Sallette dit alors qu’elle a apprécié cette contrainte, car ça lui a permis de filmer Niki en train de créer, sans que l’on juge ses œuvres, et si pour certains, ça fonctionne bien, pour ma part, ça m’a laissé sur un manque.

Si on ajoute à cela une mise en scène qui a tendance à s’étirer et rallonger des scènes que l’on a très vite compris, on finit par se retrouver devant un film qui, à la longue, commence à ennuyer le spectateur, comme si finalement, la vie, l’œuvre et les déboires amoureux et « psychologiques » de son personnage nous laissent sur le côté de la route. On aurait bien envie de monter dans ces voitures qui veulent nous prendre en stop, mais il y a quelque chose qui fait que l’on reste là, à regarder tout le monde passer sans jamais être embarqué, et c’est terriblement dommage.

Ainsi, ce premier film de Céline Sallette, malgré de bonnes idées, une envie de cinéma palpable et une Charlotte Le Bon démentielle, « Niki » est un film qui se pose comme une déception. Manquant d’intérêt, manquant d’émotion, manquant d’intrigue autour du travail de son artiste, même si on voit bien où la réalisatrice veut aller, « Niki » se fait long et au bout du compte, il ne marquera pas notre année de cinéma, même si, et j’y reviens, il présente Céline Sallette en tant que réalisatrice, et de ce côté, de par l’esthétisme de son film, on ne peut le nier, elle a quelque chose. Ainsi, même si « Niki » n’est pas un excellent film, on reste curieux pour la suite de Céline Sallette.

Note : 08/20

Par Cinéted

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