Titre Original : Lee
De : Ellen Kuras
Avec Kate Winslet, Andy Samberg, Alexander Skarsgard, Marion Cotillard
Année : 2024
Pays : Angleterre
Genre : Biopic
Résumé :
L’incroyable vie de LEE MILLER, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray devenue l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.
Avis :
Réalisatrice américaine, Ellen Kuras est une jeune cinéaste qui sort avec « Lee Miller » son premier long-métrage de fiction. Pourtant, malgré ce premier film, la metteuse en scène de soixante-cinq ans est loin d’être une débutante. Grande directrice de la photographie, Ellen Kuras a signé les photos de bons nombres de grands films tels que « Eternal Sunshine Of The Spotless Mind« , « Blow » ou encore « He Got Game« . Ayant des envies de réalisation, on commence à retrouver son nom aux génériques d’épisodes de série télé. Pendant un temps, elle travaille sur « Ozark« , « Legion« , « Umbrella Academy » ou « Catch 22« .
Il y a plusieurs années, Ellen Kuras était dans une librairie à New York, et elle est tombée sur un ouvrage qui parlait de Lee Miller. Très vite, la réalisatrice remarque une ressemblance entre la photographe et Kate Winslet. Ellen Kuras achète alors le livre, et l’enverra à Kate Winslet. L’actrice se prendra d’affection et de passion pour Lee Miller et elle va se lancer dans la production du film. Il aura alors fallu plus de dix ans à Kate Winslet pour que le film voit enfin et le jour, et l’on peut lui dire merci, ainsi qu’à Ellen Kuras, car « Lee Miller » est l’un des plus beaux films de cette année. Passionnant dans sa reconstitution, féministe, sensible, riche et détaillé en plus d’être surprenant… Bref, c’est un quasi sans faute.
« Incroyablement incarnée par Kate Winslet. »
Ex modèle et muse, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Lee Miller commence alors à faire des photos et elle va en proposer certaines à la branche anglaise du magazine Vogue. Devenue photographe de guerre pour le magazine, Lee Miller va d’abord photographier Londres, puis vers 1944, elle va être envoyée sur le front et les photos qu’elle va faire sur place vont faire partie des plus marquantes prises pendant la Seconde Guerre mondiale.
Première surprise du festival de Deauville, « Lee Miller » est un film que j’imaginais comme un petit biopic classique comme on en a déjà vu pas mal. Et s’il est vrai qu’il est bien classique en un sens, ce premier film pour Ellen Kuras va surtout se poser comme un excellent film qui saura tenir et surprendre son spectateur jusqu’à la dernière minute.
Doté d’un scénario tout fait, où il sera question d’interviews dans les années 70, « Lee Miller » est un film qui nous plonge dans une artère de la Seconde Guerre mondiale, pour nous livrer le plus beau portrait de femme de cette année. Une femme forte et pleine de blessures à la fois, qui est incroyablement incarnée par Kate Winslet. Construis comme un récit en plusieurs étapes, ce qui est excellent avec « Lee Miller« , c’est la façon dont Ellen Kuras nous fait vivre la prise d’engagement et l’évolution de cette femme, qui va passer de muse et épouse tranquillement à la maison, à une femme engagée, qui est comme aspirée par la guerre.
« »Lee Miller » est un film qui arrivera à se faire surprenant jusqu’au bout. »
Et une fois cette étape passée, un peu comme elle le dit elle-même, « – Une fois Paris libérée, ce ne fut que le commencement de mon voyage… ». Ainsi, au cours de ce récit, le personnage ne va faire que s’étoffer et son regard sur la guerre, sur le monde qui l’entoure, sur ses amis, et surtout sur ce qu’elle va découvrir, se fait de plus en plus rude. Rien ne nous sera épargné, le front, des retrouvailles bouleversantes, la découverte des camps …
L’ensemble est très bien écrit, d’autant plus que jamais le film ne sombre dans le misérabilisme ou le spectaculaire, alors même qu’il y a de quoi faire. Non, Ellen Kuras reste toujours à la bonne distance, et laisse son personnage être le témoin des horreurs. Il y a même quelque chose de très pudique dans la façon dont sont montrées les émotions de son personnage face aux chamboulements. Puis enfin, dernier élément de taille, « Lee Miller » est un film qui arrivera à se faire surprenant jusqu’au bout, avec des rebondissements qui étoffent une dernière fois le récit et le personnage. Bref, je le répète, c’est très bien écrit, c’est touchant, c’est utile, et c’est beau.
« Ellen Kuras a mis tout ce qu’elle avait. »
Forte de son expérience en tant que cheffe opératrice, Ellen Kuras a mis tout son savoir-faire dans ce premier film, livrant un métrage sublime. La photographie est à tomber par terre, les décors sont superbes, et la façon dont les décors et les accessoires sont gérés est toujours juste. Puis le film navigue entre les genres, drame, film de guerre, romance, film historique, Ellen Kuras a mis tout ce qu’elle avait, et ça fonctionne merveilleusement. Idem, du côté de l’émotion, la réalisatrice sachant toujours souffler la bonne dose pour que son film soit en permanence juste.
En plus de Kate Winslet qui est formidable, « Lee Miller » est aussi un film avec un casting cinq étoiles où l’on trouve un excellent Andy Samberg en reporter de guerre et ami, les françaises Marion Cotillard et Noémie Merlant qui, même si elles n’ont que de petits rôles, arrivent à être touchantes, et surtout leurs personnages servent bien le récit. À noter aussi Josh Connor, dans une période plus proche, puisque c’est grâce à lui, grâce à son interview, que l’on plonge dans cette histoire.
Au bout du compte, j’ai adoré découvrir ce personnage et son histoire. « Lee Miller » est le premier film d’Ellen Kuras, et quel premier film la réalisatrice livre là. « Lee Miller » est un récit passionnant, un regard sombre et beau en même temps, un film engagé et féministe, et au-dessus de tout cela, « Lee Miller » est tenu par une Kate Winslet épatante d’un bout à l’autre.
Note : 17/20
Par Cinéted