février 10, 2025

Hold Your Breath – Alors qu’un Coup de Swiffer Suffit

De : Karrie Crouse et Will Joines

Avec Sarah Paulson, Amiah Miller, Alona Jane Robbins, Annaleigh Ashford

Année : 2024

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Drame

Résumé :

Oklahoma, années 1930. Une jeune mère, hantée par son passé, est piégée dans d’horribles tempêtes de poussière. Convaincue que sa famille est menacée par une présence mystérieuse. Elle va tout faire pour la protéger…

Avis :

Le monde de l’horreur a toujours eu plus ou moins ses stars, se figures incontournables qui continuent aujourd’hui de marquer en choisissant des projets plus ou moins douteux. Les plus rompus vous évoqueront Robert Englund, Lance Henriksen ou encore Jamie Lee Curtis, mais il y en a une pelletée. Si on prend des actrices qui ont percé assez récemment, on peut parler de Sarah Paulson. Si sa carrière débute dans les années 90, elle va surtout marquer les années 2010 grâce à ses rôles récurrents dans la série American Horror Story. A partir de là, elle va cumuler des rôles plus ou moins iconiques dans le thriller et l’horreur, à l’image de la série Ratched, où elle campe l’infirmière tyrannique de Vol Au-dessus d’un Nid de Coucou, ou encore Bird Box et Glass. Hold Your Breath est le premier film auquel elle participe en tant que productrice.

Et il se pourrait bien que ce soit l’un de ses premiers échecs, car très clairement, ce film ne tient pas vraiment la route, malgré un début prometteur. Ici, nous sommes en 1930, dans l’Oklahoma, et on va suivre une mère qui vit seule avec ses deux filles, car son mari est parti construire un pont quelque part. Ces trois femmes vivent dans une maison, au milieu de nulle part, ou tout du moins d’un désert où la poussière règne en maître. Inquiète pour ses filles, la famine commence à pointer le bout de son nez, et les choses se dégradent lorsque la plus grande des filles lit une histoire d’horreur, l’homme gris, racontant la légende d’un tueur se dissimulant dans la poussière. Entre paranoïa, folie à cause de la faim et hallucinations, cette mère courage va tout faire pour protéger ses filles, mais les protège-t-elle vraiment ?

« Il manque au film de la nuance, et une envie de plus percuter le spectateur. »

Il ne faut pas sortir de St-Cyr pour comprendre où veut en venir le film. Le scénario se révèle sans surprise dans son déroulement, avec cette femme qui perd pied petit à petit, se noyant dans sa propre paranoïa, se nourrissant des ragots que l’on raconte dans la ville, et se laissant influencer par les histoires lues par sa fille aînée. Le duo de réalisateurs tente de faire monter la sauce petit à petit, notamment en montrant que cette folie ne touche pas uniquement notre « héroïne », mais aussi la voisine qui, en perdant son fils aîné dans une tempête de poussière, va se laisser mourir et entrainer avec elle son plus jeune garçon. Malheureusement, cette tension ne prend jamais vraiment à cause d’un rythme trop lancinant et d’une absence profonde de personnages empathiques. C’est bien simple, on ne s’accrochera à personne dans cette histoire.

Cette mère de famille a beau se démener pour être aimante, et surprotéger ses filles, on ne croit pas une seule seconde à son dévouement, et on sent bien que la folie commence à s’emparer de son esprit. Il manque au film de la nuance, et une envie de plus percuter le spectateur. Ici, on devra faire avec une paire de jumpscares pas forcément intéressants, et surtout, un antagoniste qui ne fait pas le poids. Cet homme en gris se synthétise en la personne d’un pasteur étrange, qui semble doté de pouvoirs guérisseurs, mais qui cache un lourd secret. Un personnage que l’on va à peine croiser, pour ne changer s’en débarrasser réellement. Le film se fourvoie complètement sur ses intentions et ne parvient pas à nous convaincre, ni par son scénario, ni par son déroulement qui devient vite soporifique.  

« La mise en scène est plutôt jolie. »

Et que dire du cadre dans lequel on avance. Pourquoi placer son intrigue dans les années 30, en Oklahoma, si pour ne rien en faire ? Cette histoire pourrait très bien se passer de nos jours, sur un plateau désertique des Etats-Unis, rien ne changerait d’un iota. Alors oui, on pourrait très bien dire que c’est pour montrer que cette histoire de femme courage est transgénérationnelle, mais ce serait se foutre légèrement de notre gueule. Et puis il est difficile de croire que même à cette époque, lorsque les conditions étaient si difficiles, il ne fallait pas quitter sa maison pour vivre ailleurs. Oui, il y a bien la tombe d’un enfant mort qui empêcher la mère de partir, n’arrivant pas à faire le deuil, mais c’est une raison qui perd de sa force lorsqu’elle se rend compte que ses deux filles vivantes meurent à petit feu dans ce coin désertique.

Alors, il ne reste pas grand-chose pour mettre en valeur ce film. Certes, la mise en scène est plutôt jolie. Le début se fait surprenant, avec une belle palette de couleurs qui rompt avec ce que l’on a l’habitude de voir dans le cinéma d’horreur. D’un point de vue technique, c’est beau, c’est bien filmé, et il y a un personnage qui se révèle imposant, la poussière, qui se fait de tous les plans, avec des zooms sur les rais de lumière pour voir ces particuliers en suspension qui vont créer une certaine tension. On peut aussi se laisser charmer par le début, et cet environnement hostile qui représente un vrai danger. Et puis Sarah Paulson est, comme à son habitude, habitée par son personnage, même si elle n’a pas grand-chose à dire ou faire. D’ailleurs, cela ne suffit pas à redresser la barre du long-métrage.

Au final, Hold Your Breath est un petit ratage. Cette exclusivité Disney+ ne tient pas vraiment sur la longueur et manque cruellement de souffle et d’ampleur. L’histoire est bien trop timide pour réellement nous marquer, mais surtout, on ne comprend pas bien pourquoi s’imposer un cadre historique si c’est pour ne jamais l’utiliser, pas même dans l’ambiance qui reste assez plate. Bref, Sarah Paulson se plante en beauté, même si elle reste excellente dans son rôle, et on ne peut pas dire que Disney+ propose un vrai film d’horreur intéressant…

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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