mars 29, 2024

Une Histoire d’Amour

De : Hélène Fillières

Avec Benoit Poelvoorde, Laetitia Casta, Richard Bohringer, Reda Kateb

Année : 2013

Pays : France, Belgique, Luxembourg

Genre : Drame

Résumé :

Elle l’a rencontré un soir de printemps, elle est devenue sa maîtresse.
Il lui a offert un revolver, elle une combinaison en latex.
Imprudent, il lui a proposé un million de dollars.
Insatiable, elle est venue lui rappeler ses promesses…

Avis :

Hélène Fillières est une actrice qui a un très joli parcours, fait de cinéma d’auteur et de cinéma plus grand public. Elle commence à tourner dans les années 90 dans les courts-métrages de sa sœur aînée, Sophie Fillières. Très vite, la jeune actrice gagne du terrain, entre un petit boulot de traductrice, un soupçon de mannequinat, Hélène Fillières commence surtout à s’installer dans le paysage du cinéma, trouvant des rôles de plus en plus importants. En 2002, elle sera nommée au César en tant que révélation féminine. Puis elle enchaîne les collaborations notamment avec Tonie Marshall, mais c’est en 2006 que le grand public la découvre plus largement, quand elle devient la tête d’affiche de la série « Mafiosa« .

Comme beaucoup d’acteurs et d’actrices, Hélène Fillières est attirée par la réalisation et elle passe tout d’abord le cap en 2006 avec un court-métrage, « Mademoiselle Y« . En 2005, un fait divers va défrayer la chronique, le meurtre d’Edouard Stern, banquier richissime, trente-septième fortune de France, l’homme fut retrouvé chez lui abattu, et vêtu d’une combinaison en latex qui révèle les pratiques sadomasos du banquier dans sa vie privée. De cette tragique histoire est né un roman, « Sévère« , écrit par Régis Jauffret.

S’intéressant à cette histoire qui réunissait tous les ingrédients pour faire un film noir, Hélène Fillières arrive à convaincre et ainsi réalise son premier film. Réunissant un casting aussi inattendu qu’intriguant, « Une histoire d’amour » va s’avérer être une belle déception. Long, incohérent, et surtout bordélique, au point qu’on a bien du mal à saisir les relations entre les personnages, ou même les personnages eux-mêmes, « une histoire d’amour« , malgré quelques bonnes idées et un duo plutôt convaincant, demeure un beau ratage de son ouverture à son générique.

Edouard Stern est un banquier à qui tout réussi. Un soir, il rencontre Cécile, une jeune femme avec qui il va nouer des liens aussi fort qu’étranges. La jeune femme va initier Stern au sadomasochisme. Au fur et à mesure des semaines, leur relation se dégrade, entre rapports de force, engueulades, réconciliation à coups de martinet. Puis il va y avoir une promesse faite, un cadeau et surtout une phrase qui va tout faire basculer…

Le meurtre de celui qu’on a surnommé le banquier de Sarkozy par sa maîtresse a fait couler beaucoup d’encre et il était presque logique à la vue de tous les éléments réunis, que cinéastes, scénaristes et autres écrivains et documentalistes finissent par s’y intéresser. Si Olivier Assayas s’en sera inspiré pour son « Boarding Gate« , c’est Hélène Fillières qui, à travers une intrigue où les noms ne seront jamais prononcés, va se charger de transposer cette histoire sur grand écran.

Si l’on pouvait s’attendre à un film noir, à un thriller sous tension et un film où l’histoire d’amour virerait au tragique, alors on va être très déçu par le premier film d’Hélène Fillières, car « Une histoire d’amour » est une œuvre qui essaie d’imposer un point de vue et au-delà de ça, une ambiance et un style, mais jamais, ô grand jamais, elle ne va y parvenir.

On pourra laisser à cette « … histoire d’amour » quelques idées de mise en scène, et une façon de faire qui nous offre de belles images et le côté dérangeant qu’on était venu chercher. Si on pourra lui laisser aussi un bon duo d’acteurs qui s’en sort très bien, entre une Laetitia Casta convaincante dans la peau de cette maîtresse en mal d’amour qui se fait totalement bouffer dans une relation toxique, ou encore un Benoit Poelvoorde étonnant, qui assure dans un rôle sombre et trouble, pour le reste, il n’y aura pas grand-chose à en retenir.

Long et plat, le principal souci que trouve sur sa route cette « … histoire d’amour« , c’est son scénario et son idée, son point de vue. C’est bien simple, on ne comprend rien à cette histoire, qui survole finalement complétement l’affaire. La relation entre les deux amants est trouble et surtout elle est difficilement compréhensible, dans le sens où à aucun moment, la réalisatrice arrive à nous faire ressentir cette histoire d’amour (ou de manipulation) qui pourra tôt ou tard engendrer ce meurtre. D’ailleurs, en parlant du meurtre, la réalisatrice va se permettre des libertés avec le réel. Dans certains films, prendre des libertés avec les évènements passés ne dérange pas plus que ça, car souvent, c’est sûr l’entièreté de l’histoire qu’elles sont prises, mais là, l’intrigue en question veut coller au plus près et au moment le plus important de l’histoire, le point culminant, celui qui va tout déclencher, rien ne va se passer comme l’enquête et les témoignages le racontent, et c’est très bizarre, on a l’impression que finalement, personne n’a assumer ce projet jusqu’au bout.

De plus, toujours du côté de son scénario, en plus des éléments cités plus haut, il faut aussi mentionner ses allers/retours incessants entre passé et présent. Ces allers/retours cassent le rythme et surtout, ils embrouillent le film, car Hélène Fillières n’a pris que des passages qui sont inintéressants. Ainsi, tout ce qui se passe dans l’avion qui ramène Cécile Brossard en France n’a pas de sens dans l’intrigue et surtout, au-delà de ça, ça ne raconte rien finalement. Ce sentiment, on le trouve aussi dans le personnage incarné par Richard Bohringer. Franchement, si quelqu’un a compris le but de ce personnage, qui ne dit rien, et qui est filmé la plupart du temps en regardant dans le vide, une clope au bec, je suis preneur d’explications.

Ce premier film pour Hélène Fillières est donc un ratage total. Long, inintéressant, ennuyant et surtout confus dans ce qu’il raconte et dans ses idées, cette « … histoire d’amour« , alors qu’elle tient un matériel de base très intéressant, donne une sensation de n’être rien, de n’offrir rien et par conséquent de passer totalement à côté de tout ce qui aurait pu faire la richesse de cette affaire. On a l’impression qu’Hélène Fillières se serait laissée attirer par une affaire sulfureuse pour attirer les regards et réaliser un film. Bref, ce résultat est triste et dommage.

Note : 07/20

Par Cinéted

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