De : Gaël Morel
Avec Lou Lampros, Victor Belmondo, Théo Christine, Amanda Lear
Année : 2024
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Emma aime Sammy qui aime Cyril qui l’aime aussi. Ce qui aurait pu être un marivaudage amoureux à la fin du siècle dernier va être dynamité par l’arrivée du sida. Alors qu’ils s’attendaient au pire, la destinée de chaque personnage va prendre un virage inattendu.
Avis :
Gaël Morel est un cinéaste que je suis depuis que je suis tombé sur ses films, « Le clan » et « Après lui« . Ces deux films présentés en plein milieu des années 2000, alors que je commençais vraiment à m’intéresser à d’autres formes de cinéma, m’ont énormément marqué et depuis, je suis de très près le réalisateur. Un réalisateur qui a d’ailleurs tendance à se faire de plus en plus rare ces dernières années, ayant du mal à faire produire ses films.
Après sept années d’absence, Gaël Morel revient avec ce qui se pose comme l’un de ses films les plus personnels, puisqu’il raconte en quelque sorte sa jeunesse. Ou du moins, il s’en inspire, pour nous entraîner dans un film beau et romanesque. Un film qui est parcouru d’un amour de la vie, alors même que dans les années 90, pour ses personnages-là, l’avenir est sombre et incertain. Si le film se fait un peu longuet, notamment dans sa troisième partie, il n’en reste pas moins un joli film, qui tient de beaux sujets, une mise en scène soignée et des beaux personnages.
« Une histoire qui déjoue quelques pièges du déjà-vu, ça a fait du bien. »
Sammy et Emma sont en couple depuis un bon bout de temps. Ils s’aiment et c’est tout ce qui compte. Alors que Sammy est en train de faire des travaux dans l’appartement qu’ils viennent d’acheter, il va faire la connaissance de son voisin du dessous, Cyril, un jeune photographe. Les deux hommes entament une liaison passionnée, liaison qu’Emma va découvrir, sans pour autant que ça ne la bouscule plus que cela. Alors qu’il y aurait eu tous les éléments d’un ménage à trois, ou quelque chose qui s’en approche, ces trois jeunes gens vont voir leur avenir s’assombrir avec l’infection qui va des ravages dans ces années-là, le sida.
Passé un moment, le cinéma, et le surtout le cinéma gay, nous offrait des intrigues avec des personnages qui sont infectés par le VIH, et je dois dire qu’à une certaine époque, j’étais en saturation de ces histoires-là, comme si le cinéma, lorsqu’il abordait des personnages homosexuels, ne pouvait pas parler d’autres choses. Puis ça s’est tassé au fil des années et des décennies, si bien que ça faisait un bon bout de temps que l’on n’avait pas vu un film qui s’arrête sur ces sujets, et je dois dire que revivre ces émotions avec de beaux personnages et au-delà de ça, une histoire qui déjoue quelques pièges du déjà-vu, ça a fait du bien.
« Vivre, mourir, renaître« , comme son titre l’indique, est une histoire qui se devise en trois parties, dont chacune évoque l’un des mots du titre. Joliment écrit, offrant une intrigue qui arrive à offrir quelque chose d’original, notamment dans la relation entre ces personnages, « Vivre, mourir, renaître » sait toucher et surtout, le film de Gaël Morel nous tient avec sensibilité jusqu’à son point final. Au travers de son histoire et ses personnages, le film aborde beaucoup de sujets. Évidemment le chaos des années sida, avec le flou qui en résultait. Avec ça, le film parle d’amour et d’abnégation, tout comme il parle de la maladie, de l’acceptation, ou non, et de l’envie de vivre. D’ailleurs, beaucoup des émotions que procure le film viennent de cette envie de vivre, de cette façon d’appréhender et peut-être de se remettre de ce drame.
« Ces trois comédiens sont superbes, portant le film, l’histoire et leurs personnages jusqu’au bout. »
Comme je le disais, le film est divisé en trois parties, et s’il y a beaucoup de belles choses, il y a aussi des inégalités. Ainsi, « Vivre … » est une partie qui passe très vite et qui est passionnante, alors que « … mourir … », si elle est très touchante, commence à avoir des longueurs, et enfin « … renaître » est belle, mais on sent qu’on arrive au bout. S’il y a bien tout un tas de sujets qui sont intéressants, cette dernière partie s’étire en longueur et manque de souffle finalement. Après, sur l’ensemble du film, Gaël Morel sait nous tenir, et l’on ressort de son film touché malgré ses défauts et ça, c’est ce qui compte.
Ce qui fera aussi l’intérêt et les émotions du film, c’est d’une part l’élégance de la mise en scène de Gaël Morel qui, comme toujours, soigne son contenu, et de l’autre, ces trois comédiens qui sont superbes, portant le film, l’histoire et leurs personnages jusqu’au bout et ça, même si la trajectoire de certains est assez prévisible. Si Lou Lampros et Victor Belmondo sont très beaux, il faut toutefois mentionner Théo Christine qui, dans la peau de ce garçon attiré par les deux sexes et qui voit sa vie voler en éclats, est bouleversant de bout en bout.
Il est plaisant de voir ce retour de Gaël Morel dans les salles obscures. « Vivre, mourir, renaître » est un beau film qui offre tout un tas de très belles émotions, au sein d’une intrigue aussi radieuse qu’elle est sombre. Certes, le film a ses défauts, notamment un sentiment de longueur dans sa dernière partie, où Gaël Morel a du mal à nous emmener vers la renaissance de certains de ses personnages, mais il n’en reste pas moins que sur l’ensemble du film, « Vivre, mourir, renaître » est beau, intéressant, élégant et important dans les sujets qu’il évoque. On peut même dire qu’il fait piqûre de rappel quant au sida, tant on ne parle plus de ce dernier, alors qu’il est encore bel et bien présent. Ainsi ce « Vivre, mourir, renaître » se posera comme la belle sortie de la semaine.
Note : 14/20
Par Cinéted