
De : Francis Ford Coppola
Avec Adam Driver, Giancarlo Esposito, Shia LaBeouf, Nathalie Emmanuel
Année : 2024
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Science-Fiction
Résumé :
Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d’arrêter le temps, et le maire archi-conservateur Franklyn Cicero. Le premier rêve d’un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité, des privilèges et des milices privées. La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero, amoureuse de César Catilina, est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l’avenir de l’humanité.
Avis :
Immense réalisateur américain, Francis Ford Coppola est une institution à lui tout seul et forcément, lorsque le metteur en scène réalise un nouveau film, c’est un événement. Un événement d’autant plus fort que lorsqu’il s’agit enfin de « Megalopolis« , le rêve d’une vie pour Coppola. Ce film, il l’a dans ses tiroirs depuis plus de quarante ans. Plusieurs fois, le film a failli se faire, mais jamais il ne s’est concrétisé. Alors pour finalement le faire, Francis Ford Coppola a fait ce que très peu font, il s’est endetté et a auto-financé son film. « Megalopolis« , c’est un projet à hauteur de cent vingt millions de dollars, Coppola n’ayant plus que son cœur et son âme dans ce projet.

S’il y a bien un film qui faisait rêver la planète cinéma, c’est ce qui sera sûrement comme l’ultime film de Francis Ford Coppola. Projeté à Cannes il y a quelques mois de cela, on a tout entendu sur « Megalopolis« , allant d’un raté de bout en bout, à un nanar, ou encore une déception qui est bien plus haute que les attentes que le projet avait suscitées.
« Il y a toujours quelque chose d’intéressant qui anime le cinéma de Coppola. »
Personnellement, je n’avais pas envie d’y croire, car même les Coppola qui sont moins bons comme ses derniers, « Twixt » ou « L’homme sans visage« , malgré les déceptions, il y a toujours quelque chose d’intéressant qui anime le cinéma de Coppola, et ce « Megalopolis » ne va pas échapper à la règle. Bien loin de l’horreur irregardable décrite, si Francis Ford Coppola se rate avec « Megalopolis« , il nous offre par moment des instants de cinéma assez dantesques, et rien que pour cela, même si je suis on ne peut plus divisé, je suis content de m’y être arrêté.
New Rome doit absolument changer, et ce changement est très difficile à effectuer. César est un jeune homme, artiste de génie, capable d’arrêter le temps et de voir au-delà de ce qui peut être imaginable. Il a une idée, Megalopolis, une ville qui serait sûre, en avance sur son temps, qui se poserait comme une utopie. Mais face à lui se trouve le maire de la ville, Franklyn Cicero. L’homme d’une soixantaine d’années est archi conservateur et n’arrive pas à voir où est-ce que cette Megalopolis pourrait aller, et comment elle pourrait sauver la ville. Les opinions et les coups tordus pleuvent pour faire que César n’arrive pas à ses fins. Au milieu de tout cela, Julia, fille du maire, est amoureuse de César et elle se trouve partagée entre les deux hommes de sa vie…
Dire que je suis partagé à la sortie de « Megalopolis » est un doux euphémisme, tant les scènes et les maux du film ne cessent de se bousculer depuis cette découverte, aussi étrange que singulière, ennuyante et fascinante à la fois. Projet pharaonique, ambition dantesque, « Megalopolis » est le film que l’on n’attendait plus, et c’est un film qui à force d’en entendre parler, était devenu une légende qu’on ne pensait jamais voir en vrai. Puis, il l’a fait, il s’est endetté, il a voulu entièrement garder le contrôle de son film, et le résultat donne un long-métrage hybride et malade. Un film qui part dans tous les sens, qui propose énormément de choses, qui a une immense envie de cinéma, mais malheureusement, c’est un film va nous laisser sur le carreau.
« Un film qui souffre d’un scénario qui a bien du mal à s’exprimer clairement. »
Si on peut passer sur certains effets spéciaux ratés, ou qui font datés, car Coppola, avec ses propres deniers, n’avait pas les moyens de prendre le meilleur de la technologie actuelle, ce qui fait que « Megalopolis » respire le fond vert, il n’en reste pas moins que d’autres fois, le film est incroyable à regarder. « Megalopolis » est un film qui est capable d’offrir des scènes à couper le souffle, qui sont de toute beauté. Mais finalement, il n’est pas le problème du film de Francis Ford Coppola. Non « Megalopolis » est un film qui souffre d’un scénario qui a bien du mal à s’exprimer clairement. C’est bien simple, on a bien du mal à comprendre cette histoire, qui fait s’opposer un artiste de génie à un maire qui préfère rester dans le passé.
Si à la rigueur, sur le fil rouge, cette histoire peut trouver un écho, elle va être littéralement plantée par tout un tas de rebondissements qui vont venir complexifier l’intrigue pour pas grand-chose. Des éléments qui s’invitent comme ça à la fête, et l’on se demande ce qu’ils peuvent faire ici. Et là, on ne parle pas de deux ou trois éléments, non, il y en a plein et lorsqu’on ajoute à cela les intrigues politiques, les intrigues amoureuses, les complots, les « embrouilles » de famille, ce « Megalopolis » se charge beaucoup trop et il finit par nous perdre totalement. Pire encore, on éprouvera aucun lien quant à la destinée de ces personnages, tant l’ensemble est foutraque. Avec ça, on ne peut pas dire que ce soit très bien joué, Adam Driver et Shia LaBeouf en font parfois de trop.

Mais voilà, malgré tout ce que j’en dis dans ses mauvais côtés, il y a quelque chose qui fait que cette séance de cinéma, si compliquée fut elle, n’a pas été la catastrophe annoncée et le fait de voir ce « Megalopolis« , si imparfait, prendre vie, ça a un côté très touchant. C’était le projet de sa vie, Francis Ford Coppola a tout donné du haut de ses quatre-vingt-quatre ans, et voir un film d’une telle ambition, d’une telle démesure, une telle envie de cinéma, avec certaines séquences qui sont des leçons de cinéma (ne serait-ce que l’ouverture du film), ça force le respect, et rien que pour ça, je ne regrette pas de l’avoir vu. En fait, si, finalement, je peux me permettre un conseil, avant de voir « Megalopolis« , c’est finalement de ne pas trop en attendre. Bref, je suis partagé, je suis déçu, mais je n’ai pas envie de le détester… J’ai même l’envie de m’y arrêter de nouveau, une fois ce premier visionnage digéré.
Note : 9,5/20
Par Cinéted