Titre Original : A Rainy Day in New York
De: Woody Allen
Avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez, Jude Law
Année: 2019
Pays: Etats-Unis
Genre: Drame, Comédie
Résumé :
Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps… Bientôt séparés, chacun des deux tourtereaux enchaîne les rencontres fortuites et les situations insolites.
Avis :
Voilà plus de cinquante ans maintenant que Woody Allen offre du cinéma. Plus de cinquante ans que le réalisateur, à base d’un film par an à peu près, nous invite à entrer dans son monde, dans sa façon de voir la vie et surtout ses personnages. Pour son dernier cru en date, « Un jour de pluie à New York« , on a bien cru que nous n’allions pas pouvoir voir ce que l’on pensait être son dernier film, car si le tournage s’est bien passé, l’après fut plus mouvementé, car entre les accusations contre le réalisateur, le mouvement Metoo, et les acteurs eux-mêmes qui ont révélé regretter ,avoir accepté le projet, on se demandait bien si on allait voir ce quarante neuvième film de Woody Allen.
Et ça y est, « Un jour de pluie à New York » s’est trouvé une date de sortie. Successeur du très beau « Wonder Wheel« , on aurait finalement préféré passer à côté de ce « Un jour de pluie à New York« . Agaçant au possible, s’écoutant parler, offrant des personnages dont on finit par tristement se ficher, « Un jour de pluie à New York » est une caricature du cinéma de Woody Allen. Décevant de bout en bout, on reste là, figé dans l’attente que le charme opère, mais rien n’y fera, le tout n’aura ni queue ni tête, et finalement, le générique de fin sonnera comme une délivrance… C’est dire !
Gatsby et Ashleigh sont amoureux et tous deux étudient dans la même faculté. Ashleigh veut être journaliste et pour la gazette de sa fac, elle a décroché une interview avec un grand réalisateur dont elle est éperdument en admiration. L’interview se fera à New York, l’occasion pour le couple de s’offrir un week-end romantique dans la ville, mais rien ne va se passer comme cela était prévu.
Le cinéma de Woody Allen est un cinéma que j’aime beaucoup. C’est un cinéma qui m’a offert de grands moments, entre rigolades et émotions. Bien entendu, avec une telle longévité, Woody Allen n’a pas fait que de bons films, on peut même dire qu’il en a fait pas mal qui, s’ils ne sont pas oubliables ou mineurs, sont tout simplement pas bons.
Un peu plus d’un an après « Wonder Wheel » qui était sublime, voici que le réalisateur revient avec une petite comédie légère qui en sous-texte parle des apparences et de l’envie de vivre tel que l’on en a envie et non pas tel que la société nous l’impose. Un sujet plutôt intéressant qui dans un sens peut faire écho à la vie propre du cinéaste, d’ailleurs, il ne serait pas impossible que le personnage de Gatsby soit très fortement inspiré des jeunes années du cinéaste, tant ce dernier nous y fait penser.
Mais voilà, si le film est bourré de bonne volonté, s’il s’inscrit directement dans la veine de ce que le réalisateur offre habituellement, on s’arrêtera-là pour les bons moments, car hormis deux ou trois bonnes répliques toujours aussi bien trouvées, « Un jour de pluie à New York » est un film d’un ennui et d’un désintéressement mortel.
Je ne sais pas trop par où commencer, tant tout ou presque fut agaçant ici. D’emblée, quelque chose dénote lorsque Woody Allen nous présente ses deux personnages. Woody Allen, c’est un style, et ce style, on le retrouve dans le jeu des comédiens, et ce style ne va pas à tout le monde, et clairement, la première fausse note est son casting. Si dans un sens, Elle Fanning et Timothée Chalamet ne sont pas mauvais, car ils s’adaptent au style du réalisateur, on ne peut pas dire qu’ils soient bons tant le style en lui-même ne leur va pas les rend très agaçants, voire même têtes à claques, entre Chalamet qui est loin des merveilles d’un Larry David, par exemple, qui composait dans un sens un Woody Allen parfait. Ici, on ne croit pas un instant au personnage tenu par le jeune comédien. De plus, si l’écriture est tout ce qu’il y a de plus Allenesque, elle s’écoute aussi énormément parler. Entre problèmes existentiels intéressants et des discours interminables, on a bien du à mal accrocher. Et ce scénario se répète sur le personnage incarné par Elle Fanning. Personnage plus fatiguant qu’autre chose d’ailleurs.
« Un jour de pluie à New York« , c’est aussi une déception dans ce qu’il raconte, c’est-à-dire pas grand-chose. On oublie le scénario, qui a pourtant des thématiques qui sont bonnes, mais entre le désintéressement qu’on éprouve face aux personnages, les incohérences et autres raccourcis étranges, les révélations risibles que l’intrigue offre (la mère de Gatsby…), les histoires qui arrivent et repartent sans que tout ait un sens (celle de Jude Law trompé est la meilleure), et le fait que le réalisateur survole de très haut ses idées, franchement, « Un jour de pluie à New York » enchaîne les déceptions à la pelle et l’on s’ennuie devant.
Reste alors la façon toujours magnifique qu’a Woody Allen de filmer son amour de toujours, New York. La ville est encore plus belle sous pluie devant l’œil du réalisateur. C’est dommage que le reste n’ait pas suivi. Heureusement pour nous, « Un jour de pluie à New York » ne conclura pas la filmographie de Woody Allen qui s’éloigne alors des États-Unis pour aller en Espagne. On espère désormais que « Rifkin’s Festival » nous fasse oublier la déception de ce » … jour de pluie à New York » au plus vite.
Note : 07/20
Par Cinéted