septembre 26, 2025

Ayreon – The Source

Avis :

Le métal est peuplé de personnalités fortes et de têtes de mule qui ont parfois des idées bien arrêtées sur leur carrière. Mais être têtu peut être vu comme un acte de défiance envers les labels et autres maisons de disques, afin d’avoir les coudées franches pour exprimer son plein potentiel. C’est le cas d’Arjen Lucassen, multi-instrumentaliste néerlandais dont Ayreon est l’un de ses principaux projets. Un projet qui a bien failli ne jamais voir le jour, car il s’agit d’un one-man band que le musicien a construit après son départ du groupe Vengeance, et après une carrière solo avortée. Il décide alors de créer un opéra-rock avec de nombreux invités de marque, mais tout le monde a pensé que c’était un suicide commercial, et aucun label n’a voulu de lui. Pourtant, The Final Experiment sortira bien en 1995 et aura un succès grandissant.

S’acoquinant avec le batteur Ed Warby, Ayreon devient un duo qui compose les musiques, mais qui arrive à s’entourer de talents de marque. Après une pause, le groupe va revenir plus fort, et c’est en 2017 que sort The Source, neuvième effort d’Ayreon, qui prouve, une fois de plus, qu’il sait s’entourer de bon monde. C’est bien simple, pour cette double galette, on retrouve James LaBrie (Dream Theater), Tommy Karevik (Kamelot), Tommy Rogers (Between the Buried and Me), Simone Simons (Epica), Nils K. Rue (Pagan’s Mind), Tobias Sammet (Avantasia), Hansi Kürsch (Blind Guardian), Michael Mills (Toehider), Russell Allen (Symphony X), Michael Eriksen (Circus Maximus), Floor Jansen (Nightwish) et Zaher Zorgati (Myrath). Que du beau monde qui va se répondre au sein de deux CD qui composent quatre actes bien distincts. Oui, Arjen Lucassen est un grand malade qui n’a pas peur de la grandiloquence.

Et en parlant de grandiloquence, on retrouve cela dans le premier titre, The Day That the World Breaks Down, qui dépasse les douze minutes et qui va donner la réplique à quasiment tout le monde. Pensé comme un opéra, les chanteuses et chanteurs n’ont pas qu’une seule piste à leur actif, mais ils se répondent pour construire un univers complet. Si le morceau est long, il démontre tout le talent de composition de Lucassen, qui en profite pour afficher ses ambitions, mais aussi une certaine lourdeur dans les riffs. On reste dans quelque chose qui mélange allègrement le métal industriel avec du Power, quelques pointes de Prog, et on retrouve même des éléments Heavy ou Death. Bref, c’est complet et total. Par exemple, Sea of Machines aura des éléments Folk et Sympho qui donneront une belle épaisseur à tout l’album.

Tandis que Everybody Dies commencera de façon presque Pop, avant de partir vers du Métal Indus et des riffs qui peuvent évoquer Rammstein. Et cela sans jamais perdre l’auditeur, retombant toujours sur une construction logique et puissante. Star of Sirrah sera du même tonneau, tout en abordant une atmosphère plus lourde et saturée. Puis All That Was revient sur quelque chose de plus léger, qui évoque le Folk et la musique médiévale, et c’est un agréable moment suspendu, presque trop court. Un moment qui sera contrebalancé par le très Heavy Run ! Apocalypse ! Run ! et ses nappes de clavier qui font très Prog des années 70/80. Puis ce premier skeud se termine par Condemned to Live et son violoncelle bouillonnant en introduction. Bref, ce premier CD comble toutes nos attentes, et donne une furieuse envie de se jeter sur le second.

Une seconde partie qui sera peut-être un peu moins pertinente, mais qui contient de superbes moments de bravoure. Aquatic Race démarre les hostilités avec brio et s’offre, après une introduction très Power, des riffs bien lourds à la lisière du Heavy/Death. The Dream Dissolves sera plus doux, plus organique, renouant avec un métal plus lyrique, notamment grâce au chant féminin. Puis Deathcry to a Race lorgne vers un métal plus oriental, que ne renierait pas Myrath, avec quelques fulgurances arabisantes. Into the Ocean sera un titre plus classique, et Bay of Dreams nous saturera de claviers, mais avec une bonne gestion de l’ambiance et de la composition. Planet Y is Alive ! est un morceau plus dense, plus complet, même s’il reste dans un délire très Heavy Prog 80’s. The Source Will Flow est une ballade grisante, qui laisse place à Journey to Forever et un pur délire 70’s.

Au final, The Source, le neuvième album d’Ayreon, est une franche réussite, et un projet fou concret du début à la fin. En s’entourant des meilleures et des meilleurs, Arjen Lucassen continue de démontre qu’il est possible de sortir des albums grandiloquents, longs et maîtrisés, sans ennuyer son public, et sans jamais tomber dans la redondance. The Source est un album fleuve, un concept zinzin qui ne demande qu’une chose, d’être réécouté encore et encore.

CD1

  • The Day That the World Breaks Down
  • Sea of Machines
  • Everybody Dies
  • Star of Sirrah
  • All That Was
  • Run ! Apocalypse ! Run !
  • Condemned to Live

CD2

  • Aquatic Race
  • The Dream Dissolves
  • Deathcry of a Race
  • Into the Ocean
  • Bay of Dreams
  • Planet Y is Alive !
  • The Source Will Flow
  • Journey to Forever
  • The Human Compulsion
  • March of the Machines

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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