Avis :
C’est un peu à chaque fois la même rengaine quand on aborde du rock français, et encore plus quand on parle de métal. On commence quasiment toujours ces chroniques par le fait que cette musique n’est jamais mise en avant et que si l’on ne farfouille pas un peu le net, certains grands musiciens nous échappent. Et aujourd’hui on a pioché la carte JC Jess, guitariste et chanteur savoyard qui officie depuis le milieu des années 2000. C’est d’ailleurs en 2007 qu’il fait une entrée dans le domaine de la musique avec son premier album solo, Matter in Your Hand, qui reçut un accueil chaleureux. Depuis, la machine ne s’est jamais vraiment arrêtée. Not Ready to Rust est le cinquième opus de JC Jess et il intervient après une petite pause de cinq années. Panne d’inspiration ? Fatigue ? Compos complexes ? Le mystère reste entier.
Mais quoi qu’il en soit, on plonge avec une certaine réticence dans ce cinquième effort, la faute à une pochette clairement hideuse, cheap à souhait et qui laisse présager un groupe auto-produit avec un enregistrement de garage. Mais grand bien nous a fait de jeter une oreille plutôt qu’un œil, puisque cet album est vraiment bon. Le skeud débute avec Silly Little Girl et on plonge rapidement dans un bon Heavy des familles qui dépote. Certes, c’est ultra calibré, et on ressent toutes les influences ricaines, mais ça reste un travail bien fait, qui donne immédiatement envie de se plonger dans le reste de l’album. Just Another Scar sera du même acabit, mais avec un soupçon de Hard en plus. Les riffs sont plus lourds, la rythmique est plus soutenue et on va prendre un malin plaisir à secouer la tête au tempo relativement rapide. Bref, c’est efficace.
Et il ne faudra pas forcément chercher plus loin avec cet album. JC Jess se fait grandement plaisir et délivre une multitude de pièces qui s’enclenchent parfaitement les unes dans les autres. Not Ready to Rust est un album solide. Certes, on pourra lui reprocher quelques scories, comme une certaine redondance, mais force est de constater que ça marche bien. It’s Better to Laugh at It s’ouvre avec de bons gros riffs puissants, avant de trouver un calme relatif avec un chant plus posé. Il n’empêche que l’ensemble tient la route et se révèle plaisant. Et cela même si le refrain est un peu en dessous. Fighting Spirit donne une pêche d’enfer tandis que Free Speach is not Dead va faire plus dans la construction mélo, avec une douce introduction et une montée en puissance. Ici, le guitariste démontre une certaine aisance dans des compos plus longues et plus complexes.
Alors, on est loin, très loin, d’un métal prog, mais il y a un bon équilibre au sein de l’album. Les morceaux longs côtoient les titres plus courts et plus vifs et même si on marche sur un fil, ça reste fait avec intelligence. Ready to Fight, par exemple, est un titre plus lourd, mais moins rapide que le reste. Not a Girl for Me se veut plus rapide, avec un aspect un peu Heavy Punk qui ne marche pas trop mal, même si on reste dans quelque chose d’assez convenu. Don’t Bury me so Fast se dirige plus vers du Hard n’Heavy assez puissant et sec, ne lambinant pas trop. Comme on peut le voir, on reste sur des changements infimes, mais qui sont assez marquants pour que l’ennui ne s’installe jamais. Certes, on aura la sensation, parfois, d’avoir déjà entendu ce genre de morceaux, mais ça reste plaisant.
Néanmoins, tout n’est pas rose dans cet album. On a déjà pointé du doigt le fait que tout soit finalement assez calibré et assez attendu, mais il faut aussi ajouter que certains titres sont moins réussis que d’autres et qu’au bout d’un certain temps, rien ne reste vraiment en mémoire. Il manque à cet album un véritable hit, un titre qui reste dans les mémoires et dont chante le refrain avec entrain. De plus, le titre le plus long de l’album, If God Exists, it Makes you Sick, qui se veut un gros pilier, manque de poigne, et démontre les faiblesses de production de l’album. Le morceau aurait dû être plus grandiloquent, plus incisif, mais il manque de verve et d’énergie. C’est dommage, car on aurait pu avoir un sacré titre sur ce coup.
Au final, Not Ready to Rust, le dernier effort en date de JC Jess, est un album plutôt réussi. Si on peut lui imputer des scories qui devraient être impardonnables lors d’un cinquième opus, il ne faut pas oublier ses origines et sa production qui n’a pas les moyens d’un gros groupe américain. Ici, le français offre une belle palette de son talent et mériterait sans nul doute d’être plus mis en avant sur la scène, aussi bien française qu’internationale. Bref, un album qui vaut le coup, imparfait, certes, mais fort plaisant et bourré de talent.
- Silly Little Girl
- Just Another Scar
- It’s Better to Laugh at It
- Fighting Spirit
- Free Speach is not Dead
- Ready for the Fight
- Not a Girl for Me
- Don’t Bury me so Fast
- If God Exists, it Makes you Sick
- Pulled Down
- Everything is Rotten
- You Pray
- You Eat Too Much
- It’s Funny When you Get Mad
Note : 14/20
Par AqME