Auteur : Graham Masterton
Editeur : Pocket
Genre : Horreur
Résumé :
Au cours d’un cocktail, Gene Keiler, un jeune politicien ambitieux travaillant au Département d’État à Washington, fait la connaissance de Lorie Semple, une superbe jeune femme d’origine égyptienne. Il tente de la revoir, en vain.
Une nuit, Gene s’introduit dans la propriété des Semple et est victime d’une agression. Soigné par la mère de Lorie, une femme aussi belle et mystérieuse que sa fille, il apprend leur histoire. Elles sont les descendantes d’une tribu très ancienne, les Ubasti. Ceux-ci vénéraient le Dieu-Lion Bast au cours de rituels innommables comportant nombre de perversions sexuelles. Nullement découragé, Gene demande à Lorie de l’épouser. Celle-ci finit par accepter, après bien des réticences et des propos étranges. Elle semble croire que quelque chose d’effroyable se produira s’ils se marient.
Plusieurs incidents étranges se produisent. Outre la prédilection de Lorie pour la viande crue, une nuit, elle sort de la propriété. Quand elle revient au petit matin, elle est entièrement nue et couverte de sang. Elle a tué un mouton pour le manger, affirme-t-elle. Gene, résolu à apprendre toute la vérité, va de découverte en découverte. Mais lorsqu’il reçoit une mise en garde « Méfie-toi des dents ! » il est trop tard, et c’est l’ultime découverte : la légende du Sphinx s’inspire d’une réalité terrifiante. Qui est vraiment Lorie ?
Avis :
S’affirmant comme l’un des leaders incontestés de la littérature horrifique dans les années 70, Graham Masterton a plusieurs cordes à son arc, notamment en tant que journaliste, mais aussi écrivain de quelques parutions coquines. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans ses romans du sexe et du gore, un cocktail qu’aiment ses lecteurs. Cependant, comme tout écrivain qui enfile les romans comme un enfant de maternelle enfile des pâtes pour en faire un collier, Graham Masterton possède de bons livres, et des romans un peu moins intéressants. Ecrit en 1978, Le Sphinx est un court essai qui mélange les deux choses qui tiennent à cœur au romancier, à savoir le sexe (ou tout du moins une relation amoureuse tricarde) et l’horreur en mode slowburn, qui s’inspire d’une légende égyptienne. Mais ici, la sauce peine à monter, et on se retrouve face à quelque chose de relativement soft.
Pour la petite histoire, on va suivre Gene, un jeune politicien aux dents longues, qui va tomber éperdument amoureux de Lorie lors d’un cocktail. Il faut dire que la jeune femme a des atouts pour elle, dont une énorme paire de seins et un côté sensuel affolant. Cependant, durant une bonne moitié du roman, on va assister à un jeu du chat et de la souris. Gene va tout faire pour draguer lourdement Lorie, et cette dernière se laisse séduire, annonçant même à Gene qu’elle en est amoureuse, mais elle se refuse constamment à lui, et a même tendance à le fuir. On se doute bien qu’elle cache un lourd secret, d’autant plus que l’écrivain laisse constamment planer un doute autour de sa maison et de sa famille, notamment le père, un diplomate français décédé de manière obscure, et une mère mystérieuse.
La première moitié du roman est assez laborieuse, car on assiste à une rengaine qui se répète trop. En gros, Gene ne peut se passer de Lorie, il n’accepte pas qu’elle se refuse à lui, et il va insister lourdement pour se rapprocher d’elle, jusqu’à s’introduire de manière illégale dans sa demeure. En ce sens, le personnage de Gene est assez détestable. C’est un homme ambitieux, égoïste, qui n’accepte pas que les choses lui échappent. Il fait du mal à sa secrétaire, Maggie, qui est amoureuse de lui, mais qui accepte son rôle de meilleure amie, même si ça lui fait de la peine. Dès lors, il est compliqué de ressentir de l’empathie pour ce personnage qui rentre un peu dans les clichés du genre. Et même en remettant le roman dans son contexte, à savoir la fin des années 70, on fait face à un type pénible.
Par la suite, le roman se décante un peu. Lorsque Gene découvre le pot aux roses, on ne peut s’empêcher de sourire un petit peu, puis les recherches autour des Ubasti, un peuple de l’Egypte antique, permet de donner plus d’épaisseur à Lorie et à sa mère. Le côté horrifique s’affirme, et Gene va devoir survivre dans un milieu hostile. Quand on dit que c’est un roman soft, c’est tout simplement parce qu’il n’y pas de scène ou de séquence gore. Graham Masterton préfère jouer sur son ambiance et son aspect recherche/découverte, ainsi que sur la survie de son personnage central plutôt que sur des scènes crues. D’ailleurs, même les moments érotiques sont édulcorés. De ce fait, le roman se fait moins percutant que les autres livres de l’auteur. On en est même surpris, et un peu déçu, tant l’histoire pouvait s’y prêter.
Au final, Le Sphinx n’est pas le meilleur roman de Graham Masterton. S’il reste un excellent page turner, avec un mystère qui tend à se faire attendre, on reste tout de même dans une relation amoureuse qui se répète trop, et un côté horrifique qui ne marque pas vraiment. Si le plaisir de lecture est là, on est étonné par la sagesse de l’auteur, qui nous a habitués à des choses plus crues, plus cruelles et plus sexy.
Note : 12/20
Par AqME