avril 28, 2024

Ossian – A Teljesseg

Avis :

Il est assez étonnant de voir à quel point certains groupes sont connus dans leur pays, et très productif, mais n’arrive pas vraiment à s’imposer à l’international. Cela peut être dû à un style particulier, qui fait référence à un folklore précis, mais il y peut aussi y avoir la barrière de la langue. Prenons un groupe comme Ossian. Formé en 1986 en Hongrie, le groupe n’aura connu qu’un hiatus de quatre ans avant de continuer à faire des albums à tours de bras, et à cartonner dans son pays. Tout cela grâce à Endre Paksi, le frontman du groupe, qui est aujourd’hui le seul membre originel. Sortant parfois plusieurs albums en une seule année, on peut se demander pourquoi la formation n’est pas plus connu, surtout sur une musique de niche comme le Heavy Métal. Et si cela venait tout simplement de la langue ?

Car on ne va pas se mentir, sortir 27 albums en un peu plus de trente ans, il y a forcément une explication sur le fait que Ossian ne soit pas arriver à nos (mes) oreilles plus tôt. Tous les titres sont en hongrois, et c’est une langue à laquelle il faut vraiment s’habituer. Elle ne râcle pas comme l’allemand, mais elle n’est pas chantante pour autant. Il se dégage de ce dialecte quelque chose d’assez étrange, qui n’est pas désagréable, mais qui empêche, pour nous, de vraiment s’impliquer dans les morceaux. Le premier titre, Kell Egy Szikra, est très surprenant. Musicalement, c’est correct, on est dans un Heavy assez simpliste, avec ce qu’il faut de riffs et d’arrangements qui essayent de faire grandiloquents, mais la langue forme une sorte de barrière. Néanmoins, ce n’est pas le seul défaut du groupe, ou tout du moins de cet album.

Si on pousse un peu plus loin l’écoute, on va vite se rendre compte des limites que s’impose le groupe. Avec Ember a Holdon, on plonge dans un truc ridicule, où les riffs ne servent à rien, avec une mélodie qui ressemble à un vieil épisode d’un soap d’Europe de l’Est. C’est mal fichu, ce n’est pas entrainant, et musicalement, ce n’est pas du tout addictif. On aura même droit à un clavier pour donner de l’épaisseur, mais ce sera une catastrophe. Heureusement, A Türelem Hatalom va venir secouer un peu le vieux bambou pour rebooster tout ça. Mais là, un autre constat vient se rajouter, la voix du chanteur. On a la sensation d’écouter un papy chanter. Et si ça peut marcher chez les allemands de chez U.D.O., ici, ce n’est pas la même tambouille. Surtout dans le refrain qui est catastrophique.

Et puis le groupe finit de s’enfoncer avec Lassan Ebredo. Les ballades font figure de passage obligé chez les groupes de Heavy, mais en hongrois, c’est une certaine expérience. Non seulement c’est moche, mais en plus de ça, au niveau de la composition, c’est incompréhensible. Il n’y a rien de bien dans ce titre, mou, niais et qui fait mal aux tympans. A partir de là, on se demande vraiment comment on va pouvoir finir d’écouter cette galette. Puis survient alors Szabad Maradhat. Les riffs sont un peu plus agressifs et le rythme est plus entrainant. On retrouve les mêmes défauts que pour les pistes du départ, avec un couplet qui est à la peine, et des riffs qui se mettent en retrait, notamment quand ils deviennent plus pêchus. C’est dommage et cela entache grandement l’expérience.  Et le groupe aura beau mettre de l’ambiance avec A Teljesseg, rien ne fonctionnera.

C’est assez dommage car on sent que les musiciens sont relativement bons dans leur domaine. Les guitaristes assurent dans leur partition, la batterie n’est pas en reste, mais personne ne s’exprime pleinement. Et aucun titre ne ressort de ces treize morceaux proposés. On aura droit à quelques effets clichés comme pour Együtt Voltunk Minden, qui résonne comme un truc ringard, ou encore une ballade dégueulasse avec Azon a Napon, qui se la joue acoustique, mais qui vient nous flinguer tous nos espoirs de trouver quelque chose de bien dans cette galette. Et pourtant, un morceau va sortir du lot, l’avant-dernier, Engedd El, qui est à 100% instrumental. Là, les musiciens se lâchent complètement, on aura même droit à quelques fulgurances à la double-pédale à la batterie, certains riffs seront bien saturés et puissants, sans pour oublier la mélodie. Une surprise dans cet océan de médiocrité.

Au final, A Teljesseg, l’avant-dernier album d’Ossian, est une catastrophe sur quasiment tous les niveaux. Certes, il y a la barrière de la langue, mais il y a aussi des compositions ridicules qui tournent à vide, un chant qui semble provenir d’un lointain EHPAD, et une absence de pistes qui viennent réellement marquer l’auditeur. On se retrouve face à un album de Heavy de mauvaise qualité. Il faudrait peut-être que le groupe se pose un peu au lieu de proposer deux albums par an, afin de peaufiner son style et ses efforts.

  • Kell Egy Szikra
  • Ember a Holdon
  • A Türelem Hatalom
  • Lassan Ebredo
  • Szabad Maradhat
  • A Teljesseg
  • Együtt Voltunk Minden
  • Azon a Napon
  • Kelj Fel es Lass
  • Nem Eleg az Eg
  • A Hianyzo Lancszem
  • Engedd El
  • Az, Aki Voltam

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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