mai 2, 2024

Deep Evil

Titre Original : The Deep Below

De : Bradley Parker

Avec Alicia Sanz, Adan Canto, Will Patton, Jonathan Sadowski

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Accompagnée par Arianne, une guide spécialisée dans la découverte de lieux désaffectés et hors des sentiers battus, un groupe de scientifiques et aventuriers amateurs se rend à Shookum Hills, une ville des Appalaches, pour y explorer une mine abandonnée il y a des décennies après un mystérieux incendie…

Avis :

On ne peut pas dire que la carrière de Bradley Parker ait commencé sur les chapeaux de roues. On retrouve son travail dès 2012, puisqu’il est derrière la caméra pour réaliser le film d’horreur Chroniques de Tchernobyl, un found-footage raté, qui avait pourtant quelques fulgurances. Par la suite, il intègre l’équipe technique de La Planète des Singes – L’Affrontement en tant que réalisateur de seconde équipe. Ce qui aurait pu être un bond en avant dans sa filmographie va pourtant ne rien lui faire. Il va alors se remettre à la réalisation avec un nouveau film d’horreur, Deep Evil (ou The Deep Below en version originale). S’entourant de quelques fidèles depuis son premier film (Jonathan Sadowski), le jeune cinéaste décide d’explorer le mythe des créatures souterraines autour d’une mine qui fut le théâtre d’une tragédie. Totalement raté, Deep Evil n’arrive jamais à susciter le moindre engouement, ou la moindre frayeur.

Le film débute avec un père qui sort d’une mine avec son fils. Mais ce dernier se fait attraper par une créature mystérieuse, et son père ne peut rien faire, se faisant immobiliser par un long doigt bizarre. Quelques années plus tard, la mine est fermée et la ville qui fut construite à côté abandonnée. On va alors suivre une bande de scientifiques, aidés par une femme experte en exploration extrême, qui veut retrouver cette mine, qui aurait un matériau extrêmement pur, pouvant leur rapporter beaucoup d’argent. Mais sur place, ils seront confrontés à la population locale qui garde un œil averti sur le lieu, et à des créatures qui vont revenir en force. Bref, rien de bien neuf dans le monde du film d’horreur souterrain, où des humains vont faire face à une menace étrange et violente, avec un panache digne d’un paraplégique.

Le pitch évoque bien entendu The Descent de Neil Marshal, ou bien d’autres longs-métrages qui ont essayé de jouer sur la claustrophobie ou la peur du noir. Pour réussir ce genre d’entreprise, il faut soigner deux choses importantes, ses personnages et son ambiance. Malheureusement pour nous, il n’y aura rien de ces deux choses sur ce film. Si on se concentre sur les personnages, ils n’ont aucune caractérisation. On fait face à quatre garçons scientifiques, qui veulent retrouver une mine pour devenir célèbre. A leurs côtés, on retrouve une femme forte, qui n’a peur de rien, qui semble un peu mystérieuse, mais qui ne possède aucun background. On aura bien quelques allusions sur son passé lors d’une discussion qui ressemble à un passage obligé, mais rien de bien mirobolant, voire même intéressant. Il en va de même avec les locaux, des pécores étranges mais sans relief.

Et là, c’est peut-être le pire, car si on peut voir les quatre scientifiques comme de la chair à canon pour les créatures, on aurait pu avoir plus de détails sur cette milice paysanne qui surveille le puits comme l’huile sur le feu. Par exemple, le personnage de Will Patton, qui a perdu son fils dans cette mine, et qui pourrait être rongé par la vengeance, reste stoïque, sans épaisseur, et ressemble plus à un clochard nonchalant qui mène quelques éblouis dans sa quête. Forcément, avec des protagonistes dont on se fout royalement, il va être très dur de rendre le film intéressant. D’autant plus qu’il n’y pas de thèmes vraiment étudiés, si ce n’est la vénalité de l’être humain, qui est prêt à prendre tous les risques pour de l’argent. Le truc qu’on a déjà vu mille fois, et en beaucoup mieux que dans ce film.

Malgré des personnages inconsistants, on pourrait peut-être se rattraper sur l’ambiance du film. Et à quelques moments, la réalisation fait illusion, notamment quand deux personnages rentrent dans la mine. La colorimétrie rouge, le plan en contre-plongée pour montrer la grandeur de la cavité, tout cela contribue à donner un petit cachet à Deep Evil. Mais cela ne dure que quelques minutes avant de partir en eau de boudin. En effet, on va alors assister à des attaques de la part des monstres de façon sporadique, avec une mise en scène qui bouge tout le temps et qui floute volontairement les créatures, la faute à des costumes ridicules (et des effets numériques) ridicules. En faisant ainsi, le metteur en scène tente d’évoquer les effets des gaz présents dans la mine, mais c’est aussi un vulgaire cache-misère pour des séquences qui ne valent pas tripette.

Et pour en revenir aux bestioles, on est vraiment dans quelque chose de déjà-vu et qui n’arrive pas à susciter la moindre frayeur. Humanoïdes avec une bouche béante bardée de crocs, dotés d’un long doigt qui semble détenir du poison paralysant, on ne saura rien de ces bestioles. Elles sont là, n’ont pas d’origine, et possède une reine qui ressemble à une grosse larve, sensiblement identique à celle de Starship Troopers. Là, le réalisateur ne cache même plus ses références, et c’est un peu trop gros. Et peu crédible. Comment un truc insectoïde peut donner naissance à des créatures humanoïdes ? Ce manque de cohérence, doublé par des moyens limités qui n’arrivent pas à rendre prégnante cette menace, fait que Deep Evil est totalement raté dans tout ce qu’il entreprend.

Au final, Deep Evil est un très mauvais film d’horreur, mais surtout un très mauvais film tout court. Ne possédant aucun thème fort, sans aucun personnage intéressant et doté d’une mise en scène au rabais, on peut aisément dire que Bradley Parker n’a pas appris au détour d’un tournage de blockbuster. Certes, son budget a dû être ridicule, mais il n’arriva pas pour autant à trouver des solutions pour rendre son film inquiétant. Si on peut retrouver une paire de fulgurances dans la mise en scène, cela ne dure que quelques secondes dans un océan de plans insignifiants. Un bon ratage, dans les règles de l’art.

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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