
De : Justin Lee
Avec Trace Adkins, Nicky Whelan, Shane West, Porscha Coleman
Année : 2022
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Après un accident lors de leurs vacances sur une île paradisiaque, un groupe d’amis est traqué par un gros requin.
Avis :
À force de voir des requins dans l’espace, sur la terre ferme, dans des toilettes domestiques ou encore dans les bacs à jouets de nos enfants, la débilité intrinsèque de la sharksploitation a atteint son paroxysme ces dernières années. Dès lors, il peut paraître « rafraîchissant » d’appréhender une intrigue classique qui ne lorgne pas du côté des bestioles hybrides et autres imbécillités nanties de nageoires. Une approche sans fioritures qui renoue avec un divertissement sommaire, mais potable. Sur le papier et même dans les premiers instants, Maneater semble être ce genre de séries B susceptibles de créer une modeste surprise.

Avec un tournage dans le Pacifique, plus précisément à Hawaï, le film de Justin Lee multiplie les panoramas paradisiaques. Les vues aériennes retranscrivent parfaitement le cadre idyllique de l’archipel. La présentation demeure aguicheuse et fait la part belle à l’exotisme des lieux. Sur cet aspect, la réalisation s’avère correcte et remplit son office pour mettre en condition le spectateur. Quant à l’entame, elle joue la carte de la sobriété avec un contexte moins bâclé qu’à l’accoutumée. Bien que l’histoire reste un prétexte évident, elle s’affranchit des incohérences de circonstances, du moins dans un premier temps.
« La présentation des protagonistes se fait laborieuse. »
Pourtant, Maneater retombe très vite dans les travers de ce sous-genre du cinéma d’exploitation. À commencer par la présentation des protagonistes qui se fait laborieuse. Cela ne constituerait pas un handicap si ces instants ne brillaient pas par leur vacuité. Si l’on s’écarte des clichés habituels, la caractérisation ne possède pas d’intérêt, sauf à exposer les interactions et les liens ténus qui unissent les intervenants. De même, le scénario entremêle une piètre histoire de vengeance avec quelques vacances estivales qui tournent au cauchemar. Certes, il ne s’agit pas de l’attrait principal de ce type de métrage. Pour autant, on reste sur une structure et une évolution très conventionnelles, sinon prévisibles.
Quant au requin lui-même, on observe un grand déséquilibre dans les premières attaques et les suivantes. D’où le ventre creux précédemment évoqué. Au demeurant, les assauts du squale trahissent l’indigence de la production. Cela passe par différents plans recopiés d’une scène à l’autre, ainsi que des images de synthèse malingres. L’alternance entre les prises de vue réelles et les fonds verts est flagrante, tandis que les transitions sont honteuses. L’eau présente une consistance d’huile alors que le poisson nage avec raideur. Seule sa vitesse vient flouer des effets spéciaux miséreux et des incrustations calamiteuses. De même, la majeure partie du temps, il faut se contenter de reproductions numériques douteuses des victimes.
« Le film de Justin Lee demeure une itération maladroite et sans intérêt. »
On a également droit à un aileron en carton et quelques animatroniques pour les plans rapprochés. Pour poursuivre dans le gâchis de pellicules, les attaques demeurent souvent furtives, mal cadrées et sans fulgurance. Mention spéciale à la scène du ponton, dont le catastrophisme de la situation renvoie à une mauvaise blague de cartoon. Puis le dernier tiers du film s’empêtre dans des invraisemblances pathétiques. Preuve en est avec l’apathie du personnage principal, diplômée de médecine, face à une urgence. Les morts s’enchaînent aussi vite que l’ultime confrontation qui, elle aussi, excelle dans l’absence de tension.

Au final, Maneater aurait pu interpeller l’amateur de survival animalier, eu égard à un traitement plus sobre que la majorité des productions en date. Malgré le caractère paradisiaque du cadre et son potentiel, le film de Justin Lee demeure toutefois une itération maladroite et sans intérêt. L’intrigue se contente d’exploiter des ficelles éculées. Tout juste peut-on apprécier une somme réduite d’invraisemblances, exception faite de la dernière demi-heure. Il est également à déplorer des effets spéciaux désastreux et des attaques redondantes. Cela sans oublier des problèmes de rythme et des personnages qui manquent de consistance, même en guise de hors-d’œuvre pour le squale. Il en ressort un métrage négligeable et inconstant.
Note : 07/20
Par Dante