octobre 15, 2025

The Exorcism of God – Hystérie Collective

De : Alejandro Hidalgo

Avec Will Beinbrink, Joseph Marcell, Maria Gabriela de Faria, Iran Castillo

Année : 2021

Pays : Etats-Unis, Mexique, Venezuela

Genre : Horreur

Résumé :

Mexico, capitale du Mexique. Le Père Peter Williams est un exorciste américain possédé par le diable. A son corps défendant, il a été contraint de commettre un terrible sacrifice. Quinze ans plus tard, les conséquences de ses péchés reviennent le hanter…

Avis :

Les films d’exorcisme, on commence à en souper un nombre incalculable. Si on retrouve de nombreux très bons films, voire même des chefs-d’œuvre (comme L’Exorciste de William Friedkin), la majorité deviennent des itérations ridicules qui essayent uniquement de singer ses pairs en tentant d’y amener une pointe d’innovation, soit dans le pays, soit dans l’exorcisme en lui-même. C’est le cas de The Exorcism of God qui n’a bénéficié que d’une sortie VOD chez nous. Film produit par des boîtes américaines, mexicaines et vénézuéliennes (ce qui est rare), ce long-métrage signé Alejandro Hidalgo (le sympathique The House at the End of Time) tente d’inverser les rôles en mettant en avant un démon qui exorcise un prêtre possédé par… Dieu. Un pari risqué et un peu fou qui, malheureusement, sombre petit à petit, la faute à des scories qui s’accumulent au fur et à mesure de l’histoire.

Il faut dire que dès le début, on est un peu prévenu. Un prêtre est appelé en urgence pour exorciser une jeune femme. Le cinéaste fait une énorme référence au film de Friedkin avec le plan du prêtre devant la maison, puis s’engage alors un premier exorcisme qui termine dans le graveleux le plus total. Ici, la jeune femme se touche, jouit, et le prêtre, alors très tenté, couche avec la nana, devenant alors à son tour possédé. Cette introduction est là pour mettre en avant le péché de ce prêtre, que l’on va retrouver dix-huit ans plus tard, mais sans le démon en son for intérieur. On apprendra par la force des choses qu’il a réussi à s’en débarrasser par la force de Dieu qui vit en lui. Bref, c’est un peu le bordel, et on retrouve de nombreuses pirouettes scénaristiques comme cela durant tout le film.

« C’est tellement surjoué que l’on n’y croit pas un seul instant. »

Bien évidemment, histoire de pimenter tout cela, le démon revient hanter le village en prenant possession d’une prisonnière, qui ne sera que le fruit de l’adultère du prêtre avec la nana de l’introduction, et Balban (le nom du démon) est bien décidé à faire régner la terreur en tuant tous les enfants du bled. A partir de là, le film va partir en une sorte de parodie hystérique d’exorcisme qui se passe mal, au sein d’une prison pour femmes. Entre deux discussions où deux prêtres se délivrent sur leurs âmes et leurs péchés, on fait face à un festival de cris, de gesticulations en tout genre et de combats qui relèvent plus du pastiche que de l’horreur pure. C’est bien simple, c’est tellement surjoué que l’on n’y croit pas un seul instant, et tout cela manque de mesure.

Ce qui est dommage, car ça porte préjudice au seul truc intéressant du film, son ambiance. En effet, le fait de placer cette histoire dans une prison délabrée rend l’ensemble assez sombre et inquiétant. On sent que la menace se trouve derrière n’importe quelle porte, et la réalisation est plutôt propre. On sent qu’Alejandro Hidalgo veut rendre son film sale et insalubre, et il y parvient partiellement, avec des décors naturels intéressants et une mise en scène qui se tient. Si on peut regretter un manque d’envergure, certainement dû à un petit budget, le film se fait plutôt solide dans son image, où même dans ses maquillages, qui sont plutôt convaincants. Mais tout est saccagé par des acteurs complètement à la masse, et surtout, une hystérie qui rend l’ensemble très pénible à regarder, en plus de ne pas rendre justice au côté anticlérical de la chose.

« Le coup de l’exorcisme inversé est plutôt malin. »

Car oui, le cinéaste n’hésitera pas à aller en l’encontre des préceptes de l’église pour peaufiner son discours un peu frelaté. Ici, même Jésus devient une sorte de zombie possédé par le démon, et cela peut renvoyer une image qui ne plaira pas à l’église. C’est tant mieux, même si ça ressemble à une tentative de sale gosse pour faire parler de lui. D’autant plus que ce personnage ne sert à rien, sinon à montrer la puissance du démon Balban dans les cauchemars du prêtre. On aura aussi quelques fulgurances sur les méfaits du démon, qui veut tuer des gamins de façon totalement gratuite. Bien sûr, le film ne va pas aller jusqu’au bout de son délire, n’assumant jamais ses envies de politiquement incorrect. On sent un petit frein de ce côté-là, et c’est dommage, car ça aurait donné un surplus à l’histoire et à cette ambiance pas si désagréable.

Mais le pot aux roses arrive sur la toute fin, dans un dernier plan qui convoque The Exorcism of God au nanar le plus tendancieux. Ici, on regagne rapidement les pénates du religieusement correct avec la présence divine face à un démon qui s’insinue facilement dans le cœur de l’Eglise. Autant le coup de l’exorcisme inversé est plutôt malin et permet de renouveler le genre, autant sur ce dernier plan, on reste circonspect face aux intentions du scénario, qui vrille vers un truc d’une rare débilité. Ajoutons à cela, encore une fois, des acteurs et actrices complètement à côté de leurs pompes, qui semblent s’en battre royalement les couilles, et on tombe bien malgré nous sur un film qui n’arrive jamais à tenir son concept et s’assoit sur ses promesses de film un peu décadent et contre l’église.

Au final, The Exorcism of God est un film qui aurait pu être réussi et intéressant dans son idée, mais qui se fourvoie assez rapidement pour plonger dans un nanar bien malgré lui. Hystérique, bruyant, mais porté par de bons maquillages et certains monstres visuellement intéressants, le film d’Alejandro Hidalgo n’arrive pas à trouver le bon équilibre pour fournir quelque chose de bon, voire même de satisfaisant. Et on ne peut que contempler l’ampleur de l’échec et le gâchis global…

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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