avril 30, 2024

Veneciafrenia – Venise est Bien Fade

De : Alex de la Iglesia

Avec Ingrid Garcia-Jonsson, Silvia Alonso, Goize Blanco, Nicolas Illoro

Année : 2021

Pays : Espagne

Genre : Horreur

Résumé :

Un groupe de touristes espagnols visitent la belle ville de Venise. Ils ne savent pas encore que leur survie est en jeu. En effet, les vénitiens, las des touristes, s’en prennent aux vacanciers…

Avis :

Parmi les réalisateurs espagnols très prolifiques dans le domaine de l’horreur, Alex de la Iglesia a rapidement tiré son épingle du jeu, avec des films complètement déjantés, au rythme frénétique et avec une mise en scène inspirée. Après Les Sorcières de Zugarramurdi, le cinéaste a cédé aux sirènes des plateformes de streaming, tout d’abord avec El Bar disponible sur Netflix, puis récemment avec Veneciafrenia, qui aura tout de même mis du temps avant de débouler sur Prime Video. Slasher voulant critiquer ouvertement le tourisme de masse sur Venise, ainsi que la pollution des paquebots, Alex de la Iglesia promettait un film graphique, violent, et avec du fond, mais malheureusement pour nous, on va rapidement voir les limites dudit film. Pas vraiment bien shooté, doté de personnages antipathiques au possible et assez timide sur le gore, franchement, on a connu le réalisateur ibérique en plus grande forme.

D’ailleurs, dès le début on va voir que quelque chose cloche dans la mise en scène. On va suivre un couple d’anglais qui prend des photos des rues de Venise avant de se faire tabasser par un homme masqué, qui va faire passer son agression pour du théâtre auprès des autres touristes. Alex de la Iglesia opte pour une caméra à l’épaule, avec des mouvements vifs, mais une absence flagrante d’éclairage et de recherche d’esthétique. Dès le démarrage, on a la sensation d’assister à un téléfilm étrange. Fort heureusement, après le générique de début, qui promet quelque chose que l’on n’aura jamais (des gueules immondes dans un Venise glauque), les choses s’améliorent au niveau de la mise en scène. On sent qu’il y a un travail un peu plus approfondi et une recherche esthétique plus poussée. Mais ce sont surtout les personnages qui seront présentés, et c’est pas la joie.

« Le film va alors nous servir sur un plateau tous les clichés du genre. »

En effet, comme dans tout bon slasher qui se respecte, Veneciafrenia est peuplé de jeunes adultes complètement cons et irrespectueux. Ici, quatre amis viennent fêter l’enterrement de vie de jeune fille d’une de leur pote, et pour cela, ils veulent à tout prix se mettre une caisse. Parmi ces joyeux lurons, on aura tous les clichés possibles, avec le looser, le branleur, celle qui tire toujours la tronche et la belle gonzesse qui attire tous les regards. Et comme par hasard, la future mariée est la final girl, la plus sérieuse de tous. On rentre dans des clichés qui commencent à dater, et c’est dommage qu’Alex de la Iglesia ne cherche pas à faire autre chose. Et il en sera de même avec les antagonistes, que l’on va découvrir au fur et à mesure, avec un fou furieux, un type plus sinistre, et une nana qui ne sert… à rien.

Le film va alors nous servir sur un plateau tous les clichés du genre, mais il faut reconnaître une chose, la scène où tout bascule est très bien fichue, et présente des costumes complètement dingues. La séquence dans la boîte de nuit est hallucinante, et il est vraiment dommage que tout le film ne soit pas de cet acabit, aussi bien sur les masques sublimes des participants, que sur la frénésie folle qui s’empare de tout le monde. Après cette bascule, le film devient plus sombre, et petit à petit, meurtre après meurtre, on entraperçoit les contours d’un scénario relativement stupides. Ici, le réalisateur veut critiquer le tourisme de masse et l’irrespect des visiteurs, s’attirant les foudres des locaux, jusqu’à un point de non-retour. C’est bête, allant vraiment très loin dans le complotisme et survolant le côté politique qui aurait pu mettre le feu aux poudres.

« On retrouve un peu Alex de la Iglesia, même s’il se fait bien sage. »

Veneciafrenia souffre donc de protagonistes débiles et clichés, d’une mise en scène pas dingue et d’un fond qui frise le ridicule. Reste-t-il quelque chose à sauver là-dedans ? Oui. Car malgré tout ces mauvais aspects, on reste tout de même dans un film qui, parfois, retrouve la frénésie de son auteur. Le bouffon est le personnage le plus troublant de l’histoire, tuant à tours de bras devant tout le monde sans jamais être inquiété. Et il n’y va pas de main morte, avec de la décapitation, de gros coups de sabre, et même un petit jeu macabre sur la fin, où il transforme une jeune femme en marionnette. C’est dans ces moments de folie que l’on retrouve un peu Alex de la Iglesia, même s’il se fait bien sage. Une sagesse étonnante, comme si le film ne pouvait que se contenter des costumes de Venise pour se suffire à lui-même. 

Au final, Veneciafrenia est un tout petit film dans la filmographie d’Alex de la Iglesia. Lui, d’habitude si sulfureux et friand de films complètement fous, livre un film simple (trop ?) qui se complait dans les clichés du slasher sans y apporter une once de nouveauté. Si on peut avoir quelques fulgurances qui font écho au passif du réalisateur, on reste dans un film d’horreur lambda, qui ne profite même pas des décors sublimes de Venise, restant près des personnages, preuve d’une absence d’inspiration de la part du metteur en scène. Bref, une belle déception pour un film qui vaut plus le coup pour ses affiches que pour son histoire en elle-même…

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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