avril 30, 2024

La Malédiction Finale – L’Antéchrist est Adulte

Titre Original : The Final Conflict

De : Graham Baker

Avec Sam Neill, Rossano Brazzi, Don Gordon, Lisa Harrow

Année : 1981

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Damien a maintenant trente-deux ans. Son pouvoir maléfique et sa fortune sont immenses. Il va essayer de les étendre à la planète.

Avis :

C’est en 1976 que la saga La Malédiction commence, sous la houlette du grand Richard Donner, mettant en scène un garçon du nom de Damien qui est en fait la réincarnation de l’antéchrist. Le film est un succès mérité, et il n’en faudra pas plus pour mettre en route une suite, en 1978, en changeant cette fois-ci de réalisateur, puisque c’est Dan Taylor qui s’y colle. Si le film est moins bien, il arrive tout de même à garder son atmosphère inquiétante et étouffante autour de ce petit garçon au regard meurtrier. Puis c’est trois ans plus tard que la boucle va être bouclée avec le troisième volet, sobrement intitulé en France La Malédiction Finale. Richard Donner est alors producteur, et il s’agira du premier film de Graham Baker qui va mettre en avant un acteur encore peu connu du grand public, Sam Neill.

Utilisant le concept de continuité rétroactive, ce troisième volet présente un Damien qui a bien grandi, puisqu’il a maintenant 32 ans, et il est un chef d’entreprise richissime. Voulant voir plus grand, il brigue le poste d’ambassadeur d’Angleterre afin d’étendre son pouvoir. Seulement, un alignement des étoiles annonce l’arrivée du messie, et une bande de prêtres, armés de couteaux sacrés, décide de mettre des bâtons dans les roues de Damien. Mais celui-ci ne va pas se laisser faire, et il va même demander aux membres de son culte de tuer les prêtres, ainsi que tous les bébés nés durant l’alignement des étoiles. Ainsi donc, on se place dans un contexte assez différent, où l’antéchrist possède des membres associés à son culte, et ce dernier va tout faire pour gagner un peu plus de pouvoir. Un contexte intéressant, mais qui va perdre en ambiance.

« Sam Neill est un très bon acteur. »

En effet, la première chose qui frappe avec cette histoire, c’est que le côté enfant terrible, possédé et maléfique, n’est plus de mise. Ici, on va avoir droit à un adulte conscient de ses actes, au regard toujours aussi glaçant, mais auquel il manque réellement une aura particulière. D’autant plus que aussi puissant soit-il, il n’en branle pas une dans le film, préférant déléguer les actes ignobles à ses fidèles, ce qui fait que l’on va avoir du mal à ressentir de la haine (ou de l’empathie) pour ce personnage. Sam Neill est un très bon acteur, il tente de donner du corps à son personnage, il tient la route lors d’un long monologue à ses fidèles, mais il reste en deçà de ses capacités, la faute à un antéchrist un peu fainéant sur les bords et aux motivations finalement assez classiques.

D’ailleurs, il semblerait que les scénaristes ont bien compris que le côté enfantin naïf allait manquer, et de ce fait, ils vont inclure un gosse, le fils d’une journaliste qui se passionne pour Damien, et il va le prendre sous son aile, en le pervertissant et l’éloignant de sa mère. Et là, ça marche bien. La relation dominé/dominant est inquiétante, l’emprise de Damien se ressent bien auprès de cet enfant qui éprouve une fascination pour le personnage. Le film prend même des aspects de Rosemary’s Baby (d’ailleurs, le film est sorti dans certains pays sous le nom de Barbara’s Baby) tandis que l’enfant, déjà pré-ado, devient presque le fils adoptif de l’antéchrist. On retrouve de ce fait quelques bonnes choses dans ce métrage, notamment dans l’ambiance, mais c’est un peu trop épisodique, et le côté religieux est mis de côté. Enfin… pas tout à fait.

« Le film est assez radical lorsqu’il s’agit de tuer des bébés. »

Disons que l’aspect horrifique avec des tropes religieux est quasiment absent. Parce qu’a contrario, le film va baigner dans un final qui pue le béni oui-oui. Les prêtres vont se succéder pour tenter d’assassiner Damien, sans succès, mais à la toute fin, on nous prend vraiment pour des buses, avec un texte issu de la Bible, justifiant alors une conclusion hâtive et sans réel intérêt. C’est d’ailleurs là que l’on retrouve la bondieuserie américaine, avec une fin qui ne pouvait être nihiliste ou ouverte, suivant à fond les fondements de la religion chrétienne et tombant alors dans une morale à deux balles. Tout comme le côté satanique n’est jamais mis en avant, si ce n’est dans une salle avec une statue du Christ qui pleure du sang. On reste trop dans quelque chose d’assez simple, qui ne va jamais au bout des choses. Sauf sur un aspect.

En effet, le film est assez radical lorsqu’il s’agit de tuer des bébés. Si de nombreux meurtres ne sont pas montrés, on reste dans un sujet délicat et le film va jusqu’au bout de son délire. Allant même jusqu’à utiliser des effets spéciaux un peu dégueulasses pour montrer un bébé qui va mourir cramé au fer à repasser. D’ailleurs, si les effets gores sont assez discrets dans le film, il y en a suffisamment pour créer un sentiment de malaise. Le premier meurtre avec le suicide assisté de l’ambassadeur d’Angleterre est bien crade et ne lésine pas sur le gore. Si certains sont assez ridicules (le coup du mari tué par un coup de fer à repasser, lui cramant carrément tout l’œil), d’autres valent coup, et certains choix de faire de l’hors-champ (le type se faisant bouffer par les chiens) sont plutôt bien vus, laissant plus de place à l’imagination.

Au final, La Malédiction Finale n’atteint les sommets du premier film de la franchise, et il se pose même en deçà de la première suite. Néanmoins, malgré des défauts évidents et de grosses longueurs, le film essaye, cahin-caha, de proposer quelque chose de nouveau, avec un Damien adulte et très inquiet quant à la venue du Messie. De ce fait, si le métrage n’arrive pas à poser une ambiance délétère et inquiétante, il tente de faire autre chose, de poser un culte de l’antéchrist, et de faire le parallèle avec certains hommes d’affaires, prêts à tout pour écraser la concurrence. Sans être un bon film, La Malédiction Finale clôture une trilogie de façon correcte, formant un tout cohérent, et ce n’est déjà pas si mal.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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