Extorsion – Piège en Eaux Salées

Titre Original : Extortion

De : Phil Volken

Avec Eion Bailey, Barkhad Abdi, Bethany Joy Lenz, Danny Glover

Année : 2017

Pays : Etats-Unis, Porto Rico

Genre : Thriller

Résumé :

Les vacances d’une famille aux Caraïbes tournent au cauchemar lorsque le père de famille doit se lancer sur la trace de sa femme et son fils, qui ont été enlevés.

Avis :

Il n’est jamais évident de faire un film qui se déroule à l’étranger, avec des américains qui se retrouvent dans la merde avec des locaux. La raison est toute simple, on peut facilement se laisser aller au racisme et à dépeindre un pays dangereux alors qu’il ne l’est pas vraiment. Pour ne pas tomber dans ce piège, il faut trouver des astuces scénaristiques intelligentes, à l’image de No Escape, où des américains se sont retrouvé en plein conflit politique dans un pays d’Asie. Avec les mêmes producteurs, on retrouve Extorsion. Cette fois-ci, nous sommes à Porto Rico, avec un couple et son enfant qui décide de se prendre un peu de bon temps. Mais les choses dérapent lorsque le bateau loué cale, et que la petite famille se fait secourir par un type qui va faire chanter l’homme de famille.

Deuxième film pour Phil Volken, Extorsion est aussi bien un drame qu’un thriller, qui tente, assez maladroitement, de dépeindre un pays assez misérable, où l’argent des riches devient un moyen de se sortir d’une misère étouffante. Le point de départ dresse le portrait d’une famille idyllique. Un bel homme médecin, une jolie femme et un petit garçon de six ans bien éveillé, décident de partir en vacances pour la première fois depuis longtemps. Avec quelques allusions du voisin et une paire de dialogues entre la femme et l’homme, on va vite se rendre compte qu’il s’agit de monsieur et madame tout le monde, et qu’ils sont très gentils. Un couple modèle en quelque sorte, qui n’a rien à cacher. Une fois sur place, l’endroit est idyllique, mais on ressent déjà la misère dans l’arrière-pays, notamment quand le père va chercher un bateau pour se balader.

« Le rythme ne faiblit jamais, mais au bout d’un moment, on n’y croit plus. »

A partir de là, le film va prendre la direction de la catastrophe et du récit de survie. La famille échoue sur une île déserte et va y rester une paire de jour, avant de décider de se réfugier sur le bateau et de se laisser dériver. L’enfant a des problèmes cardiaques, et même si le père est médecin, il ne peut rien y faire. Jusqu’à l’arrivée providentielle de deux types, mais l’un d’eux est mal intentionné et y voit -là l’occasion de faire chanter cet américain en lui extorquant de l’argent contre la vie de sa femme et de son enfant. Le film se décline alors en thriller assez classique, où deux hommes vont s’affronter, l’un pour sauver femme et enfant, l’autre pour faire taire cet homme une fois l’argent reçu. Et c’est à partir de ce moment que le film gagne en intensité, mais perd en crédibilité.

En effet, le scénariste décide d’enchainer les déconvenues pour le père de famille, qui va devenir un vrai poissard. Il va se blesser, se faire enfermer dans un bateau qui coule, se retrouver bloqué par la police locale, puis par la police des Etats-Unis qui arrive. Il va alors vouloir régler ses comptes par lui-même, devenant alors un hors-la-loi, puis accusé d’un double meurtre, pour enfin se transformer en fugitif. Bref, le scénario grossit tous les traits, à un tel point que plus rien ne devient crédible. Cela atteint un tel point qu’à un moment donné, on se demande s’il ne va pas y avoir un requin qui va débouler lorsqu’il saigne dans l’eau. Alors effectivement, le rythme ne faiblit jamais, mais au bout d’un moment, on n’y croit plus, et on se détache de cette histoire et de ce père qui est un vrai chat noir.

« Le film est assez pauvre et ne raconte pas grand-chose. »

De plus, la réalisation n’est pas vraiment un point fort de ce film. Le début est clairement catastrophique. Pour filmer une simple conversation, on aura droit à une dizaine de cuts qui ne servent à rien, si ce n’est donner le tournis. L’ensemble fait très téléfilm (et c’est peut-être l’une des raisons de son absence en salle en France), et il faudra attendre le feu de l’action pour trouver une mise en scène digne de ce nom, qui évite de faire des coupures pour rien. Ajoutons à cela des acteurs qui ne sont pas toujours très convaincants, à l’image de Danny Glover en flic fainéant qui n’est là que pour cachetonner, ou encore Barkhad Abdi en grand méchant, qui tire une vilaine tronche et ne cache pas vraiment de lourd secret. Ou tout du moins un secret qui sera à peine éventé et pas exploité par le scénario.

D’ailleurs, pour en revenir à l’écriture du film, on va se rendre compte qu’in fine, le film est assez pauvre et ne raconte pas grand-chose. Si on suit le chemin de croix de ce père, on reste trop en surface sur de nombreuses choses. Le pays n’est jamais mentionné dans le film, histoire de rester neutre, mais comme c’est une coproduction avec le Porto Rico, on n’est pas vraiment dupe, et hormis démontrer que le pays est pauvre et que l’argent peut rendre fou, on n’a rien là-dessus. Il en va de même avec le méchant qui veut de l’argent. On comprend pourquoi vers la fin, mais ça reste à peine évoqué alors que ça aurait pu être un moteur pour lui donner plus de crédit et d’empathie. Enfin, pour le héros, il n’y a rien à retenir de cette aventure, et c’est triste de quitter le film comme ça.

Au final, Extorsion est un film auquel il ne manque pas grand-chose pour être bien. Cependant, entre la mise en scène de téléfilm et le scénario qui tire des ficelles vraiment trop grosses pour être crédibles, on aura plus tendance à rire de la malchance du héros que d’être pris dans cette spirale infernale. Et c’est dommage, car on sent qu’il y a de bonnes choses, mais certaines maladresses sont impardonnables et font que le film reste à peine potable.

Note : 08/20

Par AqME