De : Yvan Attal
Avec Yvan Attal, Maïwenn, Guillaume Canet, Marie-Josée Croze
Année : 2024
Pays : France
Genre : Thriller
Résumé :
Mathieu doit tout à son ami Vincent : sa maison, son travail, et même de lui avoir sauvé la vie il y a dix ans. Ils forment, avec leurs compagnes, un quatuor inséparable, et vivent une vie sans nuage sur la côte d’Azur. Mais la loyauté de Mathieu est mise à l’épreuve lorsqu’il découvre que Vincent trompe sa femme. Quand la maîtresse de Vincent est retrouvée morte, la suspicion s’installe au cœur des deux couples, accompagnée de son cortège de lâchetés, de mensonges, et de culpabilité…
Avis :
Yvan Attal est un comédien que j’aime beaucoup, mais c’est aussi un réalisateur dont j’aime encore plus le cinéma. Si, comme beaucoup, il fait de fausses notes, comme son « Do Not Disturb« , la plupart du temps, lorsqu’il met en scène un film, il a toujours quelque chose de pertinent à raconter. « Mon chien stupide« , « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants« , « Le brio« , « Ma femme est une actrice« , « Ils sont partout » et surtout son « Les choses humaines » qui est un moment de cinéma passion, aussi bien dans ce qu’il raconte que dans sa réflexion.
Avec ce postulat, « Un coup de dés » était l’un des films que j’avais le plus envie de voir en ce début d’année, surtout qu’après la comédie et le drame, Yvan Attal change sa caméra d’épaule et s’aventure dans le thriller, genre qu’il n’avait jamais abordé en tant que metteur en scène.
« Bien moins haletant que prévu »
« Un coup de dés« , c’est une idée qui est tirée d’un texte d’Eric Assous. Si, au départ, le texte tire vers le comique, Yvan Attal y a vu de quoi faire une histoire plus sombre, et franchement, lorsque l’on s’aventure sur l’idée même du film, il y a de quoi, puisqu’ici, le film nous parle d’un homme qui a tué sa maîtresse par accident et qui va laisser une amie se faire accuser du crime, car tout, absolument tout, va dans ce sens-là. Alors il est vrai que le film n’est pas aussi passionnant que je l’aurais voulu et aimé, mais ça ne l’empêchera pas d’être un thriller honnête qui soulève d’excellents réflexions au travers de personnages troubles.
Mathieu doit tout ce qu’il a à son ami Vincent. Les deux sont liés par une solide amitié, qui n’a aucun jugement. Enfin ça, c’est jusqu’à ce que Mathieu découvre que Vincent a une aventure avec une jeune femme du nom d’Elsa. Mais cette histoire ne s’arrête pas là, car par un triste concours de circonstances, un peu comme une réaction en chaîne, ou un effet boule de neige, Mathieu va tuer Elsa. Et pire encore, il va laisser la femme de Vincent être accusée du meurtre, car tout l’accuse et son alibi est trop faible pour être vrai.
Bien moins haletant que prévu, et bien moins fort que le précédent film d’Yvan Attal, « Un coup de dés » se pose toutefois comme un drame qui navigue quelque part entre Claude Chabrol, pour ce qu’il raconte de la bourgeoise, et Alfred Hitchcock, pour son ambiance.
« »Un coup de dés » ne cesse de questionner la culpabilité »
Avec l’histoire du meilleur ami qui tue la maîtresse de son ami et laisse la femme de ce dernier être accusée, Yvan Attal nous entraîne dans une histoire torturée, où il va être question de culpabilité, de remords, et surtout de lâcheté. Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour éviter la prison ? Les hasards, les coïncidences, et au-delà de ça, les circonstances font que ce meurtre pourrait être le crime parfait, et Yvan Attal va beaucoup jouer avec ces éléments-là.
Ici, il n’est pas question de brouiller les pistes autour du meurtrier, non, « Un coup de dés » va ailleurs, et ne cesse de questionner la culpabilité au travers le portrait de son personnage, qui va prendre de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure que les réactions en chaîne se produisent. On pourrait presque dire qu’on assiste impuissant à l’inévitable, et voir dans un premier temps ce personnage se torturer, puis dans un deuxième temps, en emporter d’autres avec lui, c’est franchement intéressant. Yvan Attal raconte beaucoup de notre société au travers des dilemmes que pose son histoire.
Après, tout n’est pas parfait non plus. Le début par exemple, et la découverte du mari adultère, va bien trop vite, tout comme parfois, le film a tendance à prendre un peu trop son temps pour questionner les envies de son personnage, ou construire une relation trouble entre deux personnages. Idem, l’histoire tient quelques éléments qui ont du mal à entrer dans cette intrigue, et laissent la sensation de rallonger le film pour pas grand-chose au final. Deux ou trois scènes autour de la peur de l’avion n’auraient pas changé grand-chose à l’intrigue si elles avaient été enlevées.
« »Un coup de dés » est un film qui bien monté et même s’il est vrai qu’il lui manque du souffle et de la tension »
Le film se pose comme un bon moment de cinéma, notamment grâce à son ambiance qui est réussie, avec une mention toute particulière à Dan Levy, qui a composé pour l’occasion une BO sublime qui offre beaucoup au film. « Un coup de dés » est un film qui bien monté et même s’il est vrai qu’il lui manque du souffle et de la tension, voire de la paranoïa, il n’en reste pas moins que c’est bien mis en scène, que le montage avec ses flashbacks pour raconter l’histoire est bien fait, et même si, parfois, il y a quelques effets qui font cheap (tout ce qui tourne autour de Rio de Janeiro pour ne pas trop en dire), Yvan Attal livre quand même un film solide et intéressant.
Ce huitième long-métrage pour Yvan Attal, même s’il n’est pas autant réussi que prévu, nous fait quand même passer un bon moment, et au-delà ça, il reste réjouissant, car il démontre qu’Yvan Attal n’est pas un réalisateur qui se repose sur ses lauriers. Alors c’est vrai que c’est moins bon que ses précédents films, mais ce petit thriller, tournant autour de la culpabilité et la lâcheté, sait se faire intéressant, et finalement, cette séance de cinéma se laisse gentiment regarder.
Note : 12/20
Par Cinéted